Le chef de l’État camerounais, Paul Biya, a demandé au Premier ministre, Philemon Yang, de «constater la carence du groupement» constitué de la société française Necotrans et de KPMO, un consortium de 9 opérateurs locaux, attributaire depuis septembre 2015 du volet exploitation et maintenance du terminal polyvalent du nouveau port en eau profonde de Kribi (Sud).
La note d’information y relative, publiée par l’administration de cette place portuaire (PAK), indique que le président de la République, «prenant acte des graves difficultés économiques et financières rencontrées depuis un moment par la société française Necotrans», dans le cadre des ajustements devant conduire à la mise en exploitation prochaine du port de Kribi, a demandé la «mise à l’écart pure et simple du groupement dont il était partie prenante avec KPMO».
Paul Biya, apprend-on encore, a demandé au chef du gouvernement de proposer des solutions alternatives pour un démarrage rapide des activités sur le terminal de Kribi.
Selon des sources proches du dossier, la mise à l’écart de Necotrans était devenue inéluctable depuis que cette entreprise connaît de graves difficultés financières s’étant traduites, entre autres, par une mise en liquidation judiciaire, sur sa propre demandeet par devant le tribunal de commerce de Paris, de ses onze filiales établies en France.
Le communiqué, publié à l’occasion en juin dernier par l’opérateur, précisait que «cette demande vise à poursuivre le processus de recherche d’un partenaire stratégique et de cession d’actifs engagé en décembre 2016, avec un objectif de préservation de l’activité et de l’emploi en Afrique où le groupe réalise près de 100% de son chiffre d’affaires».
Le port en eau profonde de Kribi, d’un coût de 207,270 milliards FCFA, réalisé par la China Harbour Engeneering Company (CHEC), sur la base d’un accord de prêt conclu entre le Cameroun et Eximbank of China, dispose d’un tirant d’eau de 15 mètres et d’un accès direct à la mer prévu pour accueillir de grands navires transportant jusqu’à 8000 conteneurs.
Après une première phase d’exploitation de 5 ans, et avec une activité estimée à 1,4 million de tonnes de fret annuel dès la 2ème année, une seconde phase de 15 ans prévoit la mise à disposition d’un quai adjacent de 350 mètres, ainsi que des installations et équipements complémentaires pour une activité supérieure à 3 millions de tonnes par an.
Dans cette 2èmephase, les travaux de construction de terminaux aluminium, hydrocarbures, gaz naturel liquéfié ainsi que d’un appontement minéralier pour le fer de 24 mètres de tirant d’eau, seront financés par des opérateurs économiques et industriels et selon le schéma «Built Operate Transfer» (BOT).
A l’horizon 2040, le Cameroun ambitionne la construction d’une vingtaine d’autres terminaux sur ce port qui sera notamment relié à certaines parties du pays par une ligne de chemin de fer.
Kribi, dont l’inauguration officielle reste attendue depuis plus d’un an, a en outre accueilli, en juin dernier, son premier navire, bâtiment commercial de 26.000 tonnes venu charger de la biomasse issue des champs de la société Sud-Cameroun hévéa S.A.