Geoffrey Onyeama, le ministre nigérian des Affaires étrangères, l’a déclaré mercredi devant une commission de la chambre des représentants, puis en conférence de presse.
En début de semaine dernière, des médias nigérians ont annoncé que les autorités de leur pays sommaient celles camerounaises de s’expliquer sur des violences perpétrées sur des ressortissants nigérians d’Idabato (région du Sud-ouest), localité située sur la presqu’île de Bakassi. Certains de ces médias ont même annoncé que près de 100 Nigérians avaient été tués par des gendarmes camerounais qui exigeaient d’eux, le paiement d’une taxe.
L’information a été largement relayée et commentée sur les réseaux sociaux, ce qui a motivé une sortie du ministre des Affaires étrangères nigérianes. Geoffrey Onyeama a fait une mise au point face à la presse mercredi. Il a noté que le chiffre 97 correspond au nombre de nigérians morts à Bakassi depuis 2008. En d’autres termes, les allégations sur l’assassinat de près de 100 ressortissants nigérians sont fausses.
Avant cette déclaration aux médias, Geoffrey Onyeama est passé devant la commission de la Chambre des représentants chargée des questions étrangères. Il y a expliqué que tout a commencé avec l’arrivée d’un nouveau sous-préfet qui a décidé de mettre en application l’imposition de taxes aux ressortissants nigérians vivant dans la localité. Les hommes menant des activités de commerce et de pêche devant payer 55.000 nairas (soit 99.665 francs CFA), les femmes 30.000 nairas (54.361 francs CFA) et les églises 50.000 nairas (90.578 francs CFA). C’est de là que sont nées les tensions.
Celles-ci ont été accentuées par les sanctions prévues pour ceux ne s’y acquittant pas. Geoffrey Onyeama a fait savoir à la Chambre des représentants, que le non-paiement des taxes impliquait la saisie des marchandises (pour les pêcheurs et les commerçants) et une amende de 200% de l’impôt initial.
Quid des accords de Green tree?
De son côté, le gouvernement camerounais a publié sa version des faits mercredi, à travers un communiqué signé du ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary. « Dans la nuit du 3 juillet, les autorités municipales d’Idabato ont lancé une opération de recouvrement des taxes et impôts dus dans la localité concernée. Cette opération s’est heurtée à l’hostilité manifeste de certains ressortissants nigérians, au motif qu’ils se trouvent en territoire nigérian. Les concernés ont par ailleurs brutalisé les membres de la commission de recouvrement fiscal déployés sur le terrain et menacé de détruire divers édifices privés et publics en guise de protestations. Dans le même temps, certains d’entre eux, avec le soutien des médias nigérians, ont engagé une campagne visant à accuser le gouvernement camerounais d’atrocités à leur encontre», affirme le communiqué du ministre de la Communication camerounais.
L’on apprend, dans le communiqué d’Issa Tchiroma que « les ressortissants étrangers vivant au Cameroun sont assujettis au strict respect des dispositions légales pertinentes régissant leur séjour ou l’exercice de leurs activités économiques sur le territoire national ». En effet, les ressortissants nigérians ne bénéficient plus du régime d’exemption fiscale mis en place avec les accords de Green Tree depuis le 14 août 2013. Une mention omise par le ministre nigérian des Affaires étrangères.