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Infos Business of Friday, 3 March 2017

Source: cameroon-info.net

Messapresse connait un déficit de 150 à 180 millions par an

Les journaux du Cameroun en kiosque Les journaux du Cameroun en kiosque

Alors qu’une commission a été mise sur pied au ministère de la Communication pour dire si cette multinationale française doit poursuivre la distribution des journaux locaux ou pas, Laurent Boin s’explique sur les difficultés que connait son entreprise et les nombreux griefs portés contre elle par les responsables des organes de presse.

Messapresse est au bord de la faillite et menace de mettre la clé sous le paillasson. L’entreprise enregistre un déficit de 150 à 180 millions de FCFA par an et envisage de fermer boutique si rien n’est fait. Mais, la question du réseau de distribution se pose. Car, les kiosques Messapresse ne sont pas étendus dans l’ensemble des grandes métropoles que sont Yaoundé et Douala, pour ne citer que ces deux grandes villes du pays. «D’un point de vue économique, cela n’est pas une opération facile de faire des livraisons de la presse locale dans des lieux reculés», répond Laurent Boin.

«Il se trouve parfois que la clientèle est insuffisante pour supporter les charges liées à la distribution, ne serait-ce que pour ce qui concerne la tournée en elle-même. Nous avons fait plusieurs tentatives d’extension de notre réseau au cours des années passées. En 2016, on a lancé l’ouverture de vingt points de distribution, neuf sont effectivement fonctionnels à travers tout le pays», s’est-il justifié dans les colonnes de Cameroon Tribune du 2 mars 2017.

Le Directeur général de Messapresse a également évoqué des problèmes de recouvrement des recettes de vente. «Certains distributeurs ne nous reversent pas ce qu’ils doivent remettre d’après les termes de leur contrat. On peut dès lors être amené à fermer tel point de distribution pour ce fait, ce qui pénalise le reste de la chaîne. Il faut aussi mentionner enfin les problèmes d’enclavement de certaines zones».

Le 10 février 2017, elle avait émis le vœu de détenir plutôt 50% sur la vente au numéro du journal au lieu de 40% qu’il détient actuellement. Cette option lui permettrait d’amortir ses charges. L'idée n’a pas du tout plu aux éditeurs de presse pour qui cela reviendrait à assister à la mort des entreprises de presse camerounaises. Les deux parties, à savoir Messapresse et les éditeurs de presse, ont convenu d’officialiser leur divorce à la fin de ce mois en cours. Car, en plus, ces derniers dénoncent le fait que Messapresse ne leur retourne pas les invendus.

Pour Laurent Boin, ces invendus représentent environ 80% de ce qui reste globalement après les ventes, en ce qui concerne la presse nationale. «C’est un chiffre en progression car il y a un an, nous avions deux ou trois points en moins. Ce qui est déjà considérable même si on sait que zéro invendu est un objectif impossible. On peut penser que certaines habitudes expliquent la situation», dit-il.

«Si un éditeur imprimait 5000 journaux et en vendait 2000 il y a quelques années, il devrait réduire le tirage à 1500 aujourd’hui s’il n’en vend plus que 500 exemplaires. Or des journaux maintiennent des habitudes de tirage anciennes. Il y a aussi une démarche légitime de présence dans les kiosques, afin d’entretenir sa notoriété, sans que cela se traduise forcément par des ventes. Généralement cependant, la tendance mondiale de vente de la presse est baissière. Il faut donc s’interroger pour savoir quel est le niveau de la demande des acheteurs de la presse camerounaise pour s’ajuster», poursuit le Directeur général de Messapresse.

Une commission mise en place mardi par le ministre, Issa Tchiroma Bakary, a pour mission de dire si Messapresse doit continuer la distribution des journaux (en suggérant une meilleure gestion de la crise) ou pas.