Le Consortium de la société civile, en grève dans les régions anglophones, a engagé le cabinet Muna, Muna and Associates pour défendre ses membres arrêtés le 17 janvier et conduits au secrétariat d’État à la Défense de Yaoundé.
Alors que la crise sociopolitique bat son plein dans les régions anglophones, où le Southern Cameroon National Council (SCNC) et le consortium réunissant les avocats et les enseignants grévistes le 17 janvier dernier, les membres de la très réputée famille Muna s’activent pour défendre les droits des anglophones.
«L’ancien bâtonnier et homme politique Bernard Muna, qui fut un influent conseiller de John Fru Ndi, se démène pour qu’ils soient libérés, tandis que son frère, Akéré Muna, s’emploie sur le plan diplomatique à éviter l’escalade», révèle mardi Jeune Afrique.
Dans une publication mardi 24 janvier sur son site internet, le magazine panafricain fait savoir que «le 19 janvier, il a déjeuné avec l’ambassadeur des États-Unis, avant de s’envoler dans la soirée pour Londres via Paris». Les propositions du fils de Salomon Tandeng Muna, qui fut vice-président de la République fédérale du Cameroun et l’un des artisans anglophones de la réunification, s’inspirent de la méthode canadienne vis-à-vis du Québec, lit-on.
Bernard et Akéré Muna sont les fils Salomon Tandeng Muna qui fut le Premier Ministre du Cameroun anglophone du 11 janvier 1968 au 20 mai 1972. Bernard Muna est sans doute le plus connu des enfants Muna. Jeune magistrat poussé vers le barreau par son père, il a fondé le cabinet le plus puissant du pays, Muna & Muna, en 1971.
Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun de 1988 à 1994, Jeune Afrique le décrit comme «l’enfant terrible de la famille». En effet, en 1990, il a rejoint le parti d’opposition fondé par John Fru Ndi, le Social Democratic Front (SDF). Directeur de campagne du chairman lors de la présidentielle de 1992, il finit par quitter le navire, poussé à la démission par les caciques qui gravitent autour du bouillant leader anglophone.
Délaissant pour un temps la scène politique nationale, on le retrouve à Arusha, en Tanzanie, en 1999, où il occupe le poste de procureur adjoint au parquet du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Mais les relations exécrables qu’il entretient avec la procureure suisse Carla Del Ponte vont précipiter son départ en mai 2001.
De retour au Cameroun, il réintègre le SDF avec l’intention d’en prendre la tête par les urnes. Il se heurte à la même garde rapprochée de Fru Ndi, qui rejette sa candidature. À en croire leurs proches, Bernard et Akéré Muna s’entendent comme larrons en foire. Au sein du cabinet Muna & Muna, Bernard s’est associé à son frère, qui a été à son tour bâtonnier de l’Ordre des avocats entre 1997 et 2002.
On dit des deux avocats Muna qu’ils contrôlent le barreau du Cameroun (1?800 avocats et avocats stagiaires) à travers la coalition Rainbow Team, née en 1996 dans le but de contourner les majorités ethniques et d’éliminer le réflexe régional lors de l’élection du bâtonnier.