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Infos Business of Wednesday, 28 September 2016

Source: africatime.com

Le business des manuels scolaires

Des manuels scolaires Des manuels scolaires

L'école publique de Mbankomo, une banlieue de Yaoundé, la capitale camerounaise, est l'une des illustrations de l'absence de manuels scolaires dans les salles de classes au Cameroun. Ici, nous retrouvons parfois un livre pour une dizaine d'élèves.

Selon le rapport de l'Education pour tous, EPT, publié en 2014, il est indiqué qu'en moyenne 12 élèves utilisent le même ouvrage au Cameroun, ce qui contraint les enseignants à consacrer une partie considérable des heures de cours à recopier des textes au tableau. Ce qui n'empêche cependant pas l'Etat camerounais et particulièrement les ministères en charge de l'éducation de doubler voir même de tripler le nombre de manuels scolaires inscrits au programme au fil des années.

560, c'est le nombre de manuels inscrits au programme du sous-système francophone de l'Enseignement primaire au Cameroun pour le compte de l'année scolaire 2016-2017. Et tout comme dans les années antérieures les ouvrages scolaires programmés soulèvent le débat sur leur choix, leur contenu, leur qualité et leur disponibilité dans les points de ventes.

Bien-fondé

« Nous passons parfois de la prescription à trois livres au plus, à six à sept livres par matière... », fustige Marcelin Mvounda Etoa, ancien directeur des Editions Clé. Il s'en prend ainsi au texte du conseil national d'agrément des manuels scolaires et du matériel didactique. Celui-ci devrait en principe fournir dans la liste des fournitures 50% d'ouvrages en moins.

Mais, la réalité est autre sur le terrain. Prenons le cas de la SIL, il y a douze matières au programme. Si l'on s'en tient au texte du premier ministère, l'on multiplie cela par trois. Cela nous donne 36 livres qui ne doivent pas être dépassés. En prenant la liste de l'année académique 2015-2016, il y a 78 livres pour la SIL. Il y a donc un écart de 42 livres de trop. Situation vérifiable dans toutes les classes jusqu'en terminal. Pour les enseignants , cette situation est la conséquence du mercantilisme qui entoure le livre scolaire.

Du coté des responsables du conseil, s'exprimant le 4 septembre dernier, Jean Tabi Manga, son président explique : « le nombre élevé de livres est lié au fait que pour chaque matière, il existe des sous matières... En prenant le cas du français, il y a les livres pour la lecture, la grammaire, l'orthographe, la conjugaison... »

Avis non partagé par Evelyne Mpoidi Ngolle, inspectrice générale des Enseignements au ministère des Enseignements secondaires qui affirme plutôt que « La multitude de livres entend répondre au risque de rupture de stock ou à la rareté d'un des livres au programme ». Pendant que les responsables administratifs discutent du bien-fondé de ce système, ce sont les parents qui trinquent.

La ruine des ménages

Une fois de plus, la pléthore de manuels scolaires fait débat dans les chaumières. Une pilule que refusent d'avaler les parents interrogés à Yaoundé. « Non seulement les livres sont chers, il y en a trop et on y arrive plus » s'exprime Rose Ngono, parents de trois élèves de l'école primaire. Comment s'organiser pour que les enfants lisent tous ces manuels ? Une question qui préoccupe encore. « Mal reliés, truffés de fautes de syntaxe, orthographe et autres, mal conçus, mal illustrés, les livres scolaires donnent le vertige aux élèves, » s'indigne Louise Epee, un autre parent d'élève. « Bientôt un mois que l'école a commencé, je n'ai toujours pas réussi à acheter la moitié des manuels scolaires à mes enfants. La rentrée continuera donc pour nous jusqu'en octobre voir même décembre. Pendant ce temps nous n'arrivons pas à manger normalement, » ajoute-t-elle.

Le conseil national d'agrément des manuels scolaires et didactiques ne nie pas les faits d'ailleurs. Mais la pierre est lancée plutôt sur les éditeurs soupçonnés de tromper la vigilance du conseil. « Ces derniers s'arrangeraient à soumettre au conseil des exemplaires bienfaits avant acceptation. » Cette attitude renforce l'avis des Camerounais qui pensent que le livre est devenu plus un produit mercantile qu'un outil éducatif pour les enfants. Face à cela le gouvernement finit par avouer son impuissance à mettre de l'ordre dans ce fouillis.