Infos Business of Wednesday, 3 August 2016

Source: afrique.lepoint.fr

APE: L'Afrique centrale au pied du mur ?

Le parlement européen de Strasbourg Le parlement européen de Strasbourg

Plongés dans la morosité économique, les pays de la Cémac ne peuvent plus se permettre d'attendre pour redynamiser les échanges commerciaux avec l'Europe. La conclusion semblait évidente pour quelques États membres de la Communauté des États d'Afrique centrale (Cémac) qui traversent une mauvaise passe économique : il faut accélérer les négociations en vue d'un accord de partenariat économique (APE) avec l'Union européenne (UE). La construction économique de l'Afrique centrale en dépend.

Et le compte à rebours est déjà lancé, puisque dès le 4 août prochain, l'un de ses pays, le Cameroun, connaîtra l'entrée en vigueur de l'Accord bilatéral Cameroun-Union européenne. Dans cet accord d'étape, le pays s'est engagé à libéraliser progressivement 80 % de ses importations sur une période de 15 ans. Mais son application devrait avoir des implications importantes sur le processus d'intégration régionale et plus précisément sur le tarif extérieur commun de la Cémac.

Sous pression de l'UE, l'Afrique centrale veut un accord régional

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba fait parti de ceux qui souhaitent une accélération du processus pour l'ensemble de la sous-région. Sollicité par les ministres de l'Économie de la zone, il a plaidé pour la signature d'un « accord de partenariat économique (APE) complet, juste et équilibré » avec l'UE, au nom de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (Cémac) lors du 27e sommet extraordinaire des chefs d'État de la Cémac qui s'est tenu du 30 juillet au 1er août à Malabo, en Guinée équatoriale.

Les négociations entre l'UE et la Cémac (Congo, Cameroun, Gabon, Tchad, Centrafrique, Guinée équatoriale) ont commencé en 2003. Seul le Cameroun a signé un accord avec l'UE en 2009. Contrairement à l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique centrale n'a pas conclu d'accord avec Bruxelles. Ces accords sont censés instaurer une zone de libre-échange, faciliter l'exportation des produits africains des deux zones sans quotas ni droits de douane. Mais en l'état, les pays d'Afrique centrale craignent surtout une déstabilisation de leurs économies.

Pour les ministres membres de la Comina, l'accord d'étape du Cameroun peut servir de document de base pour des négociations élargies à la zone d'Afrique centrale. Et c'est le Gabon qui va abriter la 15e session du Comité ministériel des négociations de l'accord de partenariat économique (Comina) en vue de mener à bien des consultations nécessaires avec le président de la Commission de la Cémac avec la partie européenne pour proroger la période moratoire prévue pour le démantèlement tarifaire. Mais voilà, le temps presse.

Et la faible croissance économique en Afrique centrale – 1,7 % prévu en 2016 contre 2,5 % en 2015 avait dit début juillet le gouverneur de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) – ne facilite pas le cadre d'un accord régional.

L'Afrique centrale entre attachement à l'intégration régionale et dynamisation des échanges avec l'UE

Et l'Union européenne de presser les chefs d'État de la Cémac de tout simplement adhérer à l'accord existant avec le Cameroun pour leurs pays respectifs. Cecilia Malmström et Neven Mimica, commissaires européens au Commerce et au Développement, écrivaient à la mi-juillet à Pierre Moussa, président de la Commission de la Cémac : « Votre lettre fait part du souhait de la partie Afrique centrale de revenir à la table des négociations en vue d'un APE complet régional. [...]

Cependant, force est de constater aujourd'hui que les progrès accomplis jusqu'à présent sont très peu nombreux, que la liste des questions restant ouvertes est longue, que les points de désaccord sont importants et, par conséquent, que l'issue d'une reprise des négociations est tout à fait incertaine », avant de poursuivre : « Les récents courriers et analyses de la partie Afrique centrale au sujet de l'APE en négociation et les positions de l'Afrique centrale qui y sont mentionnées, tant en ce qui concerne le taux d'ouverture du marché de l'Afrique centrale, la clause de non-exécution et la clause de la nation la plus favorisée, que la demande d'un engagement additionnel chiffré de l'Union européenne sur la dimension développement, montrent à l'évidence que les conditions pour parvenir à la conclusion d'un accord ne sont pas réunies. » En effet, treize ans après le début des négociations, l'Union européenne n'entend plus faire de concession pour sceller enfin la dynamisation des échanges commerciaux avec ses partenaires d'Afrique centrale.