Le déploiement gouvernemental sur le numérique cache mal des habitudes réfractaires et une répulsion pour les exigences de la société pixellisée qui nous attend.
Le président de la République, vieux jeu, a longtemps résisté aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Aussi a-t-il laissé son pays s’enfoncer dans un « ticnophobie », qu’on peut mesurer au retard accusé dans le développement des infrastructures et la technologie 3G.
Mais Paul Biya a compris où est l’avenir. Sa déclaration du 10 février 2016 a sonné comme un tocsin. « Le gouvernement devra poursuivre avec méthode et efficacité la mise en place d’une infrastructure adéquate ; mais aussi l’assainissement et la bonne régulation de ce secteur clé, dans l’intérêt de l’économie nationale et du développement de l’emploi-jeune », a-t-il indiqué.
Paul Biya a aussi appelé les instituts de formation à identifier les métiers nouveaux et adapter leurs programmes en conséquence, les grandes entreprises à procéder progressivement à leur propre mutation numérique et les banques à soutenir les projets de start-ups. 237online.com Deux mois plus tôt, la tendance numérique était déjà perceptible.
Le 31 décembre 2015, le chef de l’Etat déclarait : « Il nous faut rattraper au plus vite notre retard dans le développement de l’économie numérique. Celle-ci est un véritable accélérateur de croissance, en plus d’être une véritable niche d’emplois nouveaux pour notre jeunesse.
Nous devons pouvoir en tirer avantage pleinement. Le gouvernement, dans son organisation, accordera à ce secteur toute l’attention méritée. » Ces appels répétés ont poussé la Minpostel à l’action, mais ce n’est pas un mouvement d’ensemble du gouvernement et des administrations publiques.
Des pesanteurs subsistent. « Les contraintes majeures relevées auxquelles il faut faire face ont trait, entre autres, à l’insuffisance d’un réseau backbone national en fibre optique, à l’insuffisance de l’accès au câble sous-marin en fibre optique pour l’inter-connectivité internationale large bande, à l’absence d’un réseau Intranet de l’Administration, de points d’échange Internet et de centraux téléphoniques de nouvelle génération (NGN). » Voilà le constat effectué par Mme Minette Libom Li Likeng.
De défi infrastructurel s’accompagne des réticences personnelles de certains membres du gouvernement, qui se vantent presque de ne pas posséder de pages Facebook ou de compte Twitter.
Les sites Internet des ministères ne sont toujours pas considérés comme une interface vivante qui peut, en plus d’informer en temps réel, limiter les déplacements des usagers qui viennent parfois encombrer les bureaux. Par exemple, le site du Minsanté était inaccessible ou déclaré dangereux pendant toute la polémique sur l’affaire Koumateke.
Le portail du gouvernement, logé à la primature, est d’une pauvreté paradoxale, y compris sur l’activité du Premier ministre. Il est difficile d’y trouver les communications de Philemon Yang quelques temps après qu’il les a délivréeparfois jamais.
Les publications des textes présidentiels sont sélectives sur le site de la présidence de la République. On peut multiplier les exemples des forces centrifuges qui considère le numérique comme une option et non l’avenir.