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Actualités of Saturday, 19 December 2015

Source: carmer.be

Affairisme dans l'univers agricole camerounais

Bernard Njonga Bernard Njonga

L’ingénieur agronome dénonce l’absence d’un plan national de mécanisation de l’agriculture.

A quoi peuvent servir les machines dans une exploitation agricole ?
La machine, tout comme la machette et la houe sont des outils de travail de l’exploitant agricole. Quoique n’ayant pas les mêmes performances, les mêmes utilités et les mêmes coûts,  ces outils servent à améliorer les performances des producteurs, de leurs productions et de la productivité de leurs exploitations. Il est connu que c’est la mécanisation de l’agriculture qui a été le fer de lance de la révolution agricole qu’ont connu les pays d’Europe et d’Amérique au vingtième siècle. Pour vous affirmer que les machines ont leur place au coeur de l’exploitation agricole. Pour autant qu’elles soient opportunes, qu’on sache les choisir, qu’on sache s’en servir, qu’on sache les tenir… bref qu’elles soient socio économiquement et écologiquement justifiées.

Quels types de machines trouve-t-on couramment dans les exploitations agricoles ?
On y trouve une très grande diversité d’engins. Des plus sophistiqués au plus simples. Des grandes firmes aux petits artisans. Ne perdez pas de vue qu’un salon du machinisme agricole est le lieu par excellence où les constructeurs de machines agricoles donnent à voir et à commander ce que le génie humain peut créer de mieux dans les différents domaines (productions, transformations, conservations, conditionnements…), les opérations de production agricole (Labour, semis, récolte…, les différentes espèces ( céréales, tubercules, fruitiers…)

On parle beaucoup de mécanisation de l’agriculture au Cameroun, quel est le lien avec une autre notion, le machinisme agricole ?
Quand on parle de mécanisation, il s’agit de la mécanique, des machines. On sort complètement de l’agriculture manuelle, de l’outillage traditionnel que d’aucuns traitent d’empirique.  

Vous qui êtes un spécialiste de l’agriculture et un observateur averti, au-delà des discours politiques, quelle est la réalité de la mécanisation ou du machinisme agricole au Cameroun ?
Pour de vrai, la réalité de la mécanisation agricole au Cameroun est triste. Je dirais même très triste. Les lamentables spectacles des tracteurs abandonnés dans la broussaille et les errements de l’usine des tracteurs d’Ebolowa, le présent salon dit « Salon International du machinisme agricole du Cameroun » qui à peine ouvert donne déjà des signes de déception et de la désinvolture avec lequel il a été préparé sont là pour témoigner de cette tristesse. Loin de moi, une fixation sur les organisateurs de ce salon. Le véritable problème est celui d’absence d’un plan national de mécanisation de l’agriculture camerounaise. Je dirais même une politique de mécanisation qui prend en compte non seulement la diversité de nos zones agro écologiques camer.be, mais aussi la population agricole qui est composée à plus de 95% de petits exploitants ayant à peine un hectare de superficie mise en champ. Le présent salon aurait eu tout son sens s’il était pensé pour être une des activités de ce plan de mécanisation. Et voilà, la charrue mise avant les boeufs. Sans oublier que la charrue, qu’elle soit de traction asine ou bovine est aussi la mécanisation… enfin

Quels sont les principaux blocages ?
L’absence de volonté politique, l’absence de plan de mécanisation, l’opportunisme et l’affairisme qui prospèrent dans l’environnement agricole camerounais, le système de gouvernance qui crée des passerelles dans les plus hautes sphères de l’administration pour cautionner des projets qui ne bénéficient qu’à leurs initiateurs.

Vous êtes aussi un leader politique, que proposez-vous pour donner plus d’impact au machinisme agricole au Cameroun ?
Je le suis et j’assume pleinement ce rôle de président du Crac, « Croire au Cameroun ». Vous le savez que l’agriculture (cultures, élevage, pêche et forets) est le premier levier du projet de société que le Crac propose aux Camerounais et Camerounaises. Avec pour objectif : « Nous nourrir, en produisant abondamment, en créant du travail, de la richesse et du bien-être pour tous et toutes ». La mécanisation de notre agriculture est l’un des aspects que nous abordons amplement dans notre projet de société. Mais de manière diversifiée, nettement différente de ce qui a court aujourd’hui. Notre sortie politique est annoncée pour très bientôt. Je vous prie d’accepter ma réserve, pour ce moment.