Le ministre de la Justice s’est exprimé devant les présidents de Cour d’Appel, les délégués régionaux des administrations pénitentiaires ce 17 septembre 2015 à Yaoundé.
Le ministre de la Justice Laurent Esso explique que l’une des causes principales de la crise de surpopulation que traversent les pénitenciers à travers le pays est l’inégalité entre le nombre de prison, le nombre de tribunaux et le nombre d’affaires pénales enregistrées.
Chaque année, 50 000 dossiers pénaux sont enrôlés par un millier de magistrats dans 99 juridictions mais les condamnés n’ont que 78 prisons pour les accueillir. «Il apparait donc clairement a souligné le ministre, qu’il y a une forte disproportion entre le nombre de magistrats, le nombre de juridictions saisies, le nombre d’affaires pénales et le nombre de prisons ouvertes.
Cette forte disproportion, est une cause objective qui génère des lenteurs judiciaires et, qui, elle-même, entraine la surpopulation carcérale que nous déplorons». A ceci il faut ajouter le fait qu'il y a en chiffre absolu 17 000 places de prisonniers pour 26 000 personnes effectivement derrière les barreaux en 2015.
Les magistrats ne sont pourtant pas les seuls responsables de cette crise qui semble désormais structurelle. La deuxième cause diagnostiquée par Laurent Esso est relative «aux comportements des différents acteurs» qui ne perçoivent pas toujours la nécessité d’accélérer le traitement des procédures pénales.
La remarque vaut davantage pour les cas de détention préventive. Mais là s’arrête les recommandations du ministre de la Justice qui rappelle que la nécessité de procéder à la réduction de la population dans les centres de détention ne doit pas conduire les juges à ne pas sanctionner les personnes qui sont reconnues coupables.
«La loi ne prévoit pas qu’une peine d’emprisonnement doit être prononcée à condition qu’il y ait des places disponibles dans les prisons», a fait remarquer Laurent Esso avec une pointe d’ironie.
Aussi semble-t-il avoir choisi de ne pas donner d’orientations précises aux participants. Au contraire. Il interpelle le président du tribunal criminel spécial, le procureur près ladite cour, les chefs de cours d’appel et les délégués régionaux de l’administration pénitentiaire à partager leurs expériences afin d’améliorer la compréhension des origines du phénomène de la surpopulation carcérale au Cameroun et y apporter des solutions.