Vous-êtes ici: AccueilActualités2015 07 16Article 328080

Actualités of Jeudi, 16 Juillet 2015

Source: cameroon-info.net

Le Cameroun n’est pas prêt à faire face de Boko Haram - Raoul Sumo

BIR Soldiers BIR Soldiers

Dans une interview accordée au Quotidien Le Messager, édition du 13 juillet 2015, il révèle les failles du système sécuritaire du pays, de nature à faciliter la commission des attentats suicides sur le territoire camerounais par les adeptes de la secte nigériane.

Pour mieux faire face à Boko Haram, le Cameroun « se doit d’abandonner l’approche traditionnelle de la problématique de la sécurité où le citoyen est comme un client qui est en droit d’attendre de l’Etat qu’il assure sa sécurité », indique Raoul Sumo, universitaire, spécialiste des questions stratégiques qui s’exprime dans le quotidien Le Messager de ce lundi 13 juillet 2015.

Le chercheur propose une approche nouvelle où « le citoyen assumerait une part de responsabilité dans sa sécurité ». « Nous devons encore plus investir dans la prospective. Je ne souhaite pas, par exemple que l’on assiste à un attentat dans les principales villes du Cameroun pour que nous aussi, nous interdisions le port du voile intégral », ajoute le stratège.

Selon ce dernier, la porosité des check points à l’intérieur du territoire camerounais, les forces de police et de gendarmerie qui en assurent le contrôle, n’ayant pas toujours des moyens de détection des suspects, ne saurait faciliter la détection des adeptes de Boko Haram.

« L’absence d’une conscience collective du danger fait qu’il est possible de voyager au Cameroun avec une Cni appartenant à un autre, même de sexe opposé. Il est possible de traverser un check-point sans être contrôlé si on a à bord « un homme en tenue » ou si son véhicule est immatriculé CA. Parfois même, le simple fait de rouler dans une grosse cylindrée de luxe est le gage d’un passe droit lors des contrôles », observe Raoul Sumo qui évoque aussi la corruption des forces de maintien de l’ordre qui, à son avis constitue une grosse faille au dispositif de lutte contre la secte nigériane. Il appelle les responsables de la surveillance du territoire, les chefs de quartier à davantage se soucier de leur rôle d’encadrement des populations, de détection des individus suspects.

L’universitaire pense aussi que dans la perspective de la lutte contre le terrorisme, le pays se doit de lutter contre les racines du mal, notamment, la pauvreté, l’illettrisme, les injustices… Si rien n’est fait, aucune ville du Cameroun ne se verrait totalement épargnée d’une menace d’attentat. La preuve, « au Nigéria, la secte islamiste a démontré sa capacité à frapper loin de ses bases traditionnelles », argue notre interlocuteur. Les pays touchés par les activités de la secte Boko Haram se doivent de mutualiser véritablement leurs forces. Et cette initiative selon lui, doit s’appuyer sur l’ossature d’une organisation internationale et faire l’objet du vote d’une résolution du Conseil de sécurité.