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Actualités of Monday, 13 July 2015

Source: La Météo

Muhammadu Buhari annoncé à Yaoundé le 29 juillet 2015

Muhammadu Buhari Muhammadu Buhari

Sauf changement de dernière minute, la rencontre au sommet entre les présidents Paul Biya et Muhammadu Buhari en terre camerounaise, aura lieu le 29 juillet. Et se prépare déjà intensément. Lundi 15 juin en effet, en marge du sommet de l’Union africaine (Ua) à Johannesbourg le président nigérian, Muhammadu Buhari, déclarait avoir l’intention de se rendre à Yaoundé : «À mon retour au Nigeria, je vais essayer de me rendre au Cameroun.»

Le 22, le ministre camerounais de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, René Emmanuel Sadi, s’envolait à destination d’Abuja, au Nigeria, porteur d’un message spécial du chef de l’Etat à l’attention de son homologue nigérian. Même si le communiqué de la présidence du Cameroun, qui annonçait ce déplacement, ne précisait pas ses motivations, dans le sérail, certains indices laissaient entrevoir que l’émissaire de Paul Biya était allé remettre une lettre d’invitation au numéro un nigérian.

Le lendemain, le cabinet présidentiel de la République fédérale du Nigeria indiquait que Muhammadu Buhari avait accepté l'invitation à lui remise par un des ministres du président camerounais. Abuja annonçait ainsi que la venue au Cameroun du successeur de Godluck Jonathan interviendrait après la célébration de la fête de fin du ramadan, prévu autour du 18 juillet. Et, depuis quelques jours, le ministre camerounais de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, invite les médias locaux et étrangers désireux de couvrir le séjour du président nigérian à Yaoundé à déposer leur demande d’accréditation auprès de ses services, sans en préciser la date.

Les sujets qui fâchent

Dans les milieux diplomatiques où se prépare cette visite, les deux parties auraient, apprend-on, déjà arrêté les sujets sur lesquels les deux chefs d’Etat se pencheront. La coopération militaire régionale contre la secte islamiste Boko Haram occupera une place de choix, lors de l’entretien entre les deux hommes d’Etat. Avec en toile de fond, le droit de poursuite entre les deux pays et la saisine du Conseil de sécurité des Nations Unies aux fins de l’intervention d’une force multinationale contre les hommes d’Abubakar Shekau.

La question du droit de poursuite achoppe depuis des années entre le Cameroun et le Nigeria. Dès 2012, avec les premiers actes terroristes d’envergure commis par la nébuleuse islamiste au Nord du Nigeria, les autorités de ce pays avaient saisi Yaoundé afin de pouvoir poursuivre les «fous d’Allah», qui souvent se repliaient en territoire camerounais après leurs forfaits.

Selon nos sources, les forces de défense camerounaises avaient alors émis des réticences quant à l’intrusion des militaires nigérians dans le septentrion. Pourtant, en 2013, lorsque la secte islamiste commence aussi à sévir au Cameroun, l’armée ressent à son tour le besoin d’attaquer les bases de Boko Haram au Nigeria. Mais Godluck Jonathan dira niet pour toute intervention étrangère à l’intérieur des frontières de son pays.

Il se murmure, dans le sérail, que cette question du droit de poursuite aurait une fois de plus été posée par les autorités camerounaises lors du mini-sommet africain consacré à la sécurité au Nigéria, tenu le 17 mai 2014 à Paris. Les officiels nigérians auraient alors, une fois de plus, donné une fin de non recevoir à cette doléance.

Bakassi.

La question du droit de poursuite a pris toute une autre tournure avec l’arrivée de Muhammadu Buhari au palais d’Aso Rock, à Abuja. Pour son premier déplacement à l’étranger, le nouveau président nigérian s’est rendu tour à tour au Tchad et au Bénin. Au cours de ce périple, le président de la République fédéral du Nigeria a clairement indiqué à ses homologues que l’armée de son pays était à même de se défendre, tout seule, à l’intérieur de son territoire contre la secte islamiste. Il marquait ainsi son refus de voir les forces tchadiennes et nigériennes intervenir sur son sol. Pour le successeur de Godluck Jonathan, l’armée fédérale est prête à coopérer avec les Etats voisins, mais chacun dans son pays.

Dans le même temps, alors que Paul Biya, Idriss Deby Itno et Mahamadou Issoufou plaidaient pour une résolution du Conseil de sécurité en vue de l’intervention d’une force multinationale contre le mouvement jihadiste, le nouveau chef d’Etat nigérian serait quant à lui, opposé à cette idée. Il se rapporte ainsi que face à cette tentation solitaire, le Cameroun, le Niger et le Tchad auraient saisi le président français, François Hollande. Un mini sous-régional serait de ce fait en préparation, et les présidents nigérian et camerounais devraient en arrêter la date. Lors de la conférence conjointe au palais de l’Unité le 3 juillet, le chef de l’exécutif français annonçait déjà : «Prochainement, le président du Nigeria va venir ici au Cameroun… Je suis prêt à venir de nouveau lorsque les présidents me donneront une date.»

L’autre point prévu à l’ordre du jour, lors de la rencontre du 29 juillet, indiquent nos sources, est la gestion des populations nigérianes vivant dans la presqu’île de Bakassi. Pour nombre d’observateurs, Muhammadu Buhari aurait toujours été opposé à la rétrocession de la péninsule au Cameroun. Le général, une fois converti à la vie civile, estime, apprend-on, que les autorités camerounaises ne devraient pas forcer ses quelque 250.000 compatriotes vivant dans la péninsule à quitter la zone ou à changer de nationalité ; à respecter leurs cultures, langues et croyances ; leurs droits à poursuivre leurs activités agricoles et de pêche, à protéger leurs propriétés et leurs droits fonciers coutumiers.

L'Accord de Greentree prévoit tout de même de ne pas soumettre les Nigérians vivant dans la péninsule à des impôts, taxes ou devoirs discriminatoires et à les protéger de tout harcèlement. Mais, pour les autorités, les originaires du Nigeria doivent se naturaliser ou être traités comme des étrangers. Il s’agira donc d’aplanir toutes ces divergences.