Actualités of Monday, 22 December 2025

Source: L’Indépendant n°989

Yaoundé : un étudiant passe 14 ans pour soutenir sa licence

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L’École se meurt sous les coups de boutoir d’une guerre larvée entre le directeur, François Marc Modzom, et son adjoint, Nta à Bitang.

L’ambiance est morose à l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic). En remettant au goût du jour la soutenance publique des mémoires de fin d’études, François Marc Modzom a voulu à coup sûr prêcher par la transparence. C’était sans compter avec les modes de sélection à l’entrée de l’École et les pesanteurs sur la formation et autres certifications.

Depuis la réforme universitaire de 1993 qui fait éclater l’Esstic en l’ouvrant à d’autres métiers de la communication en dehors du journalisme, l’École a-t-elle perdu de sa superbe ? Le directeur et le directeur adjoint, eux-mêmes purs produits de cette École, se souviennent évidemment du temps de sa splendeur.

Faut-il invoquer la concurrence et le monopole perdu avec les Instituts privés d’enseignement supérieur (IPES) qui offrent des formations pointues ? Sur le marché de l’emploi, les produits de l’Esstic n’ont plus le vent en poupe.

Certains sont de véritables rebus qui donnent du fil à retordre à leurs formateurs du fait d’une formation initiale elle-même problématique. Il y a peu, le directeur de l’Esstic se débarrassait d’un étudiant qui avait passé 14 ans pour soutenir son mémoire de licence. Un vrai gâchis !

A la faveur de la soutenance des étudiants finissants de Master, les parents sont préoccupés par le chemin de croix de leurs enfants. Après des sacrifices consentis, près de 600. 000 Fcfa en frais de scolarité sans compter les charges y afférentes, le mode de sélection des candidats à la soutenance est plus qu’opaque. Depuis 2021, l’École végète dans le lot quotidien des petits arrangements et coups de pouce.

La commission 2021 en Master Communication et Marketing a vu ses soutenances connaître une discrimination pour le moins suspecte de connivence. Alors que les étudiants attendaient la publication des notes du second semestre de l’année académique 2025- 2026, neuf (09) étudiants ont été appelés, sans une note du Directeur de l’ESSTIC, à passer un rattrapage oral sur plus de 20 étudiants que compte ce cycle. Les 09 heureux élus, reconnus pour leur absentéisme notoire, ont comme par enchantement, comblé toutes leurs lacunes.

Après ce rattrapage oral, le Directeur de l’Esstic convoque un rattrapage spé- cial pour ne pas léser les autres étudiants. C’est une étudiante qui se charge d’informer ses congénères à quelques minutes de ce rattrapage spé- cial. Les étudiants ne sont pas au bout de leurs surprises. Non seulement les notes du second semestre demeurent un mystère, les notes du rattrapage spécial ne sont pas publiées. Les responsables de l’Esstic invoquent un problème de logistique qui aurait fait disparaitre les notes. Néanmoins invités à présenter leurs travaux de mémoire, la direction les informe que leur cas sera peut-être examiné en février 2026.

Situation pour le moins cocas- se. Seuls les 09 étudiants ayant passé le rattrapage oral sous la bienveillance de Nta à Bitang, ci-devant Directeur adjoint de l’Esstic, ont été retenus pour soutenir leurs mémoires le 18 décembre dernier. Les autres devront attendre. Leur désarroi est révélateur d’une bataille sourde entre le Directeur et son adjoint. Jadis une École prestigieuse ayant donné à l’Afrique des générations entières de professionnels compétitifs, L’Esstic ne serait-elle plus que l’ombre d’elle-même ?