Actualités of Tuesday, 9 September 2025
Source: www.camerounweb.com
Routes impraticables, chantiers abandonnés, inondations, immondices et pluies torrentielles, la rentrée scolaire de ce 8 septembre 2025 s’est transformée en un véritable calvaire pour les élèves, les parents et les transporteurs urbains à Yaoundé et Douala, révélant les profondes lacunes d’une gestion urbaine en crise.
Le lundi 8 septembre 2025 restera gravé dans la mémoire collective des camerounais comme un jour de rentrée scolaire marqué par le chaos et l’impréparation. À Yaoundé, capitale politique du Cameroun, et à Douala, sa capitale économique, l’ouverture des écoles a été perturbée par une série de difficultés, reflet d’une gestion urbaine défaillante.
À Yaoundé, les habitants ont été confrontés à une ville paralysée par des travaux de voirie interminables, transformant la circulation en un véritable parcours du combattant. Les tronçons Carrefour Obili-Carrefour Biyemassi, Marché Madagascar-Entrée Cité Verte ou encore Carrefour Coron-Entrée Institut Siantou, inaccessibles depuis des mois, sont devenus le symbole d’un urbanisme chaotique. Cette situation a poussé de nombreux parents et élèves à s’interroger, « Comment nos enfants iront-ils à l’école dans de telles conditions ? » .
Hier, jour de la rentrée, une pluie s’est abattue sur la capitale, aggravant une situation déjà critique. Les routes en chantier sont devenues dangereuses, noyées sous des torrents de boue. Des élèves, souvent contraints de marcher sur des kilomètres, pataugeaient dans des flaques d’eau et des amas de terre pour rejoindre leurs établissements. Dans ce contexte, les transporteurs urbains, tels que les chauffeurs de taxi, ont vu leurs activités paralysées.
« Avec toutes ces routes fermées, on ne peut même plus travailler correctement. On n’arrive pas à faire de recettes », déplore Ousmane Nsangou un conducteur.
Les travaux de réhabilitation de certains axes routiers, entamés il y a des mois, semblent aujourd’hui à l’abandon. Des zones telles que le tronçon Carrefour Vogt-Mvolyé ou celui reliant l’École normale au ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation ressemblent davantage à des tranchées laissées en friche. Pour beaucoup, ces travaux hâtivement lancés à l’approche des élections présidentielles ne sont qu’un écran de fumée pour masquer sept ans d’inaction.
Graves inondations
Les conséquences de cette situation dépassent largement le cadre de la seule rentrée scolaire. À Douala, où la gestion urbaine est tout aussi défaillante, les pluies diluviennes ont provoqué de graves inondations. À Ngodi Bakoko, un pont reliant deux quartiers a été emporté, forçant les habitants à improviser une traversée périlleuse à l’aide d’une simple corde, risquant leur vie pour rejoindre leur destination.
Dans les écoles, le tableau est tout aussi dramatique. À l’école publique de New Bell, les salles de classe ont été inondées, obligeant les élèves à suivre leurs cours les pieds dans l’eau. Au lycée bilingue de Nylon Brazzaville, situé dans l’arrondissement de Douala 3e, plusieurs salles de classe sont restées impraticables, submergées par les eaux stagnantes.
En plus des inondations et des chantiers abandonnés, la gestion des déchets pose un problème majeur à Yaoundé et Douala. Malgré la tenue récente des États généraux sur la gestion des déchets urbains au Cameroun, les immondices continuent de s’entasser dans les rues. Au marché Mokolo, les ordures, combinées à l’eau stagnante et à la boue, rendent la circulation insupportable. « Les tas d’ordures envahissent les routes. Tout cela, mélangé aux flaques d’eau, rend notre quotidien invivable » , déplore un commerçant.
Face à ces défis, la population s’interroge sur les priorités des autorités. « La situation ne fait qu’empirer, mais à quelques mois des élections, tout semble tourner autour de la politique. Et nous, dans tout ça ? » , questionne un habitant de Yaoundé. Sur les réseaux sociaux, ce sentiment de désarroi est partagé par de nombreux citoyens, qui dénoncent une gestion publique tournée vers des intérêts électoraux au détriment des besoins fondamentaux de la population. Cette rentrée scolaire chaotique met en lumière une crise sociale et économique qui ne peut plus être ignorée.
Les problèmes structurels, tels que la dégradation des infrastructures, la gestion inefficace des déchets et l’abandon des chantiers, pénalisent non seulement l’éducation, mais aussi l’ensemble des activités économiques et sociales. Le gouvernement est sommé de sortir de son inaction et de mettre en œuvre des solutions concrètes pour redonner à Yaoundé et Douala leur rôle de vitrines du pays. Cette rentrée ne doit pas devenir le symbole d’un échec collectif, mais plutôt le point de départ d’une prise de conscience nationale. Les élèves, futurs bâtisseurs de la nation, méritent bien mieux qu’une rentrée scolaire sous le signe du désordre et de l’abandon.
Source: le Messager