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Actualités of Wednesday, 9 May 2018

Source: L'Oeil du Sahel

Voici les vraies raisons du refus de l’UE de financer la présidentielle 2018

Hans-Peter Schadek, l'ambassadeur de la délégation de l'UE Hans-Peter Schadek, l'ambassadeur de la délégation de l'UE

L’information a été donnée mercredi dernier par son ambassadeur au Cameroun.
Le Cameroun devra se passer de la caution morale de l’Union européenne (UE) pour l’élection présidentielle de 2018. Interrogé le 07 mai dernier par notre consoeur Carole Yemelong de Canal 2 international, sur le rôle qu’entendait jouer les 28 relativement au processus électoral en cours, Hans-Peter Schadek a indiqué que «l’UE n’enverra pas de mission d’observation des élections pour les scrutins à venir au Cameroun».

L’ambassadeur, chef de la délégation de l’UE à Yaoundé s’est exprimé en présence d’autres collègues des Etats membres de l’UE, dont Gilles Thibault, de la France, au cours d’une émission télévisée organisée en partenariat avec la section camerounaise de l’Union internationale de la presse francophone (UPF) dans l’amphithéâtre de l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric). Contacté hier par l’oeil du Sahel, la délégation de l’UE au Cameroun explique :

«Une mission d'observation électorale de l'Union européenne n'est pour le moment pas prévue pour le Cameroun cette année. En termes généraux, les ressources sont limitées et l'UE est obligée d'établir un planning des missions – à l'échelon mondial - bien en avance et de prioriser les pays bénéficiaires. A ce stade, l'UE n'a pas reçu d'invitation à observer les élections au Cameroun cette année et pour le moment le Cameroun ne fait pas partie du planning pour 2018».

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L’institution ajoute qu’«étant donné la nécessité de disposer d'un certain délai de préparation pour une telle mission et, ayant à l'esprit les échéances assez brèves, il n'est pas sûr qu'une éventuelle invitation puisse encore être reçue favorablement à ce stade, en tout cas pour une véritable mission d'observation électorale complète, dans son format traditionnel. Toutefois, si les autorités camerounaises en faisaient la demande, nous pourrions envisager d'envoyer une mission d'experts électoraux, au format et aux ambitions plus réduits et qui serait donc plus facile à organiser en un temps plus limité».

CRÉDIBILITÉ

Pas suffisant aux yeux de certains analystes politiques qui voient dans «l’absence de l’UE» un éventuel «déficit de crédibilité » de la prochaine présidentielle notamment. C’est le cas d’Hilaire Kamga. Pour cet expert des questions électorales, «d’un point de vue politique et symbolique, le fait que l’UE n’enverra pas une mission pour observer les élections à venir au Cameroun est un signal extrêmement négatif qui pourrait porter atteinte à la crédibilité du processus électoral en cours».

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Hilaire Kamga explique néanmoins que «depuis 2009, l’UE semble privilégier l’observation domestique des élections qu’elle a valorisée. Près d’un million de dollars américains ont été versé par l’UE dans le processus électoral à travers les ONG qui sont à pied d’oeuvre sur le terrain pour la formation et la production des rapports».

Le socio politiste Claude Abe croit quant à lui que «la posture de l’UE est une démarche symbolique pour faire pression sur le régime de Yaoundé et son chef. Car un certain nombre de partenaires du Cameroun ne souhaiteraient pas que ce dernier se représente pour la présidentielle prochaine. Le langage diplomatique étant souvent habillé de non-dits, c’est donc une manière diplomatique pour l’UE de le dire, même si on peut aussi admettre la lecture selon laquelle la présence de l’UE ne crédibilise pas nécessairement le processus électoral».

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Le politologue Mathias Eric Owona Nguini soutient qu’il ne faut pas voir dans cette posture de l’UE un discrédit du processus électoral en cours.

«Car la crédibilité d’un processus électoral dépend du fonctionnement des mécanismes électoraux internes et de la confiance que les acteurs placent en eux. Les cautions externes ne sont jamais qu’un appui».

Rappelons que pour la présidentielle 2011 remportée largement par Paul Biya, l’Union européenne avait envoyé une mission d’observation réduite.