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Actualités of Sunday, 30 January 2022

Source: www.camerounweb.com

Voici ce qui explique l'avarice des discours par Biya et sa légendaire introversion

Multiplier les discours n’est pas son domaine de prédilection Multiplier les discours n’est pas son domaine de prédilection


• Paul Biya est très discret

• Il est très silencieux et parle peu

• Multiplier les discours n’est pas son domaine de prédilection



Très discret et introverti, Paul Biya ne parle pas trop comme l’auraient souhaité voir plusieurs Camerounais. Paul Biya n'est peut-être pas plus occupé qu'il ne l'était en 1983, mais le nombre de cousins, oncles, amis qui le côtoyaient à l'époque s'est visiblement amenuisé. Le président s'est introverti.

Paul Biya que ses camarades de Nden, Akono et Edéa ont connu sobre et resserré est resté le même, mué dans sa personnalité ; toutefois, il s'est métamorphosé, en s'adaptant à l'environnement politique du Cameroun.

Il acquiert des vertus et des vices, mais garde en même temps son « moi » qui le caractérise et le particularise. Il est plus pondéré que plaisantin. Solennel et flegmatique, apprend-on. C’est un trait qui explique l'avarice des discours par Biya et sa légendaire introversion.


Culture du silence : ces effroyables punitions des prêtres qui ont forgé un président froid et impitoyable



Paul Biya est un homme silencieux. Peut-être trop pour son entourage qui n'a jamais réussi à savoir ce qu'il pense et ce qu'il ressent jusqu'à ce qu'il prenne des décisions. Pendant toutes ces années, l'homme Lion, l'homme charismatique a utilisé ce caractère pour soumettre ses adversaires politiques et surprendre ses collaborateurs.

Quelques extraits du livre "Paul Biya, les secrets du Pouvoir" de Michel Roger Emvana nous permet de cerner le personnage qui a été formé durant les sept années à Nden par des séminaristes.

"Durant les sept années qu'il passe à Nden, dans la rigueur et la moralisation du père Antoine Wollenschneideg petit Biya se fait déjà beaucoup remarquer dans les jeux, mais il ne joue pas comme les gosses de son âge. Le garçonnet studieux, propre et béjaune est frêle et doit se faire protéger par son frère ainé, Benoit Mvondo Assam, et ses cousins, Benoît Assam Ebolo et Hyacinthe Eyinga Miame. Il décroche son CEPE en 1947. Biya a été très vite moulé à l'école de la droiture morale; rigueur de séminariste et prédispositions instinctives se chevauchent dans son esprit. Son destin, inlassablement, poursuivait son chemin au préséminaire Saint-Tharcisius au bord de la Sanaga. Il passe deux ans dans un univers clos, à l'écart des foules et sous la « matraque » des prélats.

"Il était de règle que les jeunes et nouveaux séminaristes passent ainsi deux ans de conditionnement sans revoir leurs parents. Et puis il y a eu Akono, un autre camp de dressage religieux où, à la sortie, certains parents avaient du mal à reconnaitre leur progéniture. « Le séminaire martelait les esprits les plus rebelles et confortait les studieux. L'ambition et la réussite étaient les leitmotivs de ces lieux saints où ceux qui n'aboutissaient pas à la prêtrise repartaient tout de même avec une renaissance psychologique qui en faisait des hommes intègres et silencieux », souligne un ancien camarade du président. Le séminaire Saint-Joseph d'Akono forge l'esprit taciturne de Biya. Le culte de l'isolement du Verseau gagne des galons dans cette prison spirituelle. La réclusion se cultive comme un mythe prestigieux et chevaleresque".

"Avec les pères Delaître et Dubourget, Akono est une usine de recueillement, un pas vers la vie active. Un Esprit saint dans un corps sain, et le primat est donné à l’éducation spirituelle. C'est à Akono que Biya développe sa passion pour le silence. Le séminaire imposait, pendant des heures; des séances de silence. Ces heures de silence, qui allaient généralement de 20 heures à 10 heures du lendemain, ont participé au repli psychologique de Biya".

"Depuis Akono, le président a du mal à supporter les foules, sans paradoxalement avoir un dégout pour les bains de foule. Le repli de Biya trouve ses fondements dans cette planification psychologique, œuvre des prêtres dans la décennie 1950. Paul Biya n'a véritablement pas connu de vie familiale entre 1950 et 1954, ce qui certainement l'éloigne socialement de ceux qui n'ont pas connu « le grand silence » des dortoirs. Comme l'explique un ancien camarade d'Edéa et d'Akono: «Seuls ceux qui n'ont pas fréquenté les séminaires éprouvent des difficultés à comprendre Biya, fils de catéchiste dressé par son père, façonné par la rigueur de ses maitres de l'école catholique de Nden, "torturé" par les cours sévères d'Edéa et d'Akono. Paul Biya est un cocktail des pères Meyer, Wollenschneider, de ses nombreux éducateurs Zé Benoit, Onono Ndongo, Abessolo Eboutou, d'elle Kpwang et du père Claude Delaître»."

"Paul Biya a enregistré à chaque étape un des caractères de ses précurseurs, d'où sa complexité. L'influence du séminaire est présente dans la gestion que Biya fait aujourd'hui du pouvoir. Il le reconnait personnellement : «Le séminaire m'a apporté : la probité, l'intégrité, le et la rigueur , le sens du devoir, la tolérance, l'humanisme et l'opiniâtreté".