Dans une sortie qui marque une rupture définitive avec son passé politique, Issa Tchiroma Bakary a livré un réquisitoire sans concession contre le régime de Paul Biya et le RDPC, lors d'un meeting tenu le 21 septembre à Ngaoundéré.
Face à une foule nombreuse, l'ancien ministre de la Communication n'a pas mâché ses mots : "Ce que vous n'avez pas fait en 43 ans, ce n'est pas en 7 ans que vous allez le faire. Ce n'est pas vrai. Vous êtes des menteurs", a-t-il lancé, visant directement le parti au pouvoir et ses dirigeants.
Cette déclaration frontale marque un tournant radical pour celui qui a longtemps été l'un des visages les plus reconnaissables du gouvernement camerounais.
La charge d'Issa Tchiroma résonne avec d'autant plus de force qu'elle émane d'un homme qui a été pendant des années l'un des fidèles serviteurs du régime. Ancien ministre de la Communication sous Paul Biya, il était jusqu'alors perçu comme un pilier du système qu'il critique aujourd'hui avec véhémence.
Ce revirement spectaculaire illustre les tensions croissantes au sein de l'ancien parti unique, où d'anciens dignitaires prennent leurs distances avec le pouvoir en place.
En évoquant les "43 ans" de gouvernance, Tchiroma fait référence à la longévité du régime de Paul Biya, arrivé au pouvoir en 1982. Sa critique porte sur l'incapacité présumée du gouvernement à tenir ses promesses de développement, malgré plus de quatre décennies d'exercice du pouvoir.
L'utilisation du terme "menteurs" constitue un niveau de critique particulièrement dur, venant d'un homme qui connaît de l'intérieur les rouages du système qu'il dénonce désormais.
Le meeting de Ngaoundéré semble marquer l'entrée officielle d'Issa Tchiroma dans l'opposition active. Cette prise de parole publique, dans une région stratégique du Nord du Cameroun, témoigne de ses ambitions politiques nouvelles.
L'ancien ministre semble ainsi vouloir capitaliser sur sa connaissance intime du système pour mieux le critiquer et proposer une alternative politique.
Cette sortie fracassante d'Issa Tchiroma ne manquera pas de susciter des réactions au sein du RDPC et du gouvernement. L'ancien ministre, qui bénéficie encore d'une certaine notoriété, pourrait représenter un défi pour le parti au pouvoir, particulièrement dans sa région d'origine.
Ses anciens collègues devront désormais composer avec les révélations potentielles de celui qui a longtemps été dans le secret des décisions gouvernementales.
Cette défection d'un cadre expérimenté du régime s'inscrit dans une dynamique plus large de recomposition du paysage politique camerounais. Elle illustre les difficultés croissantes du RDPC à maintenir l'unité de ses rangs face aux défis politiques actuels.