La première journée des « villes mortes » a ressemblé à une carte postale d’un Cameroun coupé en deux: au Nord, on ferme boutique ; au Sud, on ouvre… mais en râlant.
Pendant que Garoua, Ngaoundéré et Maroua ressemblaient à des plateaux de cinéma post-apocalyptiques, Yaoundé et Douala continuaient de faire tourner leurs marmites – parce qu’on ne nourrit pas la révolution avec du vent.
Dans le Septentrion, les rues désertes et les boutiques closes ont montré qu’Issa Tchiroma joue à domicile. Là-bas, on a sorti le manuel du soutien régional, version “solidarité et ras-le-bol”. Trois jours sans klaxon, sans marché, sans beignet haricot : c’est dire la foi politique du coin.
Au Sud, par contre, la “ville morte” a eu du mal à trouver des volontaires. À Yaoundé, on a préféré la prudence au patriotisme, sous le regard attentif des pick-up de gendarmerie. À Douala, le mot d’ordre a eu le même effet qu’un message WhatsApp sans données : reçu, mais pas ouvert.
Dans les régions anglophones, le décor était déjà planté depuis 2017 : les “ghost towns” du lundi sont devenus une habitude hebdomadaire. Là-bas, la ville morte n’a pas attendu Tchiroma pour s’inviter dans le calendrier.
Résultat : un Cameroun divisé entre un Nord militant, un Sud prudent et un Ouest fatigué. Tchiroma peut se féliciter d’avoir ressuscité la géographie politique… sans réussir à réveiller tout le pays.
Et pendant que lui crie à la mobilisation historique, le gouvernement crie au sabotage économique. Bref, la ville est morte pour certains, mais le débat, lui, se porte à merveille.
Avec Le Manager









