Après le scrutin du 12 octobre 2025, des rumeurs infondées de victoire ont circulé, incitant des jeunes à saccager institutions et infrastructure publiques. À Dschang notamment, le palais de justice a été incendié. Un appel à la lucidité citoyenne et au respect des mécanismes démocratiques légaux pour préserver la paix sociale.
ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE : LES DANGERS SILENCIEUX DE LA DÉSINFORMATION
La désinformation est aujourd’hui l’une des armes les plus redoutables contre la vérité, la paix et la stabilité des nations. Technique insidieuse de manipulation des esprits, elle repose sur une stratégie simple mais terriblement efficace : dissimuler la réalité derrière une illusion soigneusement construite, et nourrir les émotions populaires au détriment des faits établis.
Dans le contexte électoral, et plus particulièrement à l’issue de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun, la désinformation s’est révélée être un catalyseur dangereux de tensions sociales et politiques notamment à Dschang où de jeunes gens ont incendiés le palais de justice, les camions de ramassage des ordures ménagères, la maison du parti contruite grâce aux contributions des populations de la Menoua. Tout cela à cause d'une information volontairement erronée pour atteindre cet objectif.
Qu’elle provienne du pouvoir ou de l’opposition, la désinformation criminelle constitue une menace sérieuse pour la démocratie et l’ordre public. Elle n’est jamais neutre. Elle participe d'une criminelle stratégie destinée à mobiliser les masses naïves dans la rue pour soutenir une cause désespérée. Elle est profondément subjective, souvent fondée sur des émotions, des frustrations ou des colères collectives, et s’alimente principalement de l’ignorance ou de l’absence d’accès à une information fiable.
Son succès repose sur une réalité sociologique : les gens croient plus facilement ce qui conforte leurs opinions que ce qui les contredit. Ainsi, au lieu d’attendre les résultats officiels proclamés par les organes légalement habilités, le Conseil Constitutionnel en l'occurrence, certains groupes politiques proche du candidat Issa Tchiroma Bakary ont préféré s’en remettre aux rumeurs véhiculées par des influenceurs grassement payés, aux réseaux sociaux manipulés et aux déclarations mensongères prématurées.
À l’issue du scrutin du 12 octobre, alors que les opérations de collecte, de dépouillement et de vérification des 31 653 procès-verbaux étaient toujours en cours, une frange de l’opposition proche du candidat Issa Tchiroma – n’ayant pas pu déployer des représentants dans tous les bureaux de vote – et n'ayant réuni que 3000 procès-verbaux ici et là, a lancé la rumeur de sa victoire supposée, en la présentant comme celle du "peuple contre le régime".
Ce récit populiste, bien que non fondé, a immédiatement trouvé un écho chez une jeunesse avide de changement mais parfois insuffisamment informée des mécanismes électoraux. En agitant le spectre de la fraude sans preuves tangibles, certains acteurs ont encouragé l’envahissement des commissions de dépouillement, sous le prétexte fallacieux de défendre la démocratie.
Mais poser la question devient nécessaire : peut-on défendre la démocratie en sabotant ses mécanismes légaux ? Peut-on garantir la vérité en détruisant les institutions chargées de la faire éclore comme ils l'ont fait du palais de justice de Dschang ? Non évidemment !
La désinformation, lorsqu’elle s’ancre dans l’espace public sans résistance, devient un ferment de division, de haine et de violence. Elle transforme les citoyens en adversaires, les opinions en certitudes fanatiques, et les divergences politiques en conflits frontaux.
Ce phénomène met en péril la paix sociale, car les foules qui croient détenir une vérité volée n’attendent pas la justice : elles la revendiquent dans la rue, souvent au prix du sang et des larmes. Exactement comme elles le font de la justice populaire lorsquon crie Ô voleur!
En définitive ce sont les populations elles-mêmes qui subissent les conséquences des casses, des incendies et de l’effondrement des services publics. Comment vont-elles se faire établir les extraits de casier judiciaire pour les examens officiels de leurs enfants? Et les prévenus qui sont en détention provisoire dans les prisons en attente de jugement, leur procès sera retardé puisque les dossiers ont été incendiés et qu'il va falloir procéder à leur reconstitution. Et les plaignants qui ont saisis la justice pour réclamer la condamnation de leurs adversaires au paiement des sommes d'argent devront probablement recommencer leurs procédures judiciaires en perdant plus d'argent sans avoir obtenu justice.
Il est impératif, dans un moment aussi critique, de faire preuve de maturité politique et de lucidité citoyenne. Ni le pouvoir ni l’opposition ne devraient instrumentaliser l’opinion publique à travers des rumeurs, des montages, ou des récits orientés. La seule vérité qui vaille est celle des urnes, exprimée pacifiquement par le peuple, et proclamée légalement par les institutions compétentes, le Conseil Électoral et le Conseil Constitutionnel.
Les citoyens doivent aussi apprendre à vérifier les sources, à faire preuve de discernement, et à rejeter la facilité des discours émotionnels qui ne mènent qu’au chaos. Car la paix, dans un pays, n’est jamais acquise : elle se construit chaque jour, par le respect des lois, la patience démocratique et le rejet de la violence.
Le Cameroun n’a pas besoin d’un conflit de plus, mais d’un dialogue de plus. Il n’a pas besoin de vainqueurs autoproclamés, mais de citoyens engagés.
La désinformation n’est pas seulement un mensonge : c’est une arme contre la République. Lutter contre elle, c’est protéger la paix, l’unité nationale et l’espoir d’un avenir meilleur. Le conflit qui a ensanglanté les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest nous parle. Et nous n'avons pas encore fini avec la nébuleuse Boko Haram et ses commanditaires.
Yaoundé le 17 octobre 2025
Dr Momo Jean de Dieu
Président National du Paddec
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