Actualités of Thursday, 13 November 2025
Source: www.camerounweb.com
L’élu, qui avait publiquement contesté les résultats de la présidentielle et reconnu la victoire de l’opposant, est convoqué lundi 17 novembre « pour affaire le concernant », dans ce qui est perçu comme une mesure d’intimidation.
L’adjoint au maire de la commune d’arrondissement de Douala, Joseph Espoir Biyong, a été formellement convoqué à la préfecture du Wouri pour le lundi 17 novembre 2025. La lettre de convocation, datée du 13 juin 2025 mais reçue seulement ce vendredi, intervient moins d’une semaine après ses déclarations télévisées dans lesquelles il reconnaissait la victoire d’Issa Tchiroma Bakary à l’élection présidentielle et dénonçait « la méchanceté du régime de Paul Biya ».
Le document, émanant directement du cabinet du préfet, ordonne à l’élu de se présenter à 13 heures précises « pour affaire vous concernant », sans plus de précisions. Une formulation laconique qui suscite l’inquiétude dans l’entourage de l’élu, alors que la tension politique reste vive dans la capitale économique.
Lundi 10 novembre, sur le plateau d’Equinoxe Soir, Joseph Espoir Biyong avait non seulement reconnu la victoire de l’opposant Issa Tchiroma, mais avait aussi vivement critiqué le régime en place. « J’ai simplement dit la vérité que tous les Camerounais savent », a-t-il confié sous couvert d’anonymat à un proche collaborateur.
Ses déclarations, rares dans le paysage politique local, avaient été largement partagées sur les réseaux sociaux et commentées comme un acte de courage par les sympathisants de l’opposition, mais comme une provocation par les tenants du régime.
Si la préfecture du Wouri invoque une simple « affaire administrative », les observateurs politiques y voient un signal fort adressé à tous les élus qui seraient tentés d’emboîter le pas à Joseph Espoir Biyong. « Cette convocation est clairement une mise au pas », estime un analyste politique basé à Douala.
Le timing de cette convocation – quelques jours seulement après ses déclarations médiatiques – ne semble pas fortuit dans le contexte actuel de crispation post-électorale. Elle intervient par ailleurs au moment où les autorités maintiennent un dispositif sécuritaire renforcé sur l’ensemble du territoire.
Cette affaire pose avec acuité la question de la marge de manœuvre des élus locaux dans le débat politique national. Joseph Espoir Biyong, connu pour son franc-parler, devient malgré lui le symbole de la tension entre allégeance administrative et liberté d’expression politique.