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Actualités of Thursday, 24 September 2015

Source: Aurore Plus

Une victime de plus pour Boko Haram à Yaoundé

Photo utilisée juste à titre d'illustration Photo utilisée juste à titre d'illustration

Le Caporal Emagne Mousseni Elie Francis, 35 ans est décédé le 30 août 2015 à l’hôpital militaire de Yaoundé. Bien avant sa mort, certains de ses camarades l’avaient précédé vers l’au-delà dans ce même hôpital. Sur les causes de ces décès, de nombreuses versions ont circulé.

A Ndikiniméki son village natal, ce décès a suscité une vive polémique. Avant son inhumation le samedi 19 septembre 2015, son supérieur hiérarchique a rétabli la vérité. Retour sur le récit d’une vie qui dévoile les misères des soldats Camerounais au front dans la région de l’Extrême-nord.

Ce Soldat natif du village Ndékalend par Ndikiniméki dans l’arrondissement du Mbam et Inoubou, spécialité infanterie, père de trois enfants a rangé son arme. Après 14 ans et neuf mois de service rendu à la nation, il a rendu l’âme à l’hôpital militaire de Yaoundé le 30 août 2015.

La cause officielle de son décès est selon son supérieur hiérarchique, un capitaine de l’armée Camerounaise en service dans la région de l’extrême-nord dû à un accès palustre et a des douleurs abdominales. Pour ses proches, elle a été causée par le retard dans la prise en charge de ce dernier ayant la consommation d’une eau souillée.

Surtout que six ou sept de ses camarades d’armes sont passés de vie à trépas dans ce même hôpital militaire à Yaoundé quelques semaines auparavant. Ils y avaient été évacués dans un état critique. Malgré les soins auxquels ces défenseurs de la nation ont eu droit, la maladie a eu raison de tous. À Ndikiniméki, son supérieur hiérarchique a édifié les proches du caporal avant de lui rendre un vibrant hommage.

Hommage

Le Caporal Elie Francis Emagne était l’un des quatre meilleurs détecteurs des mines du groupe d’infanterie, un ensemble d’unités militaires devant combattre à pied en service dans le septentrion. Au mois de mars 2015, le Caporal Elie Francis Emagne a sauvé ses coéquipiers en détectant un champ de mines sur lequel ses camarades et lui s’apprêtaient à tomber dans la localité de Kidimataré.

«Le ravitaillement était coupé, il fallait aller chercher la nourriture, de l’eau à boire et rentrer au poste. Sur le chemin du retour, ils sont tombés sur un champ de mines. Et grâce à lui, le groupe a été sauvé», relate son supérieur hiérarchique.

Ce témoignage suffit pour arracher des larmes aux proches du disparu. «Le disparu couché ici ce jour a servi son pays pendant 14 ans et neuf mois. L’image qu’il nous laisse est celle d’un travailleur acharné qui ne reculait devant rien », poursuit le capitaine dans son oraison funèbre prononcée à la mémoire du disparu.

C’est en l’an 2000 et au mois de septembre 2000 que le défunt Caporal a intégré les forces de défense (Génie militaire). Deux ans plus tard en 2002, Elie Francis Emagne sort du centre de Koutaba après avoir bénéficié d’une formation de Commando parachutiste. Il a défendu son territoire lors de la guerre à Bakassi. En 2007 et en 2009, Elie a suivi deux formations en infanterie.

C’est ce qui lui vaut d’avoir décroché deux Cat (1-2) en plus du Bepc obtenu au lycée de Ndikiniméki. Second garçon d’une fratrie de six enfants, Elie Francis Emagne a marqué ses camarades durant sa courte carrière, riche de près de quinze années de service. Ce témoignage vient rompre le silence. Des femmes et des proches du défunt éclatent en sanglots.

Sa mère et ses frères sont inconsolables. Il est environ 11h. L’armée procède au rituel d’inhumation et le cercueil est mis en terre un quart d’heure plus tard. «Pero comme tu aimais m’appeler te dit au revoir. Que la terre de nos ancêtres te soit légère », conclut son supérieur hiérarchique.

Frustrations

Après son inhumation, ses camarades d’armes ont repris la route vers le septentrion en laissant derrière eux un débat sur les misères des militaires Camerounais au front. Car, si des hauts gradés de l’armée camerounaise approchés par votre journal n’ont souhaité aborder ce sujet, le récit livré par ses proches en dit long.

«Lors de son affectation dans la région de l’extrême nord, mon frère était en plein forme. Il est revenu affaibli par l’eau qu’il a consommée sur place. Durant son séjour à l’hôpital militaire de Yaoundé, il ne faisait que vomir et faire la diarrhée », explique rose, la sœur du Caporal. Et pourtant, les fils de la nation se sont mobilisés pour apporter leur soutien aux forces de Défense.

La collecte des fonds baptisée efforts de guerre se chiffre à plus de 2 milliards de FCFA. En plus de cette mobilisation sur le plan local, des pays « amis » au Cameroun comme la Russie acheminent des cargaisons humanitaires de denrées alimentaires et du matériel de guerre dans notre pays pour soutenir le gouvernement camerounais dans cette guerre contre la secte terroriste Boko Haram.

Les autorités compétentes en charge de l’acheminement des denrées dans le septentrion assurent que toutes les dispositions sont prises pour permettre à nos forces de défense de récupérer après avoir repoussé les assauts de l’ennemi. Ces décès viennent relancer le débat sur la redistribution des vivres à nos soldats au front.

Ces morts ne doivent laisser personne indifférent. Il serait de bon ton que les autorités s’assurent du respect des consignes données pour éviter d’affaiblir nos forces de défense. La marche des 200 militaires sur les rues de la capitale politique Yaoundé pour réclamer le paiement de huit mois de primes pendant leur mission en république centrafricaine est encore ancrée dans nos mémoires.

Aux autorités compétentes de prendre les mesures nécessaires pour limiter les frustrations au sein de notre armée. Ceci passe par l’urgence d’une répartition équitable des vivres et denrées alimentaires destinés à l’ensemble desdites forces de défense.