Actualités of Wednesday, 3 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Un cadre du RDPC parle d'Anicet Ekane en des termes incroyables

Le directeur des organes de presse et de la propagande au comité central du RDPC (le parti au pouvoir), Christophe Mien Zok, n’a pas souhaité rester silencieux dans l’affaire de la mort d’Anicet Ekane. Il a son opinion personnelle de l’homme politique qu’il dévoile sur les réseaux sociaux.

Georges Anicet Ekane est donc mort en détention lundi dernier. Quels que soient les résultats de l’enquête annoncée par le ministre délégué à la présidence chargé de la défense, un fait est certain : même si Ekane, déjà malade avant son interpellation et sa détention, devait mourir, sa mort n’aurait pas dû intervenir dans les circonstances et les conditions que l’on connaît désormais.

Ce départ précipité ne « dépendait » manifestement pas de lui, pour reprendre l’un de ses slogans de campagne lors de l’une des deux élections présidentielles à laquelle il était candidat. En d’autres termes, ce scénario aurait pu être évité et ce ne sont pas les alertes et les signaux annonçant cette issue funeste qui auront manqué. Le Cameroun n’avait pas besoin de cette autre tension en ce moment précis.

Tout en partageant la peine de sa famille biologique et la douleur de ses camarades politiques, je voudrais ici et maintenant lui rendre hommage et porter témoignage sur ce leader politique dont les prises de position et les actions n’étaient pas toujours en faveur du pouvoir, encore moins du RDPC. Ses faits d’armes sont connus. On ne les rappellera pas ici.

En dehors des rencontres épisodiques et des « accrochages » sur les plateaux de télévision, je rencontre Ekane Anicet dans les gradins du stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations de football féminin. La crise qui secoue encore aujourd’hui de manière sporadique les régions du nord-ouest et du sud-ouest n’en est qu’à ses débuts et personne à ce moment-là ne peut prévoir, encore moins prédire la suite. Mais Ekane a l’intuition et le pressentiment d’un grave danger se prépare contre l’unité du Cameroun. À partir de ce moment, le président du Manidem va se dresser de toutes ses forces contre la tentative de sécession. Jamais les prises de position de son parti et celles du pouvoir n’ont été aussi proches sur un sujet.

Comme nous nous étions échangé nos numéros de téléphone, nous avons gardé plus qu’un contact. Lors de ses passages à Yaoundé, il est souvent venu me rendre visite au palais des congrès avec un objectif bien précis : « passer des messages ».

En effet, Anicet Ekane savait saisir toutes les opportunités et les passerelles pour continuer son combat. Sans être un opportuniste ou une girouette, il ne (se) fermait aucune porte. Certains l’ont alors accusé de flirter ou de fricoter avec le pouvoir. En bon trotskiste, lui devait être dans une logique d’entrisme. Jusqu’où est-il allé ? Je ne saurais le dire, mais je garde de lui, de nos rencontres et de nos échanges, le souvenir d’un patriote passionné par l’avenir, l’indépendance et l’unité du Cameroun ; un homme de conviction qui n’était ni sectaire ni sectariste.

La preuve : après des divergences idéologiques et conjoncturelles avec les militants du MRC qui l’ont traité de tous les noms d’oiseaux, il n’a pas hésité à accorder l’investiture du Manidem à Maurice Kamto. Ils ont fini par le canoniser de son vivant. Quel beau pied de nez aux adeptes de l’intolérance. Et, suprême pirouette, une fois la candidature de Kamto rejetée, rallier celle de Issa Tchiroma Bakary au point de devenir l’une de ses éminences grises. Du grand art politique.

Cher aîné, cher ami, tu auras été, toute ta vie durant, un vrai, un grand homme politique, agitateur parfois, provocateur souvent mais toujours stratège avec dans ta ligne de mire un grand destin pour le Cameroun. Tu as prouvé que l’adversité politique ne doit pas nécessairement déboucher sur l’animosité et la haine personnelles. Adversaires mais pas ennemis.

Merci pour ces belles leçons de tolérance, de constance dans les convictions, de courage et de patriotisme. Puisses-tu reposer en paix et que tous ceux et celles qui se sentent affligés par ta disparition aient la même noblesse, la même dignité et la même grandeur et hauteur d’esprit que toi.