En Afrique, la parole d'une personne âgée vaut double. Quand elle parle, on l'écoute parce que c'est une bibliothèque vivante. Les sages du grand nord, zone importante dans le processus électoral à ne surtout pas se mettre à dos, ont une requête. Ils le font à Issa Tchiroma Bakary, président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC).
Les sages ont écrit une lettre dans laquelle ils saluent d'abord cordialement l'ancien ministre du gouvernement, Tchiroma. Après une profonde réflexion et une large concertation, « nous avons décidé de t'écrire avec humilité, respect et considération », ont-ils écrit avant d'enchaîner.
A l'approche de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun, des nombreuses et importantes voix s'élèvent (Maurice Kamto, Akere Muna, Mamadou Mota, Célestin Bedzigui, des prêtres, des pasteurs, des imams et une écrasante majorité des Camerounais) pour inviter les deux grands candidats de la partie septentrionale, notamment toi, Issa Tchiroma Bakary, et Bello Bouba Maigari à vous entendre pour présenter une candidature unique, l'un devant retirer la sienne au profit de l'autre.
Ce n'est pas du tout facile surtout que chacun d'entre vous ambitionne, ce qui est légitime, de devenir le futur président de notre belle nation. Nous, sages du grand nord, sans considération ethnique, religieuse ou politique, avons décidé de t'écrire pour t'exhorter à bien vouloir retirer ta candidature au profit de Bello Bouba Maigari pour les raisons évidentes et objectives ci-après.
Bello Bouba, en tant qu'ancien Premier ministre et ministre d'État, a plus d'expérience pour gouverner notre pays ; il a un ancrage politique national et une popularité plus importants que toi ; il est un sage, un homme discret et modéré ; après la création de l'UNDP (lorsque vous étiez ensemble), c'est lui que vous avez choisi pour diriger cette formation politique qui est incontestablement la plus importante du septentrion.
Les deux personnes ayant participé activement à ta désignation comme le candidat consensuel de l'opposition, notamment Anicet Ekane et Djeukam Tchameni, ne représentent rien puisqu'aucune d'elles n'a été retenue pour participer à l'élection présidentielle. Elles veulent tout simplement t'utiliser comme une marionnette, te manipuler à leur guise et faire de toi leur prisonnier, puisqu' ils ont déclaré que tu as accepté toutes leurs conditions. On se demande bien de quelles conditions s'agit-il, surtout quand on connaît leurs attitudes et aptitudes à la manipulation, à la surenchère et même au radicalisme ?
La dynamique unitaire ou consensuelle se construit entre les candidats de l'opposition retenus pour la présidentielle et non au sein d'une plateforme, fut-elle l'Union pour le changement (UPC). Rejoins Bello Bouba, tu entreras dans l'histoire par la grande porte et les Camerounais se souviendront à jamais de ton geste et de ton humilité, pas pour faire plaisir à Bello, mais pour honorer la nation tout entière. Selon notre modeste analyse, ton éventuel refus de ralliement à Bello Bouba pourrait avoir les conséquences désastreuses suivantes : la fragmentation des voix de l'opposition et la réélection de Paul Biya pour un nouveau septennat ; le Cameroun sera privé d'une alternance pacifique et souhaitée par la majorité de ses citoyens ; en cas de victoire de Paul Biya, il y a de fortes chances que tu fasses l'objet des poursuites judiciaires qui pourraient te conduire, non pas au Palais de l'unité mais plutôt en prison.
Quelle honte et quelle bavure si au lendemain du 12 octobre Biya est réélu parce que toi et Bello n'avez pas pu vous entendre pour faire front commun, vous qui êtes de la même région, du même département, de la même ethnie et de la même religion ? Si ce scenario catastrophe se produit, vous en serez, tous deux, responsables. Vous serez à jamais bannis de nos cœurs et honnis pour toujours.
Nous te laissons méditer sur ces deux sagesses africaines : « À force de vouloir être trop gourmand, on finit par tout perdre et regretter ». « Ce qu'un vieillard voit assis, le jeune ne le voit pas debout ».