Une vive polémique entoure les circonstances de l’autopsie pratiquée sur le corps d’Anicet Ekane, décédé le 1ᵉʳ décembre 2025 alors qu’il était en détention. Malgré l’opposition ferme de sa famille, de ses avocats et de ses proches, une autopsie médico-légale a été réalisée ce matin à la morgue de l’Hôpital Central de Yaoundé. Cette décision unilatérale a suscité l’indignation et relancé les interrogations sur les conditions de sa détention et les pratiques des autorités camerounaises.
D’après un document confidentiel émanant du Tribunal militaire de Yaoundé et daté du 2 décembre 2025, une autopsie était initialement prévue pour le 2 décembre à 10 heures. Cependant, elle s’est finalement déroulée le 3 décembre à 8 heures, sans que la famille d’Anicet Ekane en soit informée à temps, ni que ses avocats puissent y assister. Le document, adressé au Commissaire du Gouvernement près le Collectif des Avocats de la famille Ekane, mentionne que la famille devait être informée de la date, de l’heure et du lieu de l’opération, et qu’un membre du collectif pouvait y assister. Pourtant, cette procédure n’a pas été respectée.
Maître Simh Emmanuel, avocat au Barreau du Cameroun et membre du collectif représentant la famille Ekane, a fermement dénoncé cette autopsie, affirmant que « la famille s’est opposée à cette autopsie par l’intermédiaire de ses avocats ». Malgré cette opposition, les autorités ont maintenu leur décision, provoquant un tollé général.
La mort d’Anicet Ekane, survenue alors qu’il était détenu dans le cadre de la répression post-électorale, avait déjà suscité de vives critiques de la part de la société civile et des partis politiques d’opposition. Le Cameroon People’s Party (CPP) avait accusé les autorités d’être responsables de sa mort, dénonçant des conditions de détention inhumaines et un manque de soins médicaux appropriés.
L’autopsie réalisée sans le consentement de la famille ni la présence de ses représentants légaux ne fait qu’alimenter les soupçons de dissimulation et de manipulation. « Pourquoi vous acharnez-vous ? », s’interroge un proche d’Anicet Ekane, qui voit dans cette autopsie forcée une tentative de masquer les véritables causes de sa mort.
Cette affaire soulève des questions cruciales sur le respect des droits des détenus et de leurs familles, ainsi que sur la transparence des institutions judiciaires et médicales au Cameroun. Pourquoi les autorités ont-elles tenu à réaliser cette autopsie malgré l’opposition de la famille ? Quelles sont les raisons de cette précipitation ? Les résultats de cette autopsie seront-ils rendus publics et soumis à une expertise indépendante ?
La famille d’Anicet Ekane, soutenue par ses avocats et des organisations de défense des droits de l’homme, exige des réponses claires et une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur les circonstances de sa mort et les conditions dans lesquelles cette autopsie a été imposée.
Cette affaire risque d’aggraver la crise de confiance entre les citoyens et les institutions camerounaises. Elle rappelle l’urgence de réformes profondes pour garantir le respect des droits fondamentaux, la transparence des procédures judiciaires et médicales, ainsi que la dignité des détenus et de leurs familles.
Alors que les tensions persistent, la société civile et les partis politiques appellent à une mobilisation pour exiger justice et transparence. « Nous ne laisserons pas cette affaire être étouffée », a déclaré un militant des droits de l’homme, soulignant que « la vérité doit éclater, pour Anicet Ekane et pour tous ceux qui subissent les mêmes injustices ».









