Actualités of Monday, 10 November 2025

Source: L'Indépendant n°980

Triste sort : les nouvelles sont mauvaises pour Issa Tchiroma

Le candidat malheureux à l’élection présidentielle, Issa Tchiroma a voulu incarner la « rupture », le « nouveau », mais son parcours transpire l’ancien, le recyclé, le périmé. Pendant deux décennies, il a été le visage du déni, la voix d’un pouvoir qui justifiait tout et n’assumait rien.

Ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma a fait profession de nier l’évidence, d’étouffer la vérité et de maquiller la faillite morale et institutionnelle du régime Biya. Pendant la campagne électorale, plusieurs observateurs lui ont sans cesse posé la question de savoir quel bilan peut-il faire de son passage au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle ?

Ce ministère, censé être un levier d’espoir pour une jeunesse asphyxiée par le chômage, a sombré dans l’immobilisme et la routine bureaucratique. Aujourd’hui, l’Institut national de la statistique (INS) nous apprend que plus de 75 % de la jeunesse camerounaise est au chômage ou en sous-emploi. Et cet homme, qui a eu entre ses mains la possibilité de changer les choses, parle aujourd’hui d’avenir et de transition. Quelle ironie ! À 79 ans, Issa Tchiroma veut encore rêver d’un destin pour les jeunes. Mais comment peut-on incarner la jeunesse quand on est le symbole vivant d’un système qui l’a trahie ?

Pour certains avis, le discours d’investiture du président Paul Biya mérite d’être salué, tant par son ton que par son contenu. Il tranche nettement avec l’arrogance habituelle de certains partisans qui confondent communication politique et culte de la personnalité. Le chef de l’État a ouvert son propos par une phrase rare et significative : « Je sais la profondeur des frustrations et l’ampleur des attentes ».

C’est un aveu lucide et un geste d’apaisement dans un contexte social et politique tendu. Pourtant, dans les réactions qui affluent sur les réseaux sociaux, la plupart des Camerounais semblent retenir trois annonces principales : la réouverture des études doctorales, la relance des concours directs, et le financement des projets des jeunes et des femmes. Or, l’annonce la plus stratégique, et sans doute la plus décisive pour l’avenir du pays, est passée presque inaperçue : la restructuration de l’État pour l’adapter aux réalités et défis politiques, économiques et sociaux actuels.

Pourquoi cette réforme structurelle est la clé ? En réalité, explique-t-on, toutes les autres annonces, aussi séduisantes soient-elles, ne porteront de fruits que si l’appareil d’État lui-même est réformé. La réouverture des doctorats, par exemple, ne sera pas en soi une victoire si : les recherches doctorales ne sont pas financées et orientées vers la résolution de problèmes concrets de la société, les enseignants-chercheurs ne sont pas motivés et remboursés des dettes académiques liées à l’encadrement des thèses, et si la question des docteurs chômeurs n’est pas traitée de manière structurelle.

Former pour former, sans débouchés, c’est prolonger le désespoir de toute une génération intellectuelle. De même, la réouverture des écoles normales peut réduire un peu le chômage, mais restera symbolique si la corruption et le népotisme continuent d’empoisonner le recrutement.