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Actualités of Sunday, 24 December 2017

Source: www.camerounweb.com

Traque des web activistes: Marlène Emvoutou recadre Laurent Esso

Un pays aussi pauvre que le nôtre doit penser à améliorer le budget de l’éducation -Marlène Emvoutou Un pays aussi pauvre que le nôtre doit penser à améliorer le budget de l’éducation -Marlène Emvoutou

« Après la persécution des homosexuels, des opposants politiques, des malades mentaux, voilà une nouvelle atteinte aux libertés individuelles ... ». C’est le cri de cœur de Marlène Emvoutou suite à la publication du communiqué du ministre de la justice, Laurent Esso, demant aux procureurs des 10 régions de poursuivre judiciairement les internautes vivant ou non sur le sol camerounais et qui utilisent les réseaux pour propager de fausses informations.

Cette sortie du tout puissant ministre de la justice surprend dame Mvoutou. Dans un message adressé à Laurent Esso, elle estime que ce que cette dé marche n’a pas sa raison d’être puis que « tout propriétaire d’un compte Facebook est libre de dire, de faire, de croire en ce qu’il veut, tant que cela correspond aux standards admis sur ce réseau social ». Elle soutient sa démarche par le vide juridique qui existe en la matière au Cameroun. « Cependant, la loi camerounaise n’a prévu aucune disposition légale qui condamne la propagation de fausses nouvelles, d’injures dans un cadre privé ».

Cette démarche, selon Marlène Emvoutou, est une « volonté du gouvernement de museler les camerounais à la veille des élections » qui aura pour conséquence la radicalisation des positions.

Ci-dessous l'intégralité du message Marlène Emvoutou à Laurent Esso

"Le gouvernement camerounais par le biais de son ministre de la justice vient d’offrir un cadeau de noël à tous les camerounais qui cherchaient un motif valable pour une demande d’asile politique dans les pays occidentaux...

Après la persécution des homosexuels, des opposants politiques, des malades mentaux, voilà une nouvelle atteinte aux libertés individuelles ...

Monsieur le ministre de la justice, tout propriétaire d’un compte Facebook est libre de dire, de faire, de croire en ce qu’il veut, tant que cela correspond aux standards admis sur ce réseau social.

D' autant plus, qu’il s'agit d'un réseau de messagerie cryptée, c’est à dire qu’il faille s’abonner ou être " ami " pour lire des publications.

Accéder à une page Facebook sans y avoir été invité doit aussi être considéré comme une violation de la vie privée d’autrui.

Facebook a bien règlementer son utilisation, il y'a des options qui garantissent la confidentialité des publications.

Cependant, la loi camerounaise n’a prévu aucune disposition légale qui condamne la propagation de fausses nouvelles, d’injures dans un cadre privé.

Si je comprends la volonté du gouvernement de museler les camerounais à la veille des élections, je ne n’arrive pas à justifier la pertinence des poursuites judiciaires, contre des personnes qui ne résident pas au Cameroun, qui sont pour la plupart de nationalités étrangères.

Existe- t- il une disposition légale qui permette de violer le principe de compétence territoriale et matérielle des juridictions étrangères ?

Quels sont les moyens de l’état camerounais pour engager des poursuites contre des étrangers vivant dans leurs pays qui exercent leur droit à la liberté d'expression ?

Un pays aussi pauvre que le nôtre doit penser à améliorer le budget de l’éducation. Car, c’est du manque d’éducation de base que découlent toutes ces dérives sociétales. Et Victor Hugo disait fort à propos, qu’en ouvrant une école on fermait les portes d’une prison.

Si nous ne pouvons que déplorer la judiciarisation de la société Camerounaise, et vous rappeler qu’il manque des places dans les prisons camerounaises pour accueillir cette nouvelle catégorie de délinquants que vous venez de créer, permettez- moi de vous rappeler que ces délinquants sont pour la grande majorité des mineurs. Car il n’y a qu’un mineur, irresponsable pour venir se branler sur les réseaux sociaux. Et vous voulez les jeter en prison? Avez-vous pensé à la contamination criminelle ?

Ils entreront en prison pour propagation de fausses nouvelles sur Facebook, et sortiront terroristes.

Monsieur le ministre de la justice, le plus simple serait d’interdire l’accès à Internet aux populations du Cameroun, un peu comme en Corée du Nord...

Sinon, votre lettre - circulaire ne serait qu’une incongruité de plus dans un système à bout de souffle."