Actualités of Tuesday, 30 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Trafic d'or: un gros scandale mondial éclabousse les hommes de Paul Biya, c'est une honte historique

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Dans un communiqué radio-presse daté du 29 décembre 2025, le Ministre des Mines, de l'Industrie et du Développement Technologique, par intérim le Pr FUH Calistus Gentry, lève le voile sur un écart statistique aussi vertigineux qu'embarrassant : 22,3 kilogrammes d'or officiellement déclarés à l'exportation par le Cameroun, contre 15,2 tonnes enregistrées dans les statistiques internationales à destination des Émirats Arabes Unis.

22 kilos contre 15 tonnes. Ce n'est plus un simple écart, c'est un abîme.


Le communiqué du Ministère des Mines ne nie pas les faits. Il les confirme. Et surtout, il met à nu une réalité longtemps murmurée, rarement assumée : l'or camerounais est majoritairement issu de l'artisanat minier semi-mécanisé, secteur où les déclarations de production restent imprécises, parfois insincères, et totalement opaques.


Le document officiel reconnaît sans détour que la traçabilité est faible, que les frontières terrestres sont largement utilisées par les exploitants pour faire sortir l'or, et que l'État camerounais ne capte qu'une infime partie de la valeur réelle produite sur son territoire.

Pendant que le Cameroun compte des grammes, le marché mondial, lui, compte des tonnes. Et pendant ce temps, les devises s'envolent vers des destinations lointaines, sans jamais enrichir les caisses de l'État.

Le plus troublant n'est pas que l'or circule. Le plus troublant, c'est qui le vend, qui l'exporte, et qui en bénéficie.

Des pays voisins servent de zones de transit. Des origines sont requalifiées. Des exportations se font hors radars. Et au bout de la chaîne, l'or arrive sur les grands hubs mondiaux – notamment Dubaï – sans enrichir l'État camerounais.
Résultat : peu de devises, peu de réserves stratégiques d'or pour la Banque centrale, peu d'impact sur le budget national. Mais une perte colossale de souveraineté économique.

Le rapport ITIE 2021 cité dans le communiqué confirme ce constat alarmant : l'essentiel de l'or produit au Cameroun provient de l'artisanat minier, sans étude de faisabilité ni encadrement sérieux, et échappe presque entièrement au contrôle de l'État.

Le gouvernement annonce des mesures fortes : fermeture des sites d'exploitation minière artisanale et semi-mécanisée non conformes d'ici fin 2025, renforcement du rôle de la Société Nationale des Mines (SONAMINES) dans le rachat et la commercialisation de l'or, développement de la mine industrielle, et mise en place de moyens financiers et technologiques modernes pour le contrôle à distance de la production.

Sur le papier, c'est un pas dans la bonne direction. Les actions menées par le Ministère et la SONAMINES ont déjà permis d'augmenter les réserves d'or du Cameroun de 37 kilogrammes à 1 500 kilogrammes en quelques années.
Mais la vraie question demeure : pourquoi a-t-il fallu attendre que les chiffres internationaux contredisent publiquement les chiffres nationaux pour agir ?

Pendant que le Cameroun cherche son or, le Ghana formalise, le Ghana trace, le Ghana exporte officiellement, et encaisse plus de 10 milliards de dollars par an grâce à son secteur aurifère, y compris via l'or artisanal intégré dans des circuits légaux.
La différence n'est pas géologique. Elle est politique, institutionnelle et stratégique. Le Ghana a fait le choix d'une gouvernance minière rigoureuse, d'une traçabilité stricte et d'un cadre incitatif qui formalise l'informel au lieu de le laisser fuir vers l'étranger.

Ce communiqué officiel n'est pas anodin. C'est un aveu, mais aussi une alerte.
Le Cameroun ne manque pas d'or. Il manque de contrôle, de chaîne de valeur nationale, et de vision économique assumée. Si l'or continue de quitter le territoire sans enrichir l'État, ce n'est pas une fatalité. C'est un choix collectif par l'inaction.

Le Ministre évoque une "niche exceptionnelle de ressources financières" et un "élargissement de l'assiette fiscale". Fort bien. Mais pour que cette ambition devienne réalité, il faudra plus que des communiqués. Il faudra des sanctions contre les opérateurs frauduleux, des moyens réels pour la SONAMINES, une collaboration régionale pour fermer les frontières poreuses, et surtout, une volonté politique inflexible.

Le Cameroun ne peut plus se contenter de produire de l'or. Il doit enfin en être le bénéficiaire.