Actualités of Wednesday, 13 August 2025

Source: www.camerounweb.com

Très suspect: révélations sur les coulisses de la rencontre entre Ferdinand Ngoh Ngoh et les Evêques à Etoudi

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Un jour après avoir manqué à un rendez-vous très attendu, une délégation de la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC) a finalement été reçue ce mercredi par Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la Présidence de la République. La rencontre, à laquelle les évêques étaient attendus la veille dans le cadre d'un ballet de ralliements politiques, a finalement eu lieu sous le signe de la « préservation de la paix, de l'unité et de la stabilité ». Si la démarche se veut apolitique, elle ne manque pas de soulever des questions sur la position de l'Église face au pouvoir.


Yaoundé, le 13 août 2025 - Le mystère du rendez-vous manqué s'est finalement dissipé. Après avoir brillé par leur absence lors de l'audience prévue mardi 12 août, les évêques camerounais ont finalement franchi les portes du Palais de l'Unité ce mercredi après-midi. Cette volte-face, aussi soudaine qu'inattendue, relance les spéculations sur les véritables motivations de cette rencontre dans un contexte électoral tendu.

Au nom du Président de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, Ministre d'État et Secrétaire Général de la Présidence, a finalement reçu la délégation de la CENC, conduite par Mgr Andrew Nkea, son président. Cette audience, officiellement présentée comme un échange sur la paix et la nécessité de "calme, de dialogue et de rejet de toute forme de violence", intervient dans un timing pour le moins particulier.

L'absence remarquée des prélats la veille avait créé un vide dans la chorégraphie politique soigneusement orchestrée par le SGPR. Leur présence différée ce mercredi soulève inévitablement des questions : s'agit-il d'une stratégie délibérée de l'Église pour marquer sa distance, ou d'un simple contretemps logistique ?

L'Église catholique camerounaise se trouve dans une position délicate. En offrant ses "prières pour la nation", elle revendique son rôle spirituel traditionnel. Cependant, le timing de cette rencontre, qui s'inscrit dans une série de consultations perçues par de nombreux observateurs comme une stratégie du pouvoir pour mobiliser les soutiens communautaires en faveur du président sortant, ne peut être ignoré.


Le fait que les évêques aient finalement répondu à cette convocation, après une absence remarquée, constitue un geste qui sera scruté par tous les acteurs politiques. Cette présence tardive peut être interprétée de multiples façons : un compromis diplomatique, une pression exercée, ou encore une stratégie d'influence de l'Église elle-même.

Cette rencontre intervient dans un contexte particulièrement sensible, quelques jours seulement après la publication de la lettre pastorale de Mgr Samuel Kleda. Dans ce document, l'archevêque de Douala avait dressé un portrait très critique de la situation sociale du pays, pointant du doigt les dysfonctionnements et les injustices.


La présence des évêques au Palais de l'Unité, même au nom de la paix, pourrait donc être interprétée comme un adoucissement des critiques de l'Église ou, à l'inverse, comme une tentative du pouvoir de se rallier son influence spirituelle pour neutraliser l'impact de ces critiques.

La formulation "main dans la main" évoquée dans le communiqué officiel ne manque pas de faire réagir. Cette expression, chargée symboliquement, soulève inévitablement des questions sur l'indépendance réelle de l'Église catholique face au pouvoir politique en cette période électorale cruciale.
Pour les observateurs critiques, cette formulation trahit une proximité dangereuse entre le spirituel et le temporel. Pour les défenseurs de cette démarche, elle traduit au contraire l'engagement naturel de l'Église dans la préservation de la paix sociale.

Certains analystes n'hésitent pas à qualifier cette rencontre d'"écran de fumée" destiné à détourner l'attention des vraies préoccupations des Camerounais. Dans un contexte où les questions économiques et sociales restent prégnantes, cette mise en scène autour de la "paix" pourrait constituer une stratégie de communication pour éviter les débats de fond.
L'Église, en acceptant de jouer ce rôle, risque de voir son crédit moral entamé auprès d'une population qui attend d'elle une parole prophétique plutôt qu'un accompagnement du pouvoir en place.

Au-delà de la symbolique, cette rencontre pose des questions concrètes sur l'avenir des relations entre l'Église et l'État au Cameroun. L'institution religieuse saura-t-elle préserver son indépendance tout en maintenant son rôle de médiation sociale ? Sa crédibilité morale survira-t-elle à ces rapprochements avec le pouvoir en période électorale ?


L'histoire récente du Cameroun montre que l'Église catholique a souvent joué un rôle d'interface entre le pouvoir et la société civile. Mais dans le contexte actuel, cette position d'équilibriste devient de plus en plus difficile à tenir, surtout quand les enjeux électoraux transforment chaque geste en signal politique.


La rencontre de ce mercredi, qu'elle soit ou non le fruit du hasard calendaire, restera comme un moment révélateur des ambiguïtés qui caractérisent les relations entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel au Cameroun.