Maurice Kamto est l'auteur de « Droit international et polycentrisme normatif » qui vient de paraître. L'écriture, c'est aussi le « souffle de vie » de l'homme politique, comme le détaille Emmanuel Simh dans un post effectué. Dans celui-ci, l'avocat revient sur un fait : l'arrestation, l'incarcération de Kamto et la privation de ses droits.
Janvier 2019. Maurice Kamto est brutalement enlevé à Douala, conduit nuitamment à Yaoundé et jeté dans une cellule infecte au GSO à Yaoundé. Quoi ? Vous connaissez déjà trop l'histoire ? Non, non, je ne vais pas la recommencer. Seulement à penser à cet endroit, je passe la journée sans manger. La nausée !
Mais une histoire que je n'ai pas racontée me vient à l'esprit, en regardant cette belle reliure. Les geôliers nerveux du Professeur nous voient arriver un jour, mon excellent confrère Sylvain Souop et moi, porteurs de journaux achetés à sa demande, pour meubler les heures sombres du lugubre endroit. Et de quelques livres.
Ils nous regardent suspicieusement et entreprennent de fouiller cette littérature page après page. Ils n'y trouvent naturellement que de l'encre noire sur des feuilles blanches.
Ils se retirent un moment en conciliabule. Ils prennent visiblement des ordres de quelque part. Puis reviennent au bout d'un moment. Nos regards sont interrogateurs, mais la décision ne tarde pas à tomber. C'est niet. Nous devons rentrer avec notre paquetage.
Mais quand même. Nos interlocuteurs n'ont pas perdu toute humanité. Ils nous proposent, si nous tenons tant à donner à lire à Maurice Kamto, de lui apporter le journal Cameroon Tribune. Je ne vous mens pas, nous n'y avions pas pensé. Le Jour, Mutations, Le Messager, non, ce n'est pas bon pour lui.
Nous sommes un peu dépités, façon de parler, mon confrère et moi. Mais nous avions compris. Le meilleur moyen de tuer cet homme, c'est de l'empêcher de lire. Mais c'est surtout de l'empêcher d'écrire. Oui, c'est lui enlever son souffle de vie. Sa raison d'être.
Pour ce nouvel ouvrage de droit, je parle bien du droit, disons simplement : Habemus Papam.