Depuis l'Europe, le président appelle ses compatriotes à éviter les "pièges" de la démocratie à l'approche d'un scrutin qui s'annonce tendu



Alors que l'élection présidentielle approche dans une ambiance électrique au Cameroun, le Chef de l'État lance un appel à ses compatriotes pour garantir un scrutin paisible. Dans une publication sur sa page Facebook ce lundi matin, le président a exhorté les Camerounais à éviter les pièges qui menacent la démocratie.


Depuis son séjour privé en Europe, Paul Biya appelle à la vigilance à l'approche du scrutin :

« Je compte sur toutes les Camerounaises et tous les Camerounais, c'est-à-dire sur chacun et chacune d'entre vous, pour éviter, comme par le passé, les pièges qui guettent tous les pays confrontés au défi de la démocratie », a-t-il déclaré.

Pour les observateurs, cet appel résonne comme une mise en garde contre les dérives potentielles dans une campagne qui s'annonce tendue. Le président n'a pas précisé la nature de ces « pièges », mais son message intervient dans un contexte politique particulièrement crispé.

Les rivalités s'exacerbent entre les différents candidats et leurs bases militantes, créant une atmosphère d'incertitude à trois semaines du scrutin. Cette tension est d'autant plus palpable que l'opposition, malgré ses divisions, affiche sa détermination à contester un régime vieux de plus de quarante ans.

L'appel du chef de l'État constitue un rappel à l'ordre pour les acteurs politiques et les électeurs, les incitant à maintenir le calme et à se concentrer sur le processus démocratique.

Cependant, cette intervention soulève des interrogations. Alors que l'opposition, quoique encore dispersée, se dit décidée à faire tomber un régime accusé d'avoir taillé le jeu électoral à sa mesure, il est à craindre que cet appel de Paul Biya soit lui-même perçu comme une stratégie de communication.

Certains analystes y voient une manière subtile de contenir les énergies contestataires et d'endormir les forces du changement. D'autres y lisent une préoccupation légitime du chef de l'État face aux risques de débordements dans un contexte électoral particulièrement volatile.


Le timing de cette déclaration, intervenant depuis l'Europe où le président effectue un séjour privé, ajoute une dimension supplémentaire au message. Il témoigne d'un suivi attentif de la situation politique nationale, même à distance.


Cette mise en garde présidentielle intervient alors que plusieurs indicateurs pointent vers une campagne électorale particulièrement animée. Les rassemblements politiques se multiplient, les prises de position se durcissent, et les appels à l'unité de l'opposition résonnent de plus en plus fort.
La question reste de savoir si cet appel au calme sera entendu par tous les acteurs du jeu politique camerounais, ou s'il sera interprété comme une tentative de modération des ardeurs oppositionnelles dans un contexte où chaque camp fourbis ses armes pour le scrutin à venir.