Selon des informations exclusives rapportées par Jeune Afrique, l'équipe de campagne d'Issa Tchiroma Bakary n'a jamais caché ses doutes quant à l'impartialité du Conseil constitutionnel. Pourtant, l'ancien ministre doit maintenant décider s'il recourra à cette instance ou s'il choisira une stratégie de contestation extra-institutionnelle.

Jeune Afrique rapporte que Chrislang Maneng, directeur de campagne de Tchiroma Bakary, a déclaré disposer de « près de 90 % des résultats issus des urnes » et avoir voulu compiler « au minimum 70 % » avant de faire toute déclaration. Cependant, cette stratégie repose sur un calcul politique hautement risqué : l'accumulation de procès-verbaux parallèles n'a aucune valeur légale au Cameroun.



Selon les révélations de Jeune Afrique, seuls les procès-verbaux détenus par Elecam font foi selon la loi électorale camerounaise, et les documents aux mains des partis ne peuvent pas servir à défendre leurs prétentions de victoire devant les autorités légales. Cette réalité juridique place Tchiroma Bakary dans une position délicate : ou il accepte de soumettre son contentieux au Conseil constitutionnel qu'il soupçonne d'être verrouillé par le pouvoir, ou il refuse et perd tout recours légal.


Jeune Afrique souligne que l'enjeu stratégique réside donc dans la mobilisation de l'opinion publique, qui peut être utilisée pour faire pression sur un système que l'opposition juge inféodé au pouvoir.



L'hebdomadaire note que Tchiroma Bakary n'a sans doute pas oublié qu'en 2018, il figurait parmi les alliés du pouvoir mobilisés pour faire bloc contre Maurice Kamto, qu'il avait lui-même qualifié de « hors-la-loi ». L'ironie historique pourrait bien être son talon d'Achille politique.


Ce choix cruciale devra être fait avant le 15 octobre, deadline du dépôt des recours auprès du Conseil constitutionnel. Tchiroma Bakary acceptera-t-il de jouer le jeu institutionnel qu'il croit truqué, ou choisira-t-il de basculer dans la contestation de rue, avec tous les risques que cela implique ?