Fabrice Vavemi accuse son avocat de trahison et de complicité
« Il voulait que je reste en prison » : le fugitif dénonce des manœuvres politiques
Dans un rebondissement inattendu de l'affaire de son évasion, Fabrice Vavemi pointe du doigt son propre avocat, Me Tamfu Richard, qu'il accuse ouvertement de trahison et de complicité avec le régime en place.
« Tamfu est un traître »
Les accusations sont graves et sans équivoque. Dans ses publications sur Facebook depuis sa fuite, Fabrice Vavemi désigne nommément son conseil juridique : « Tamfu Richard est complice. Tamfu est un traître. S'il m'arrive quelque chose, il est complice. Il n'a jamais été avec moi. Il voulait que je reste en prison. »
Ces déclarations fracassantes jettent une lumière crue sur ce que le fugitif présente comme une manipulation dont il aurait été victime, orchestrée depuis l'intérieur même de sa défense juridique.
Le profil de Me Tamfu Richard alimente les soupçons de Fabrice Vavemi. L'avocat serait en effet un cadre du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), une formation politique proche du pouvoir. Cette proximité idéologique avec le régime aurait, selon les accusations du fugitif, déterminé son attitude durant toute la procédure.
« Mon avocat, qui est un cadre du PCRN, a voulu se servir de moi pour dealer des faveurs politiques avec le Sérail à Yaoundé », affirme Vavemi, évoquant des tractations en coulisses dont il aurait été la monnaie d'échange.
Selon cette version des faits, Me Tamfu Richard aurait accepté de défendre Fabrice Vavemi non pas dans l'intérêt de son client, mais dans une perspective de négociation politique avec les plus hautes sphères du pouvoir à Yaoundé, communément désignées sous le terme de « Sérail ».
L'ex-directeur de campagne d'Ateki Caxton suggère ainsi que son avocat aurait délibérément saboté sa défense ou, à tout le moins, n'aurait pas agi avec la loyauté attendue d'un conseil, préférant servir d'intermédiaire dans des arrangements politiques dont il aurait été exclu.
Si ces accusations devaient être étayées, elles soulèveraient de graves questions sur le respect du secret professionnel et de la déontologie de l'avocat. Le rôle d'un conseil est de défendre les intérêts de son client, quelles que soient ses propres convictions politiques ou ses relations avec le pouvoir.
Le Barreau du Cameroun pourrait être saisi de cette affaire, bien que Me Tamfu Richard n'ait pour l'instant fait aucune déclaration publique pour répondre à ces accusations.
Cette dénonciation publique d'un avocat par son propre client illustre le climat de défiance qui règne dans le contexte post-électoral camerounais. Elle témoigne également de la difficulté pour les membres de l'opposition de trouver une représentation juridique qu'ils jugent indépendante et loyale.
Pour Fabrice Vavemi, désormais fugitif et coupé de tout recours légal classique, ces révélations constituent une forme de justification de son évasion : face à ce qu'il présente comme une trahison généralisée du système censé le protéger, la fuite aurait été sa seule option pour préserver sa vie et sa liberté.
Me Tamfu Richard n'a pas encore réagi publiquement à ces graves accusations. Son silence alimente les spéculations, tandis que l'Ordre des avocats pourrait être amené à se prononcer sur cette affaire qui écorne l'image de la profession.
Quant aux autorités judiciaires, elles se trouvent face à un dossier de plus en plus complexe, où se mêlent évasion, corruption présumée, et maintenant accusations de collusion entre un avocat et le pouvoir politique.









