Invité de l'émission "Droit de Réponse" sur Cam10 Télévision, Serge Mpele Onana, cadre du RDPC, a livré une analyse à contre-courant sur la performance d'Issa Tchiroma à l'élection présidentielle. Tout en dénonçant les violences post-électorales, il estime que le score du candidat malheureux est "éloquent" et constitue même "une bonne chose pour la nation".


Serge Mpele Onana a d'emblée situé le débat sur un terrain inattendu : celui de la reconnaissance du mérite électoral de Tchiroma. "Issa Tchiroma doit accepter le résultat de l'élection présidentielle parce que ce résultat est élogieux pour quelqu'un qui a démissionné quelques mois, seulement quelques semaines, j'allais dire, avant l'échéance électorale et qu'on ne voyait pas venir", a-t-il déclaré.
Le cadre du RDPC insiste sur la performance : "Qui arrive avec 35,19% de voix, c'est éloquent". Une reconnaissance qui contraste avec le ton habituel des partisans du pouvoir, souvent prompts à minimiser les scores de l'opposition.



Plus surprenant encore, Serge Mpele Onana analyse ce résultat comme un signe positif de maturité démocratique du Cameroun. "Nous pensons que c'est peut-être un mal pour notre famille politique en termes de contre-performance, mais c'est une bonne chose pour la nation parce qu'on est une démocratie qui se modernise, où l'on n'a plus de score soviétique", a-t-il affirmé.


Cette sortie rompt avec la rhétorique traditionnelle du parti au pouvoir, qui a toujours défendu les larges victoires de Paul Biya. "C'est bon pour la nation parce qu'on a besoin, n'est-ce pas, de contrepoids", poursuit Mpele Onana, semblant ainsi plaider pour un pluralisme politique plus affirmé.


Mais si Serge Mpele Onana se montre relativement élogieux sur la performance électorale de Tchiroma, il se fait beaucoup plus critique sur les méthodes de contestation adoptées après le scrutin.

"Le désordre que nous vivons actuellement dans notre pays n'est pas le changement qu'Issa Tchiroma a promis aux Camerounais sous la bannière de l'Union pour le Changement, où l'on appelait à un Cameroun nouveau", a-t-il lancé.

Le cadre du RDPC dresse ensuite un catalogue des dérives constatées depuis la proclamation des résultats : "Est-ce cela, le Cameroun nouveau : détruire et piller, voler, violer, incendier des édifices publics, porter atteinte à l'autorité de l'État ? Nous ne pensons pas", martèle-t-il.

Cette position illustre la stratégie du pouvoir qui, tout en reconnaissant implicitement la performance de Tchiroma, cherche à délégitimer sa contestation en la réduisant aux seuls actes de violence survenus dans certaines villes.


Cette sortie de Serge Mpele Onana a de quoi surprendre. D'un côté, elle reconnaît une certaine légitimité à la performance électorale de Tchiroma et plaide pour une démocratie plus compétitive. De l'autre, elle condamne fermement les méthodes de contestation post-électorale.

Cette analyse traduit peut-être une évolution au sein même du RDPC, où certains cadres semblent prêts à accepter l'idée d'une opposition plus forte, à condition qu'elle reste dans le cadre institutionnel et renonce à la confrontation de rue.
Reste à savoir si cette lecture sera partagée par l'ensemble de la famille politique au pouvoir, ou si elle demeure une voix isolée dans un concert de condamnations plus radicales des actions du camp Tchiroma.