Infos Sports of Sunday, 26 February 2017

Source: cameroon-info.net

Serge Branco estime son limogeage illégal

Dans un entretien, l’ancien Lion indomptable de football, médaillé d’or des Jeux olympiques de Sydney 2000, perce l’abcès de la crise qui l’oppose à Justin Tagouh, le Président du conseil d’administration de Bamboutos FC de Mbouda.

Le Président du conseil d’administration de Bamboutos de Mbouda a pris la décision de vous radier du club à la veille du coup d’envoi du championnat. Quelle est votre réaction ?

Déjà il faut noter que la radiation est illégale, car pour me nommer Manager général il a fallu que je sois coopté pas le conseil d’administration. Pour me radier il faut avoir à justifier, à me notifier les fautes commises et passer par un conseil de discipline et avoir l’approbation du conseil d’administration. En plus, le logo sur la décision de radiation n'est pas le logo de l'équipe de Bamboutos.

Comment en est-on arrivé là?

On en est à ce point parce que le Président du conseil d’administration, Juste Tagouh veux gérer cette équipe communautaire comme son équipe à lui seul sans rendre compte et sans consulter personne ni les administrateurs ni les élites qui cotisent beaucoup d’argent pour cette équipe. Ce sont ces élites et les chefs traditionnels qui m'ont demandé de structurer et professionnaliser l’équipe, car ils pensent que Bamboutos doit changer de dimension depuis la finale de la dernière Coupe du Cameroun. C'est pour cette réorganisation qu’on a fait appel à moi et le Président du conseil d’administration, lui, continue de diriger l’équipe avec barbarie

Avant la décision du Pca, des informations de coulisses ont circulé annonçant que vous avez menacé vous-même de démissionner. Pour quelles raisons ?

Oui c'est vrai que j’ai menacé de démissionner avant cette décision de radiation. Je voulais prendre mes distances afin de ne pas associer mon nom à la débâcle de l’équipe que je voyais venir depuis quatre mois que j’occupe ce poste de Manager général. Lundi dernier, j'ai dit au Président du conseil d’administration que si rien ne change je vais démissionner et avant de partir j’allais dénoncer tout ce que j’ai constaté comme mauvaise gestion. En réaction, le président a dit qu’il allait me nommer Directeur général pour que je m’occupe de tout. J'ai demandé qu’il débarrasse d’abord l’équipe des entraineurs et autres dirigeants qui l’entourent parce que ces gens rackettent les joueurs et utilisent le nom du club pour arnaquer ceux qui sont prêts à tout donner pour Bamboutos de Mbouda. Après notre conversation, le Président du conseil d’administration a appelé ceux que j’’ai pointés du doigt pour me trahir. Il a ensuite pris la décision de me radier.

Pourquoi n’avez-vous pas remis votre tablier lorsque vous avez constaté des manquements graves dans le management de l’équipe et des entraves dans l’accomplissement de votre mission?

Je ne pouvais pas remettre aussitôt ma démission. Je me suis dit lorsque je trouve des manquements, je travaille d’abord pour améliorer la situation. J’ai constaté par la suite que malgré mes efforts rien n’a changé. J'ai donc pris la décision de dénoncer avant le début du championnat afin que mon nom ne soit pas associé aux échecs du club que je voyais venir.

Votre fonction à Bamboutos de Mbouda consistait exactement à faire quoi ?

Mon contrat prévoyait que premièrement, je sois nommé officiellement Manager général, ensuite que je suis chargé du recrutement des joueurs et encadreurs avec un budget prédéfinit que j’avais exigé ; troisièmement, j’ai pour mission de moderniser et structurer les organes du club (administration, marketing, sponsoring et comité de soutien) et enfin, dans mon contrat il est écrit qu’on me fixe un salaire annuel.

Le conseil d’administration avait validé tous les quatre points que je viens d’énumérer. Mais, à nos jours, seul le premier point a été respecté, à savoir ma nomination comme Manager général. Malgré cette situation, j'ai continué à travailler sur demande des membres du conseil administration en attendant l’assemblée générale extraordinaire du club qui aura lieu le samedi 4 mars, car toutes les structures en charge de la gestion du club seront redéfinies

Maintenant que les supporters ont manifesté hier après la défaite contre Canon de Yaoundé pour exiger votre retour au sein de la direction de cette équipe, est ce que vous êtes disposé à revenir si le président annule sa décision ?

Déjà la décision du Président du conseil d’administration ne me concerne pas, car, sa décision est illégale. J'ai le soutien du conseil d'administration, des élites et des autorités. Mon souhait n'est pas d’être Président du conseil d’administration de Bamboutos de Mbouda. Je demande simplement qu’on me laisse travailler selon les termes de mon contrat. Je souhaite qu’on me juge sur les résultats. La prochaine assemblée générale du club décidera de mon maintien ou pas.

Vous avez abandonné famille et amis en Allemagne vous venir au Cameroun tenter une nouvelle expérience. Avec tout ce que vous vivez actuellement, vous le regrettez ? Êtes-vous déçu ?

Je suis déçu, car après 20 ans de vie en Allemagne et 18 ans de professionnalisme, je constate dans les coulisses du football camerounais que les dirigeants s’accaparent le pouvoir des équipes communautaires.

Certains s’en foutent des administrateurs, des élites et des chefs traditionnels. Je suis déçu, mais je ne regrette pas, car Bamboutos FC est l’équipe de mon cœur et de mon village. Mon ambition est de sortir cette équipe de l’amateurisme qui caractérise sa gestion. Et si moi, le seul fils des Bamboutos qui a réussi aussi loin dans le foot ne parle pas, qui le fera ? Mon père a joué dans Bamboutos de Mbouda. Bref, il y a plusieurs raisons pour que je me donne entièrement pour la réussite de cette équipe.

Êtes-vous prêt à tenter une nouvelle expérience avec une autre équipe ?

Je ne tenterai aucune autre aventure dans une autre équipe du Cameroun, car je sais que partout ce n’est pas facile de faire passer ses idées novatrices. Mon objectif actuel est de mettre mon expérience au profit de l'équipe de mon village sans être tribalisme et faire de Bamboutos de Mbouda la meilleure équipe au Cameroun avec le soutien de tout le monde bien évidemment.

Le peu de temps que vous avez passé au pays natal à préparer Bamboutos de Mbouda pour la Ligue 1, quelle perception vous avez de l’organisation du football dans notre pays ?

L’organisation du foot au Cameroun n'est pas un problème de capacité, car nous avons tout ce qu’il faut, principalement des hommes, de l'argent, du savoir-faire et de l’engouement sur le plan populaire. Le problème de notre football est l’opacité que les dirigeants des clubs font de leur gestion. La mangeoire et le clientélisme ont pris le dessus sur la capacité des hommes à innover et à bien travailler. Nos dirigeants doivent apprendre à rendre compte de leur gestion.