Au-delà du lapsus qui a défrayé la chronique, un autre aspect de l'allocution de Cavaye Djibril à Maroua soulève de sérieuses questions juridiques : le Président de l'Assemblée nationale a arboré l'écharpe aux couleurs nationales tout en portant une tenue aux couleurs du RDPC.

Selon les textes en vigueur, notamment l'Article 5 du Chapitre II relatif à l'écharpe, "l'écharpe aux couleurs nationales mentionnée ci-dessus ne peut être arborée avec les symboles d'un parti politique, d'une association ou d'une organisation religieuse."

Cette disposition vise précisément à préserver la neutralité des symboles de la République et à éviter toute confusion entre l'exercice d'une fonction officielle et l'appartenance partisane.

L'ironie de la situation n'échappe à personne, comme le souligne l'analyste politique Noutack II : "Il est pourtant depuis des décennies le patron de la chambre qui vote les lois !!!"
Comment le Président de l'institution chargée de voter les lois peut-il lui-même enfreindre les textes qu'il est censé promouvoir et faire respecter ? Cette contradiction alimente les critiques sur l'exemplarité des responsables politiques camerounais.

Ce manquement aux règles établies par les textes officiels pose un problème de principe. Si les plus hautes autorités de l'État s'affranchissent des dispositions légales relatives aux symboles de la République, quel message est envoyé aux autres élus et aux citoyens ?

L'écharpe tricolore symbolise l'autorité de l'État et la continuité républicaine. Son instrumentalisation à des fins partisanes, même involontaire, constitue une atteinte à la dignité des institutions et à la séparation nécessaire entre l'État et les partis politiques.

Contacté, l'entourage du Président de l'Assemblée nationale n'a pas souhaité commenter cette affaire.