La situation sociopolitique actuelle du Cameroun interpelle tout le monde. Les corps habillés, souvent réputés être de grands muets, se mêlent aussi aux débats. C’est assez illustratif de l’ampleur de la gravité des choses.
Un officier supérieur de l’armée, ayant certainement vu comment le changement s’est opéré au Gabon avec Ali Bongo poussé vers la sortie par Brice Clotaire Oligui Nguema, prend une initiative. Le concerné commence par s’adresser au président de la République, Paul Biya. « Retirez-vous », lui dit-il sans avoir peur. Notre rédaction vous propose de lire le contenu de sa lettre.
Nous ne parlons pas au nom de l'ensemble des forces de défense, rôle qui incombe au ministère de la Défense, mais nous sommes une équipe d'hommes en tenue (tous grades confondus) qui suivons l'actualité et qui analysons avec l'objectivité optimale, surtout sur le plan sécuritaire.
Monsieur le président, vous devez écouter le peuple. Le peuple profond qui vous parle depuis un certain temps. Le peuple des villes et des campagnes. Le pays va mal tout le monde le voit et le vit, y compris les hommes en uniforme. Nous sommes le peuple avant d'être militaire et nous y retournons après le service militaire.
Votre candidature à l'élection du 12 octobre était déjà en soi un non-sens. Mais il n'est pas tard, vous devez passer la main au soir du 12 octobre 2025 parce que la tendance ne vous donne pas favori. Vos œuvres et vos réalisations sont nombreuses. Ne gâchez pas ce grand parcours que vous avez fait aux côtés du peuple depuis plusieurs décennies.
Votre force à beaucoup diminué, votre mémoire aussi vous quitte petit à petit, n'en déplaise aux pyromanes qui vous entourent, vous n'êtes plus vous-même. Passez la main et retirez-vous pour jouir d'une retraite méritée. Le Cameroun ne va pas s'effondrer après vous. Nous avons la conviction que les Camerounais qui aspirent à vous remplacer portent le même rêve que vous. Celui de développer le Cameroun et le moderniser.
En cas de déflagration, c'est toujours nous qui payons le prix fort et du coup on se demande si la vie de l'homme en tenue vaut moins que celle du politicien ? Chaque fois que vous prenez des mauvaises décisions politiques, ce sont les hommes en tenue qui en pâtissent. Ce sont des milliers de militaires gendarmes et policiers qui sont tombés au Noso et à l'extrême-nord de notre pays. Pourquoi ne pouvez-vous pas anticiper sur les crises ? Nous ne supportons pas de réprimer une population qui a déjà faim et soif. Une population qui réclame plus de libertés, des réformes politiques et des meilleures conditions sociales. Quoi de plus normal !
L'élection du 12 octobre doit être ouverte et apaisée. Quand on observe son déroulement, tout à l'air cadenassé et verrouillé ce n'est pas bon le monde nous regarde. Remettez le ballon au centre.
Allez-vous enfin écouter cette jeunesse qui a longtemps cru en vous et qui aujourd'hui a perdu tout espoir, mais qui en même temps est déterminé à se faire entendre ? N'ouvrez pas une nouvelle crise dont le contrôle peut vous échapper. Nos vies aussi sont utiles, du moins pour nos familles. Nous sommes la grande muette, mais pas la grande aveugle. Vous contrôlez tous les appareils et tous les moyens de l'État que vous utilisez pour opprimer vos adversaires ce n'est pas sérieux.
Les opposants ne sont pas des criminels, ils aiment ce pays autant que vous. Certains ont fait leurs preuves auprès de vous, arrêtez de les diaboliser. Asseyez-vous autour d'une table avec vos adversaires et discutez de l'avenir du Cameroun.
Donnez un peu de crédit à cette élection puisque vous vous proclamez démocrate. Mettez-vous sur la même ligne de départ que les autres candidats avec un juge impartial et vous comprendrez la souffrance des Camerounais.
Cette petite analyse c'est le sentiment des hommes dans les casernes. 4 militaires sur 5 vous diront la même chose. En tout cas réfléchissez très bien pour éviter des surprises. La solution est entre vos mains.