Actualités of Wednesday, 20 August 2025
Source: www.camerounweb.com
Après la tentative du Ministère des Sports de remettre en question sa candidature, le camp de Samuel Eto'o livre une riposte juridique cinglante et accuse le MINSEP de ne pas être "sur le droit chemin". Une leçon de droit constitutionnel qui promet de faire du bruit.
Face aux manœuvres du MINSEP visant à écarter Samuel Eto'o de la course à sa propre succession, les défenseurs de l'actuel président de la FECAFOOT ne mâchent pas leurs mots. Leur réaction, aussi technique que percutante, remet les pendules à l'heure sur le plan juridique.
"Le droit camerounais et le code électoral de la FECAFOOT (2021) stipulent en général que seules les condamnations pénales définitives rendues par les juridictions camerounaises sont opposables dans le cadre d'une élection fédérale", martèlent-ils d'entrée de jeu, établissant ainsi les fondements légaux de leur argumentation.
L'argumentaire se précise avec une distinction cruciale en matière de droit international : "Une condamnation étrangère n'a d'effet au Cameroun que si elle est exequaturée (reconnue et validée par une juridiction camerounaise)."
Cette précision technique, loin d'être anodine, constitue le socle de la défense d'Eto'o. Elle souligne que toute tentative d'invoquer des procédures judiciaires étrangères pour disqualifier le président sortant serait juridiquement irrecevable au Cameroun.
L'argument massue vient ensuite avec l'invocation du Tribunal Arbitral du Sport (TAS), la plus haute juridiction sportive mondiale : "Nul besoin de rappeler que l'éligibilité et la légitimité de Samuel Eto'o à la tête de la FECAFOOT ont déjà été portées au TAS et les demandeurs ont été régulièrement déboutés."
Pour le camp Eto'o, le message est clair : "Pour la plus haute juridiction du sport qui est le TAS, c'est une affaire déjà jugée et classée." Cette référence constitue leur bouclier juridique le plus solide, rendant caduque toute nouvelle tentative de remise en question de l'éligibilité de leur champion.
"Gesticulation de fin de règne"
Le ton se durcit quand les partisans d'Eto'o qualifient les manœuvres actuelles de "gesticulation de fin de règne". Cette formule assassine suggère que les tentatives de disqualification relèveraient davantage de calculs politiques désespérés que de véritables considérations juridiques.
La métaphore du "Zelensky de l'opposition camerounaise" utilisée en titre témoigne d'une volonté de tourner en dérision leurs adversaires, les comparant à une figure de résistance acharnée mais vouée à l'échec selon eux.
Stratégiquement, les défenseurs de Samuel Eto'o rappellent que "les élections du bureau exécutif de la FECAFOOT se tiendront en fin novembre, donc logiquement après la formation du nouveau gouvernement d'après élections présidentielles qui aura déjà emporté Mouelle Kombi."
Cette allusion directe au ministre actuel des Sports suggère que les rapports de force pourraient considérablement évoluer avec les changements politiques annoncés. Un calcul qui transforme les élections fédérales en enjeu dépassant largement le cadre sportif.
En affirmant que "l'ADN de la FECAFOOT c'est le droit et les textes", le camp Eto'o revendique une approche strictement légaliste du conflit. Cette posture vise à délégitimer toute intervention politique dans un domaine qu'ils estiment relever exclusivement du droit sportif et de l'autonomie fédérale.
Cette contre-offensive juridique met le MINSEP dans une position délicate. Accusé de ne pas être "sur le droit chemin", le ministère de tutelle voit ses arguments techniques contestés point par point par une défense rodée et bien documentée.
La bataille qui s'annonce promet d'être intense, opposant deux visions de la gouvernance du football camerounais : celle du contrôle étatique strict et celle de l'autonomie fédérale protégée par le droit international sportif.
Au-delà des joutes oratoires, ce conflit pourrait bien se transformer en véritable bataille judiciaire. Avec d'un côté un MINSEP déterminé à faire respecter ses prérogatives de tutelle, et de l'autre un Samuel Eto'o fort de ses soutiens juridiques internationaux, le football camerounais s'apprête à vivre des semaines décisives.
Le dénouement de ce bras de fer pourrait redéfinir durablement les relations entre l'État et les instances sportives au Cameroun, avec des implications qui dépasseront largement le seul cadre de la FECAFOOT.