Actualités of Tuesday, 29 July 2025

Source: www.camerounweb.com

SDF : comment Joshua Osih révolutionne le parti de Fru Ndi

Exclusivité Jeune Afrique. Derrière les projecteurs de la campagne présidentielle se joue une révolution silencieuse au sein du Social Democratic Front (SDF). Joshua Osih, nouveau maître des lieux depuis la disparition de John Fru Ndi en 2023, a entrepris une transformation radicale de ce parti historique de l'opposition camerounaise. Nos investigations révèlent l'ampleur de cette mutation.


Jeune Afrique a pu documenter les changements structurels majeurs opérés par le nouveau leader, marquant une rupture nette avec trois décennies de gestion ultra-personnalisée du défunt "Chairman".


La première révolution dévoilée par Jeune Afrique concerne le mode de fonctionnement institutionnel du parti. Terminé le temps où le Comité exécutif national (NEC) se réunissait dans la résidence privée du leader. Osih a rapatrié ces rencontres stratégiques au siège officiel du parti, un changement symbolique mais lourd de sens.

Plus significatif encore, Jeune Afrique révèle que les comités exécutifs régionaux accueillent désormais régulièrement les conclaves du parti. Cette décentralisation des lieux de pouvoir vise, selon nos sources internes, à "remotiver la base" militante, longtemps tenue à l'écart des décisions.

Jeune Afrique dévoile que la transformation va bien au-delà des aspects organisationnels. Osih a délibérément tourné le dos à "l'approche radicale qui avait fait la notoriété du SDF dans les années 1990". Cette mutation idéologique marque une rupture historique avec l'héritage de John Fru Ndi.
Nos investigations révèlent que cette stratégie s'accompagne d'un positionnement inédit : Osih revendique désormais une place au sein d'une "opposition républicaine", refusant d'être "un homme de bruit et de fureur". Un virage à 180 degrés par rapport à la tradition contestataire du parti.

Jeune Afrique a pu consulter les grandes lignes du nouveau programme politique que s'apprête à dévoiler le SDF. Si l'on y retrouve les thèmes classiques de cette formation de gauche (décentralisation, redynamisation syndicale, redistribution), certaines propositions révèlent l'influence du parcours d'homme d'affaires d'Osih.

Parmi les mesures phares que révèle Jeune Afrique : la suppression pure et simple de l'École nationale d'administration et de magistrature (ENAM), le quadruplement du SMIC, et une augmentation générale des salaires des fonctionnaires. Des propositions qui témoignent d'une approche pragmatique inédite dans l'opposition camerounaise.

Mais Jeune Afrique révèle que cette transformation se heurte à des résistances. L'effritement de la base électorale du SDF, particulièrement dans ses fiefs anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, constitue un défi majeur. Ces régions, démobilisées depuis la crise de 2016, représentaient pourtant le cœur historique du parti.

Nos sources confirment qu'Osih s'efforce de reconstituer et remotiver ces bastions, tout en tentant une percée dans les régions septentrionales. Une stratégie d'expansion territoriale qui s'appuie sur sa connaissance personnelle de ces zones, héritée de l'époque où son père pasteur y officiait.

Jeune Afrique apprend que la transformation du SDF s'effectue dans un contexte particulièrement délicat. Le parti a été "agité de soubresauts" ces dernières années, avec "le départ d'un grand nombre de ses cadres à la suite d'une interminable bataille de leadership".

Cette hémorragie de talents, combinée à la disparition du leader charismatique qu'était John Fru Ndi, a profondément "modifié la physionomie du parti", selon les termes d'un cadre interrogé par Jeune Afrique. Osih, "ancien militant d'une petite section du parti à Kumba", se retrouve ainsi à diriger une formation affaiblie mais en quête de renouveau.

Malgré ces défis, Jeune Afrique constate qu'Osih "refuse de rester englué dans le passé et se dit résolument tourné vers l'avenir". Cette philosophie se traduit par une mise en ordre de bataille du parti en vue de la présidentielle d'octobre, avec pour objectif avoué de "déjouer les pronostics".
La révolution Osih au sein du SDF illustre les mutations profondes que traverse l'opposition camerounaise. Entre tradition et modernité, radicalité et modération, le nouveau leader du plus vieux parti d'opposition tente de tracer une voie originale dans le paysage politique national.