Jeune Afrique dévoile la stratégie diplomatique de l'opposant pour obtenir des soutiens internationaux. De Paris à Washington, en passant par N'Djamena et Abuja, Tchiroma Bakary active tous ses contacts pour isoler le régime.
Pendant que les rues de Garoua et Douala s'embrasent, un autre front s'ouvre dans les chancelleries. Jeune Afrique révèle qu'Issa Tchiroma Bakary a mis sur pied une véritable équipe diplomatique pour récolter des soutiens internationaux et faire pression sur Paul Biya.
Selon les informations exclusives obtenues par Jeune Afrique, l'opposant compte sur ses contacts – notamment pris pendant son long mandat de ministre de la Communication – pour mobiliser des appuis stratégiques. La France et les États-Unis figurent en bonne place sur sa liste, mais pas seulement.
Jeune Afrique a appris que le Nigeria et le Tchad, pays frontaliers du Cameroun, font également l'objet d'une attention particulière via des relais locaux. L'objectif de Tchiroma, selon nos sources, serait de convaincre ces puissances régionales d'aider à négocier le départ programmé de Paul Biya dans un calendrier acceptable par l'opposition.
Pendant ce temps, le camp Biya joue sa propre partition diplomatique. Jeune Afrique constate que, fort de la légalité que lui confèrent les institutions – même décriées – et l'absence de critiques internationales majeures sur la tenue du scrutin, le pouvoir s'attache à rassurer ses partenaires étrangers, européens et africains.
Un bras de fer diplomatique s'engage donc, où chaque camp tente de rallier à sa cause la communauté internationale. « Le Conseil constitutionnel dirigé par Clément Atangana aurait dû remplir le rôle d'arbitre, mais son impartialité n'est pas reconnue par l'opposition », note Jeune Afrique.
Mais Tchiroma Bakary ne mise pas uniquement sur la diplomatie. Jeune Afrique révèle que l'opposant a identifié un autre levier crucial : l'armée et les forces de l'ordre camerounaises. Dans l'hypothèse d'une large contestation populaire et d'une possible répression, celles-ci font l'objet d'une attention particulière de sa part.
Issa Tchiroma Bakary a d'ores et déjà appelé les hommes en tenue à se mettre du côté du « peuple » le moment venu. Toutefois, Jeune Afrique observe que l'édifice de l'armée et des forces de l'ordre construit par Paul Biya ces dernières décennies est particulièrement solide et étroitement contrôlé par le pouvoir en place.
Cette bataille pour les soutiens internationaux intervient dans un contexte régional particulièrement sensible. Les diplomates interrogés par Jeune Afrique redoutent un effet domino dans la sous-région, où plusieurs régimes sont déjà fragilisés.
La proximité du Nigeria, du Tchad et de la Centrafrique complique également la donne sécuritaire. Comme le confie à Jeune Afrique une source diplomatique : « La région de l'Extrême-Nord est encore en proie aux jihadistes issus de Boko Haram, qui pourraient aussi vouloir profiter du chaos. C'est pour cela qu'il faut à tout prix chercher une voie de compromis politique. »
Le temps presse, et la fenêtre diplomatique pourrait se refermer rapidement si la violence continue de s'intensifier.









