Actualités of Thursday, 8 May 2025

Source: www.camerounweb.com

SCANDALE JUDICIAIRE : l'affaire Gaby Ebele Kondo ébranle le Cameroun, le rôle trouble de Laurent Esso

C'est une affaire qui jette une lumière crue sur les dysfonctionnements du système judiciaire camerounais. En moins de 24 heures, les biens de l'homme d'affaires Gaby Ebele Kondo, saisis dans le cadre d'une procédure judiciaire, ont été intégralement restitués suite à une nouvelle décision de justice, soulevant de graves interrogations sur l'indépendance des institutions du pays.
La première saisie, longuement retardée avant d'être finalement exécutée, avait permis de découvrir un véritable trésor dans les propriétés de l'homme d'affaires. Selon nos sources, pas moins de trois Rolls-Royce, dont une Ghost évaluée à plus de 400 millions de FCFA, une Maybach dernier modèle estimée à 350 millions de FCFA, et plusieurs SUV de luxe dormaient dans les garages de sa résidence principale située dans un quartier huppé de la capitale.
Comment expliquer un tel revirement judiciaire en si peu de temps ? Selon plusieurs sources concordantes, Gaby Ebele Kondo entretiendrait des relations privilégiées avec Laurent Esso, ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux.

« Cette proximité avec le patron de la justice camerounaise n'est un secret pour personne dans les milieux d'affaires et judiciaires de Yaoundé », confie sous couvert d'anonymat un avocat familier du Palais de Justice. « Il suffit d'un coup de fil pour que les procédures soient accélérées ou, au contraire, enterrées. »

Cette influence présumée expliquerait la rapidité exceptionnelle avec laquelle la décision de saisie a été annulée, alors que les procédures judiciaires au Cameroun sont habituellement caractérisées par leur lenteur.
L'affaire prend une dimension encore plus inquiétante lorsqu'on sait que Gaby Ebele Kondo est actuellement débiteur d'Afriland First Bank pour un montant pharaonique de 1,6 milliard de FCFA. Ce prêt, garanti par une hypothèque sur un terrain de 1350 m², reste impayé malgré les multiples relances de l'établissement bancaire.

« Si même une décision de justice ne peut être exécutée, comment les banques peuvent-elles espérer récupérer leurs fonds ? », s'interroge un cadre supérieur du secteur bancaire camerounais. « Nous sommes face à une situation où certains individus semblent au-dessus des lois, ce qui crée un précédent extrêmement dangereux. »

Les véhicules de luxe découverts lors de la saisie témoignent d'un train de vie fastueux qui contraste violemment avec la situation d'endettement de l'homme d'affaires. Outre les Rolls-Royce et la Maybach, les huissiers avaient également inventorié une collection de montres de luxe, des œuvres d'art et du mobilier haut de gamme, le tout estimé à plusieurs milliards de FCFA.
« Comment peut-on posséder une flotte de véhicules dont la valeur dépasse le milliard de FCFA tout en refusant de rembourser ses dettes ? », s'indigne un économiste camerounais. « Et surtout, comment l'appareil judiciaire peut-il cautionner de telles pratiques ? »

Cette affaire pourrait avoir des répercussions majeures sur l'économie camerounaise, particulièrement sur le secteur bancaire. Le non-respect des décisions de justice en matière de recouvrement de créances risque d'inciter les banques à restreindre drastiquement leurs prêts, affectant directement le financement de l'économie.

« Pourquoi prêter si nous n'avons aucune garantie de pouvoir récupérer nos fonds en cas de défaut de paiement, même avec une décision de justice en notre faveur ? », interroge un directeur de banque sous couvert d'anonymat. « Cette situation pourrait conduire à une véritable crise de confiance. »
Au-delà du secteur bancaire, c'est l'image même du Cameroun qui est ternie aux yeux des investisseurs internationaux. La Banque mondiale et le FMI ont régulièrement pointé du doigt les faiblesses du système judiciaire camerounais comme frein majeur au développement économique du pays.

Cette affaire met en lumière les dysfonctionnements d'un système judiciaire que beaucoup considèrent comme étant sous influence politique. « Quand une décision de justice peut être annulée en moins de 24 heures pour un ami du ministre, c'est toute la crédibilité de l'institution qui est remise en question », analyse un professeur de droit de l'Université de Yaoundé II.

La Constitution camerounaise garantit pourtant l'indépendance du pouvoir judiciaire. L'article 37 stipule clairement que « la justice est rendue sur le territoire de la République au nom du peuple camerounais » et que « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif ».
Face à ce scandale, plusieurs voix s'élèvent pour réclamer une réforme en profondeur du système judiciaire camerounais. « Il est temps de mettre fin à cette justice à deux vitesses qui favorise les puissants et leurs proches », plaide un responsable d'ONG spécialisée dans la bonne gouvernance.
Les conséquences de cette affaire pourraient être particulièrement graves pour l'économie camerounaise :


Malgré la restitution des biens saisis, l'affaire Gaby Ebele Kondo est loin d'être terminée. Afriland First Bank pourrait porter l'affaire devant des juridictions supérieures, voire internationales, pour tenter de récupérer sa créance.