La condamnation définitive d’Emmanuel Lebou prononcée par le Tribunal Criminel Spécial (TCS), pour avoir orchestré un vaste réseau de corruption en créant 2 601 faux comptes de salaires et qui lui avait permis de détourner près de 1,8 milliard de francs CFA par mois sur une période de dix ans, n’a pas finalement dissuadé de nouveaux délinquants. Des responsables du ministère des Finances du Cameroun sont soupçonnés d'avoir introduit plus de 20.000 fonctionnaires fictifs de l'Etat dans les fichiers soldes.

L’information a été révélée par le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra).

En effet, selon les chiffres officiels, cette fraude massive concerne notamment 5.000 enseignants, y compris des chefs d’établissement, ainsi que 2.500 personnels de santé, médecins et infirmiers. Ces agents inexistants coûtaient à l’État plus de 46 milliards de francs CFA chaque année. Parmi eux, 12.000 verront leurs soldes suspendues dès janvier prochain.

Afin de lutter contre ce fléau, le Minfopra avait procédé au lancement en janvier dernier de l’application Aigles, couplée aux opérations de comptage physique des personnels de l’État (Coppe), dont l’objectif était d’assainir la gestion des effectifs et de la solde.

Selon les informations relayées par la journaliste Mimi Méfo, du côté des syndicats, les soupçons se portent sur certains hauts responsables de la direction de la solde au ministère des Finances. Ces derniers sont accusés d’introduire régulièrement de fausses immatriculations. Ainsi, en novembre 2024 déjà, 1.172 agents avaient été radiés, portant à 4.027 le nombre total de fonctionnaires rayés. Le gouvernement espère récupérer 15,5 milliards FCFA grâce à cette traque, signe d’un combat encore loin d’être gagné.