Actualités of Monday, 9 June 2025

Source: www.camerounweb.com

Séquestration : Maurice Kamto fait une sortie surprise ce lundi

Depuis sa résidence où il se dit "séquestré" par les forces de l'ordre, Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et candidat déclaré à l'élection présidentielle d'octobre 2025, a publié ce dimanche un message philosophique et politique fort, appelant ses compatriotes à vaincre la peur face au "terrorisme d'État".

Dans sa "Pensée de MK N° 070-2025", diffusée alors qu'il était empêché de rejoindre ses milliers de partisans rassemblés au siège du MRC à Deido, Maurice Kamto livre une réflexion profonde sur la peur comme instrument de domination politique.

"Entre nos mains se trouvent les clés de notre avenir individuel et collectif, les clés de la victoire tant espérée du changement par l'alternance démocratique", écrit l'opposant, établissant d'emblée le cadre de son combat politique.

L'ancien candidat à la présidentielle de 2018 n'hésite pas à établir un parallèle saisissant entre le "terrorisme d'État" et celui de Boko Haram : "Le terrorisme d'État qui déploie les engins de répression payés avec nos impôts pour briser la volonté des citoyens pacifiques n'est pas moins horrible et détestable que le terrorisme de Boko Haram qui fauche les vies de nos compatriotes."

Cette comparaison, particulièrement audacieuse, illustre le durcissement du discours de Maurice Kamto face à ce qu'il perçoit comme une répression systématique de l'opposition au Cameroun.
Au cœur de sa réflexion, Maurice Kamto développe une philosophie de la résistance : "Nous avons une seule vie et par la peur on nous empêche de la vivre en plénitude. La peur n'a jamais sauvé personne, elle nous réduit à la servitude avant de nous achever définitivement."
Il conclut par un appel martial : "Tue la peur en toi avant qu'elle ne te livre", exhortant ses compatriotes à surmonter l'intimidation pour conquérir leur liberté politique.

Cette publication intervient dans un contexte de forte tension à Douala, où des milliers de militants du MRC s'étaient rassemblés ce dimanche au siège du parti, espérant rencontrer leur leader de retour de Paris.

Arrivé samedi soir dans la capitale économique, Maurice Kamto avait prévu de "communier avec ses soutiens" avant de regagner Yaoundé. Mais un imposant dispositif sécuritaire déployé autour de sa résidence l'a empêché de rejoindre ses partisans.

Au quartier Deido, des milliers de militants ont scandé des chants à la gloire de leur président, sous le regard vigilant des forces de l'ordre déployées en nombre. La tension est montée au fil de la journée, faisant craindre des affrontements entre les partisans enthousiastes et les forces de sécurité.
"Vous voyez la militarisation à outrance du siège du parti dans la région. Mais je peux vous dire que rien aujourd'hui ne pourra empêcher le président de venir saluer la population massée", déclarait avec optimisme un militant, avant que la réalité ne vienne démentir cet espoir.

À 16h, Maurice Kamto a dû se résoudre à annoncer par vidéo qu'il était "séquestré" à sa résidence. Dans un message empreint de déception, il a expliqué : "J'aurais bien voulu vous rencontrer au siège du Mouvement pour la renaissance du Cameroun à Deido, mais à l'heure où je vous parle je suis toujours séquestré et il est 16h. Je ne voudrais pas qu'une telle rencontre si elle était encore possible ait lieu la nuit."

Cette déclaration a contraint des milliers de partisans à rentrer chez eux, la déception visible sur les visages après une journée d'attente sous le soleil de Douala.

Malgré l'empêchement physique, Maurice Kamto a su transformer sa "séquestration" en tribune politique. Sa publication philosophique résonne comme un manifeste de résistance, où il théorise la peur comme l'arme principale des régimes autoritaires.

En établissant un parallèle entre "terrorisme d'État" et terrorisme armé, l'opposant camerounais franchit un cap rhétorique significatif, assumant pleinement son rôle de figure de l'opposition radicale.

Cette journée de mobilisation contrariée laisse Douala sous tension, les autorités redoutant de nouvelles manifestations dans les jours à venir. La popularité de Maurice Kamto, attestée par la mobilisation spontanée de ses partisans, confirme son statut de principal opposant au régime en place.