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Actualités of Thursday, 30 December 2021

Source: Forum Libre

Sécurité et paix au Cameroun: Paul Biya dépassé par les évènements !

Paul Biya est passé à côté de son objectif de 2021 qui était celui d’assurer la sécurité et la paix Paul Biya est passé à côté de son objectif de 2021 qui était celui d’assurer la sécurité et la paix

Le fond du discours de Paul Biya, du 31 décembre 2020, était globalement mobilisateur. Une mobilisation autour de quatre grands centres d’intérêt, qui appelait l’attention des Camerounais au cours de l’année 2021 : la suite de la bataille contre la Covid-19, la poursuite du programme de développement économique du pays, la préservation de la paix et de la sécurité, et le processus démocratique au Cameroun. Malheureusement, s’agissant de ces derniers points, on a plutôt assisté à un statu quo, avec même une surexcitation, pour ce qui est de la crise dans le NoSo et les crises intercommunautaires à répétitions dans les départements du Logone et Chari et du Mayo Danay.

Dans son adresse à la nation, en fin d’année 2020, Paul était apparu comme un père de famille qui voit le danger dans les comportements de ses enfants et tire la sonnette d’alarme dans le seul but d’assurer la sécurité et la paix sur toute l’étendue de notre territoire national. « Dans le premier cas, il s’agit de bandits de grands chemins, attirés par des proies faciles que constituent de paisibles éleveurs et leurs troupeaux. Dans le second, ce sont désormais des raids isolés de Boko-Haram ou des tentatives d’attentats-suicides sont confiés à des adolescents. La vigilance et l’action efficaces de nos forces de défense et de sécurité ont fait diminuer sensiblement les actes de ces criminels. », avait indiqué.

C’est ainsi qu’il avait rappelé la bonne conduite et les risques encourus, tout en faisant preuve de fermeté quand la mauvaise volonté et la malveillance se posent en obstacles au bien-être de ses compatriotes. «La liste est déjà longue des exactions et des crimes qu’ils ont commis. L’un des plus odieux est celui qui a eu lieu récemment à Kumba et qui s’est soldé par la mort de 07 écoliers et des blessures infligées à plusieurs autres(…).

C’est le moment pour moi d’en appeler, une fois de plus, à la responsabilité des pays amis qui hébergent les commanditaires et des organisations qui financent et animent, par divers canaux, les bandes armées dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Tous ceux qui, au terme des enquêtes, seront identifiés comme donneurs d’ordres ou complices de ces crimes odieux, devront répondre de leurs actes », avait-il déclaré.

Pour le reste, lé président Biya a tiré des leçons réalistes et honnêtes au sujet des avancées du processus démocratique camerounais qui a connu une nouvelle étape décisive en 2020, avec là. mise en place des conseils régionaux.

La crise dans le Noso davantage exacerbée

Entre juin et juillet 2021; au moins quatre policiers ont été tués dans une embuscade près de la ville de Bali-Nyonga, dans la région du Nord-ouest. Deux gendarmes ont été décapités dans la ville de Babadjou dans la Région de l’Ouest, frontalière avec la Région du Nord-ouest, dans le cadre d’une attaque que les autorités attribuent aux séparatistes armés. Autres cas, l’homicide par l’armée dans le 3èrae arrondissement de Bamenda d’un civil conduisant une voiture et l’enlèvement de six fonctionnaires locaux dans la ville d’Ekondo-Titi, dans la Région du Sud-ouest.

Le village de Ntong a également été durement touché, comme le montrent des images du 11 février et du 5 mars 2021.

En tout cas, les témoignages et images satellite révèlent l’ampleur des destructions dans les régions anglophones. Les recherches menées par Amnesty international révèlent la terrible ampleur des destructions causées par le conflit dans les régions anglophones du Cameroun.

Sur le terrain, les affrontements entre divers groupes armés et les forces armées camerounaises se poursuivent sans relâche et les civils en paient le prix fort, subissant des homicides illégaux, des enlèvements, des destructions d’habitations et de villages. Même le Premier ministre n’a pas été épargné lors de sa visite de paix dans la Région du Nord-ouest.

Lors de l’offensive du 16 septembre 2021, dans le département du Ngoketundja, l’un des départements de la Région du Nord-ouest, les séparatistes ont attaqué. «Al ‘aide d’un engin explosif improvisé (Eei) et d’un lance-roquettes antichar (Lrac), les insurgés ont immobilisé les véhicules de l’armée », puis ils ont ouvert le feu sur lés forces de défense, « sérieusement incapacités par la déflagration des charges explosives ».

Quatre jours plus tôt, une autre patrouille de l’armée est tombée sur des engins improvisés dans le département du Bui, dans la même Région. Le bilan des deux attaques est d’une quinzaine de morts côté soldats, et a coûté la vie plusieurs civils, trois voitures de l’armée ont également été endommagées.

Les derniers crimes odieux en date concernent les assassinats de quatre élèves et un enseignant à Ekondo Titi et autres enlèvements…

Dialogue national où es-tu ?

Toutes choses qui démontrent, une fois de plus, que le fameux dialogue national aux allures cosmétiques n’était qu’un leurre. Et pendant qu’on enregistre un regain de violence sur le terrain, le débat sur la reconstruction entamée à l’Assemblée nationale a aussi semblé décalé par rapport à la réalité. Comment peut-on parler de reconstruction dans le NoSo, au moment même où les armes crépitent encore et où le conflit a des ramifications politiques, sociales et culturelles, qui n’ont pas encore été purgées jusqu’ici ?

Cette situation est loin d’être surprenante quand on sait que la première attitude, face à ce problème, a été le déni. Pourtant, « la reconstruction n ’est pas une histoire d ’édifices, ça commence tout d’abord par lin réarmement moral pour toutes les populations dites anglophobes, pour toutes ces victimes. Il faut une reconstruction morale d’abord avant de passer à la phase matérielle. C’est un gros travail de fond », explique l’analyste politique Gérard Zambo.

A ceci s’ajoute le mauvais fonctionnement du Ddr, avec des plaintes récurrentes, y compris les manifestations des pensionnaires, qui ne cessent de décrier le mauvais encadrement et les promesses non tenues par le gouvernement.. .

Toronto, l’espoir ?

L’espoir ne viendrait-il pas du côté de Toronto, où les anglophones autour de certains leaders originaires du NoSo sont parvenus à réunir à Toronto au Canada, du 29 octobre au 1er novembre, une trentaine d’organisations séparatistes et ambazoniennes anglophones ?

Séparatistes, fédéralistes ou unionistes, tous ont accepté de se retrouver autour d’une même table, au DoubleTree Hotel de Toronto, pour tenter de ramener la paix dans les provinces du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun. « Nous savons tous qu ‘il n ’y aura pas de solution militaire à cette guerre. Nous devons donc trouver le moyen d’instaurer la paix, et cela ne sera possible que s’il y a un consensus sur le processus permettant de parvenir à un règlement négocié. », a insisté Denis Foretia, de la Coalition pour le dialogue et les négociations (Cdn, l ’Ong organisatrice).

Durant quatre jours, on a ainsi pu apercevoir dans la métropole canadienne des représentants des groupes séparatistes armés (7io-tamment ceux de l’Ambazonia governing council AgovC de Lucas Ayaba Cho), des militants sécessionnistes tels que John Mbah Akuroh, Mark Baréta, Eric Tataw, Carlson Anyangwe, ou Yerima Dabney, qui seconde Sisiku Ayuk Tabe depuis son incarcération à la prison de Kondengui.

Mais aussi des dirigeants d’organisations de la société civile anglophone, à l’instar de l’avocat Agbor Balia, d’Esther Oman de l’Ong Reach out, et même des religieux, avec le modérateur de l’Eglise presbytérienne, Fonki Samuel Forbah, et l’archevêque émérite de Bamenda, Mgr Cornelius Fontem Esua. Une énumération qui en dit long sur la multiplicité des points de vue et, donc, sur la difficulté à parler d’une seule voix.

Au cours des prochains jours, a-t-on appris, les délégués vont explorer « les options pour faciliter la convergence stratégique », en se concentrant sur certains les piliers. Il s’agit « des mécanismes pour favoriser les négociations internes et faire avancer le dialogue au sein de la direction de la lutte ; une position éclairée sur l’éducation, l’aide/accès humanitaire et la protection des droits de l’homme ; un cadre et des principes directeurs pour la négociation ; principes directeurs pour la médiation internationale : évaluer l’espace géopolitique régional et mondial actuel, suggérer un cadre pour un processus de médiation internationale crédible et garanti, et sur la base du cadre suggéré, développer ‘une position pour la médiation internationale ».

Au Canada, au moment de refermer les débats, la Coalition pour le dialogue et les négociations a insisté sur la nécessité « d’améliorer le dialogue et la collaboration au sein du leadership de la lutte anglophone, de travailler ensemble pour établir la confiance, le respect, la tolérance et la courtoisie, de s ‘engager sur un protocole d’entente sur les communications et l’usage des réseaux sociaux. » D’ailleurs une déclaration conjointe renseignant sur le processus de négociation avec la république du Cameroun a été publiée à l’occasion.

Conflits intercommunautaires dans le Septentrion

Au-delà de la présence de Boko-Haram, qui a renoué avec quelques apparitions ces derniers temps, les affrontements intercommunautaires entre éleveurs, pêcheurs et agriculteurs, qui ont éclaté dans la Région l’Extrême-nord, département du Logone-et-Chari, ont chassé au moins 100.000 personnes de leurs foyers, créant une situation d’urgence humanitaire.

Au total, selon le bilan officiel, plus de 22 .personnes ont été tuées et 30 autres blessées dans ces affrontements intercommunautaires meurtriers. Plus de 30.000 personnes ont été forcées à fuir au Tchad voisin.

Jusqu’à ce jour, le gouvernement camerounais, en dehors d’une visite de réconfort, n’a pas encore engagé un dialogue franc entre les deux communautés, pour obtenir l’apaisement nécessaire et la reprise des activités. Les différentes communautés vivantes dans les départements du Logone et Chari et du Mayo Danay craignent l’infiltration des membres de la secte Boko Haram dans ce conflit qui a vu des combattants arabes choas et mousgums se déplacer du Tchad pour venir tenir mains fortes à leurs frères installés dans le Logone et Chari.

Les autorités administratives locales sont dépassés. Jusqu’à ce jour jour, les tensions couvent car les différentes factions s’épient malgré la descente éclair du Minât Atanga Nji. Les populations qui croupissent déjà dans la misère réclament une véritable assise afin dé débattre des problèmes de fond de ce département en présence des victimes et des élites crédibles de la région et des communautés Kotokos, Arabes choas, Mousgums, Massa, Kanuri crédibles comme Ibrahim Talba Malta, Alamine Ousmane Mey, Abakar Ahamat, Mounouna Foutsou, les Généraux Assoualai et Mahamat Ahmed Kotoko , Said Kamsou-loum, Mahamat Mamadi, Barka Abouya.. .sans oublier les autorités traditionnelles.

En définitive, Paul Biya est passé à côté de son objectif de 2021 qui était celui d’assurer la sécurité et la paix sur toute l’étendue de notre territoire national. Notamment à cause de la non-maîtrise de la situation par le gouvernement.