Actualités of Friday, 5 September 2025
Source: www.camerounweb.com
« De la vision fédéraliste du PCRN au plaidoyer communautaire : le détour dangereux », c’est une production qui complique davantage le cas déjà grave de l’opposant Cabral Libii. Cabral Libii prend trop de coups depuis quelque temps. Une campagne nocive est même lancée contre lui, destinée à ne pas voter pour lui pour l’élection présidentielle d’octobre à laquelle il devrait participer, sauf revirement de situation à la dernière minute.
La politique du député et chef du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) ne convainc plus et c’est même un euphémisme. Beaucoup de Camerounais le vomissent et ne veulent plus entendre parler de lui, ce qui fait envisager à l’homme une retraite politique pour se concentrer à ses affaires, nous indique une source.
L’écrivain et expert en approche par les compétences, Maurice Djiongo, a dit des mots qui défraient chronique. Il a publié un texte qui est « une réponse aux sollicitations des soutiens du Parti camerounais pour la réconciliation nationale qui réagissent régulièrement sur notre mur ». C’est une véritable leçon qu’il fait à ce fan de Cabral Libii, qui est lui-même malmené sur la toile pour ses sorties exagérées et sa collaboration officieuse avec le régime en place.
Parmi les nombreux commentaires reçus, celui de Germain Ntamack Christian est particulièrement révélateur. Résumé de son propos. En substance, Germain affirme qu’on ne doit pas juger le projet du PCRN à partir de théories « venues d’ailleurs ». Le fédéralisme n’est pas contraire à l’unité nationale.
Dans le monde, les fédérations gardent toujours une base ethnique ou raciale. Il faut « décoloniser nos mentalités » pour comprendre cette réalité. Le projet du PCRN est un fédéralisme contextualisé, adapté au Cameroun. Ce projet vise à rétablir l’ordre et l’égalité, sans haine ni division. Ceux qui s’y opposent le font par peur, et « savent pourquoi ils ont peur ».
Bref, il défend l’idée que le fédéralisme communautaire du PCRN est une voie camerounaise légitime, qui corrige les injustices sans menacer l’unité nationale. À première vue, le raisonnement paraît solide. Mais il souffre d’une faiblesse méthodologique majeure : le sujet annoncé est : « De quel ancrage philosophique (vision) parle-t-on ? ».
La problématique réellement traitée devient : « Fédéralisme vs unité nationale ». C’est ce qu’on appelle un argument fallacieux : on promet de parler de philosophie (références, auteurs, concepts), mais on répond à côté, en défendant un modèle institutionnel.
Les limites de cet argumentaire. Pas de références philosophiques : aucune mention d’auteurs (Rousseau, Montesquieu, Towa, Eboussi…), seulement une invocation vague de « philosophie fédéraliste ». Slogans au lieu d’arguments : « décoloniser nos mentalités », « ceux qui ont peur », formules fortes, mais sans démonstration.
Généralisation hâtive : réduire toutes les fédérations à des logiques ethniques ou raciales est faux et simpliste. Faux dilemme : comme si critiquer ce fédéralisme revenait à refuser l’unité nationale.
Parallèle avec le livre. Ce défaut dépasse le commentaire : il traverse aussi le livre du PCRN. Annonce et décalage. Le livre annonce une vision de développement (justice, égalité, décolonisation des mentalités). Mais, quand on s’attend à voir apparaître des références solides ou des solutions économiques, il ramène le débat vers le fédéralisme communautaire, centré sur les clivages identitaires (…).
Absence de filiation intellectuelle. Le livre parle d’une philosophie (vision) fédéraliste, mais sans citer aucun auteur ni concept précis. Contrairement aux grands projets politiques qui s’appuient sur des traditions claires (Rousseau pour la démocratie, Montesquieu pour la séparation des pouvoirs, Rawls pour la justice…), le livre reste dans le flou. Exemple : il invoque la « décolonisation des mentalités » sans se rattacher à Fanon, Ngugi wa Thiong’o ou Achille Mbembe (…).
Conclusion. Une vision politique sérieuse doit assumer ses sources philosophiques : dire quels auteurs l’inspirent, quels concepts elle mobilise, et comment elle les adapte au Cameroun. Le commentaire de Germain Ntamack Christian, comme le livre qu’il défend, manque cette exigence. Ils annoncent la philosophie (vision), mais livrent un plaidoyer identitaire.
La vraie question reste entière : comment concilier diversité et unité dans un État moderne, sans tomber dans le piège tribal ?