Actualités of Tuesday, 23 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Retour en force: ce discours historique de Maurice Kamto qui crée la panique à Etoudi dans le camp Biya

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À l'issue d'une Convention Extraordinaire historique, tenue en ligne face aux entraves administratives, le Président National réélu du MRC adresse un discours de clôture fondateur. Tout en exprimant sa gratitude pour le plébiscite massif des militants, il dresse un bilan sans concession des récentes turbulences internes, dénonçant les indisciplines et les manœuvres de déstabilisation. Annonçant la création d'une Commission de Clarification et de Restauration (CCR) pour assainir le parti, il appelle à un sursaut unitaire et discipliné pour affronter les défis à venir. Réaffirmant la vocation du MRC comme fer de lance du changement, il rend un hommage poignant aux prisonniers politiques et aux victimes de la répression, et galvanise les troupes pour la poursuite de la lutte, convaincu que la victoire des idées précédera celle des urnes.




CONVENTION EXTRAORDINAIRE DU MRC DU 21 DECEMBRE 2025 EN LIGNE
MON DISCOURS DE CLÔTURE

Chers Amis politiques du MRC,
A l’entame de mon propos, j’adresse mes remerciements à tous les délégués présents à cette Convention Extraordinaire ainsi qu’à l’ensemble des militants de notre parti, pour leur confiance renouvelée, leur loyauté et leur affection que témoignent, d’une part, les résultats de l’élection qui vient d’avoir lieu et, d’autre part, les nombreuses marques de soutien qui me sont parvenus depuis quelque temps. Certaines fédérations régionales, départementales et communales, ainsi que certaines Unités l’ont exprimé par courrier formel. Je leur en sais gré.

Permettez-moi maintenant d’exprimer, au nom de notre parti, ma reconnaissance au Président National a.i. M. Mamadou YACOUBA, pour ses efforts à la tête du parti au cours de cette période délicate, où la tempête levée soufflait dans toutes les directions. Malgré ses occupations professionnelles contraignantes, il a donné le meilleur de lui-même et fait preuve de dépassement lorsque c’était nécessaire pour préserver notre parti. Je demande pour lui une ovation des délégués à la présente Convention.
J’adresse également au nom du parti, mes remerciements aux cinq Vice-Présidents du parti pour leurs contributions au fonctionnement du parti, et en particulier au Vice-Président N°2, Mme Tiriane Balbine Nadège NOAH, pour avoir su s’acquitter de ses missions pendant cette période, avec courage et dignité.
Je voudrais exalter les membres du Directoire ainsi que ceux du CNMA, qui ont continué à travailler assidument et à veiller à la bonne marche du parti.
Je remercie le Secrétariat général du parti, et plus particulièrement le Secrétaire Général Bar. Chief NDONG Christopher NVEH, les trois secrétaires généraux adjoints, le Secrétaire National à l’Organisation et son équipe de soutien, ainsi que le personnel de production des cartes et le camarade qui assure la permanence au secrétariat, pour leur fidélité et leur loyauté à notre parti, leur abnégation au travail, dont l’organisation réussie de la présente Convention Extraordinaire en est un témoignage éloquent. Ils reçoivent souvent des critiques, rarement des félicitations. Je voudrais ici, au nom du parti, leur exprimer notre profonde gratitude pour leur disponibilité et leur dévouement au service du parti.

Mon appréciation au Comité des Sages, qui a accueilli avec sagesse les clarifications apportées sur certaines questions d’actualité, objet de leurs inquiétudes, et en particulier à un de ses membres, M. Magellan NGAN NGAN qui a contribué de façon remarquable par son expertise technique à l’organisation réussie de la présente Convention.
Ma profonde gratitude à nos extraordinaires Amis politiques de la Diaspora pour leur abnégation et soutien indéfectible au parti, leur amour pour le Cameroun, notre patrie commune.
Mes félicitations à ceux des Organes de base de notre parti et de nos militants qui sont restés loyaux et fidèles aux orientations fondamentales du parti, lui permettant ainsi de rester debout au milieu de la tempête.

La présente Convention Extraordinaire se tient deux ans seulement après que vous m’avez renouvelé votre confiance comme Président National du MRC en novembre 2023. Vu les circonstances, elle est non seulement un moment de renouvellement de ma légitimité grâce à vos suffrages massifs, qui témoignent de votre confiance indéfectible, mais aussi une occasion appropriée de regarder ensemble la trajectoire suivie par notre parti depuis quelque temps, et de nous projeter vers l’avenir.

Notre parti a souffert dans la tempête politique qui secoue notre pays depuis un moment, et qui du reste ne semble pas terminée. L’indiscipline, pour ne pas dire plus, a atteint dans nos rangs un niveau qui constitue une menace à l’unité et la cohésion du parti. Cela est inacceptable et il serait irresponsable de l’ignorer. Il est donc temps de redresser la barre, de retrouver notre cohésion et d’avancer soudés vers les défis politiques qui sont devant nous. Sans discipline, un parti politique ou toute autre organisation est comme un « bateau ivre », balloté par les vagues.
Le MRC est né avec la ferme volonté de faire la politique autrement. C’est pourquoi il a favorisé, dès sa création le principe de l’inclusion et de la participation des militants, le débat d’idées et même la contradiction en son sein. Mais lorsque la contradiction est irraisonnée et déloyale elle est inacceptable, parce qu’alors elle devient destructrice pour le parti.
Je voudrais être sans équivoque : il n’y aura pas de chasse aux sorcières au MRC. Si une telle intention existait, ma liste des candidats aux postes de Président National, de Vice-Présidents, de Secrétaire général et de Trésorier National du parti, que vous venez de plébisciter, aurait eu une composition différente.
Mais le MRC ne peut pas retrouver son élan et avancer puissamment sans les clarifications nécessaires. On ne peut pas pardonner sans savoir à qui on pardonne, ni ce qu’on pardonne, encore moins si personne ne reconnaît s’être trompé, même de bonne foi. C’est pourquoi je soumets à l’approbation de la présente Convention Extraordinaire la création d’une Commission de Clarification et de Restauration (CCR), qui sera mise en place par le Directoire. Cette Commission, qui sera ad hoc, aura pour mission de faire la lumière sur la conduite des uns et des autres au cours de la période allant du 6 août au 31 octobre 2025. La CCR soumettra au Directoire son rapport assorti de ses recommandations.
Je prie la Convention Extraordinaire de bien vouloir adopter une résolution en ce sens.

Mes chers Amis,
La politique exige de l’observation, la collecte des informations et leur analyse avant toute action. On ne dirige pas avec l’émotion, mais avec la raison, sous l’autorité de laquelle la validité et la pertinence de nos décisions viennent de l’appréciation froide des situations auxquelles on est confronté, et de leurs conséquences prévisibles. Au cours de la période récente, on a eu parfois le sentiment que notre parti était en proie à de la manipulation, qu’il était actionné de l’extérieur et non pas par ses propres organes. Et on a mesuré la fragilité des convictions de certains parmi nous, les impatiences qui ont ouvert la porte à tout.
Notre salut n’est pas et ne sera jamais dans l’auto-décision de chaque militant du parti, dans l’anarchie des égos et le sentiment que personne ne doit rien à personne au sein du MRC; il sera toujours dans notre cohésion et notre discipline absolue. Lorsqu’au lancement de notre parti j’avais décidé d’appeler nos militants « amis politiques » au lieu de « camarades » comme on le fait de coutume dans les partis politiques, je voulais instiller en nous l’esprit d’amitié, un sentiment de proximité agréable et de confiance. Nous ne devons pas perdre cet esprit qui nous singularise dans le champ politique camerounais.
Notre force a toujours reposé sur notre capacité à faire bloc derrière le leadership du parti. C’est la condition sine qua non de notre succès aujourd’hui et demain. Si vous avez confiance en ceux que vous avez choisis librement, vous ne pouvez ensuite être dans la défiance à leur égard. Certains d’entre nous sont à une position qui leur permet d’avoir une vue d’ensemble des situations, et parfois des informations que ne peut pas avoir chaque militant dans son coin. Ayons donc l’humilité qui s’impose, en particulier pendant les temps difficiles et d’incertitudes.
Comme vous le savez, je suis très attentif aux préoccupations de la base du parti et ouvert aux critiques constructives. Encore faut-il que les organes de base rédigent et adressent leurs rapports mensuels au Secrétariat général du parti pour exploitation et présentation au Directoire, en vue des décisions idoines. Au lieu de cela, certains responsables des organes de base ont transformé leurs positions en de véritables comptoirs où tout se marchande. Cela doit cesser.

Les haut-parleurs du régime cherchent en vain, depuis des années, à saper votre confiance en notre leadership. N’ayant aucun argument sérieux appuyé sur des faits, ils se rabattent piteusement sur nos prétendues erreurs et incohérences. Tout est basé sur la décision de boycott des élections du 9 février 2020, qui serait, selon eux, la cause du rejet de notre candidature à l’élection présidentielle du 12 octobre dernier.

J’ai déjà eu à vous le dire : même si le MRC avait pris part auxdites élections, le régime aurait quand même rejeté notre candidature à l’élection présidentielle de cette année, à partir du moment où il a su, d’après ses divers services de renseignements et ses soutiens extérieurs, que nous nous y étions préparés méticuleusement, je dirais même scientifiquement ; il savait que l’écrasante majorité des Camerounais avaient compris notre message politique, apprécie nos idées, et que nous allions à cette élection présidentielle de 2025 pour la gagner sans faute.

Chers Amis politiques,
L’adaptation permanente est une règle d’or pour un parti politique. Et puisque nos contempteurs parlent d’incohérence parce que nous avions dit qu’on irait à des élections et qu’on n’y est plus allé, je vais mentionner juste deux exemples pour montrer qu’à cette aune-là, celui qu’on présente comme étant le maître infaillible du Cameroun est sans doute le plus incohérent de tous.
Premier exemple : Après 1985, alors que les rumeurs sur le recours au FMI pour apporter une perfusion financière au Cameroun circulaient, le président du RDPC, alors Président de la République, déclarait, le 22 mars 1986 : « le Cameroun n’ira pas au FMI. » Mais très vite rattrapé par la réalité, il dut se résoudre à faire recours au FMI, le 20 juin 1987, et à placer le Cameroun sous ajustement structurel pendant plus de 20 ans, avec pour conséquence la destruction du tissu économique et social de notre pays qui se poursuit à ce jour.
Deuxième exemple, plus proche de nous : En 2019, les Camerounais sont déçus par les retards des travaux de construction des stades et inquiets quant à la tenue effective de la CAN 2019, compromise par les détournements des deniers publics et la grande corruption. Le président du RDPC, alors Président de la République, déclarait, le 31 mars 2019 : « La CAN 2019 c’est déjà demain, et le Cameroun sera prêt le jour dit. » Puis, de « glissement » en « glissement », c’est finalement en janvier 2022 que la CAN 2019 s’est tenue au Cameroun, avec des infrastructures inachevées à ce jour.

Chers compagnons de lutte,
Le MRC doit demeurer un creuset de l’unité des Camerounais sur le socle d’une histoire politique commune, où les blessures du passé et d’aujourd’hui sont des blessures communes à tous les Camerounais, où les victoires d’hier et d’aujourd’hui sont des victoires communes à tous les Camerounais. Il doit demeurer un laboratoire d’idées innovantes pour l’édification de notre Nation.
La plupart des acteurs politiques de notre pays n’ont cessé de puiser dans nos discours, allocutions, déclarations, analyses ; ils reprennent nos concepts, nos formulations. Nous devons en être fiers, car cela signifie que nous gagnons la bataille des idées, celle qui prépare à notre victoire politique. Pour ce faire, nous devons continuer à combattre le tribalisme, ce fléau absolu qui fait échec aux efforts de développement de notre pays et paralyse la réalisation d’un panafricanisme incarné, effectif, éclairé et stratégique. Dans cette optique, nous devons redynamiser l’Académie de la Renaissance, qui devra enseigner, avec méthode et efficacité, notre corpus doctrinal aux responsables du parti à tous les niveaux. Nous devons continuer à faire connaître les positions de notre parti sur les grandes questions nationales, patiemment, inlassablement, malgré le mépris et les injures.
En dépit de l’acharnement haineux dont nous sommes victimes, nous devons être fiers de faire partie de cette grande nation, à l’histoire exceptionnelle de bravoures et de gloires longtemps occultées ; nous devons être fiers de la cause pour laquelle nous luttons, celle de la justice, du respect de la dignité des citoyens, de la réalisation du progrès partagé de nos populations et du rayonnement international de notre pays.

Chers Amis politiques,
Avant de clore mon propos, je voudrais qu’ensemble nous ayons une pensée affectueuse pour nos prisonniers politiques, otages du régime, authentiques martyrs de la dictature néocoloniale dont les derniers, parmi lesquels les figures emblématiques sont le Professeur Alain FOGUE TEDOM, M. Pascal ZAMBOUE, M. Olivier BIBOU NISSACK, purgent une peine absurde, cruelle, haineuse, de sept ans.
Je prie la présente Convention d’adopter le principe d’une Journée Nationale (annuelle) du Souvenir et d’Hommages à tous les Héros de notre parti, morts ou encore en vie, et de demander au Directoire de la mettre en œuvre.

A tous les autres prisonniers politiques, notamment ceux de la crise anglophone, aux nombreux Camerounais enlevés, brutalisés et souvent torturés à la suite de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier, et dont les plus connus actuellement sont MM. DJEUKAM TCHAMENI et Parfait MVOUM, j’exprime notre sincère compassion.
Il est de l’intérêt de tous que les uns et les autres recouvrent rapidement la liberté ; qu’ils retrouvent leurs familles et essaient, pour ceux qui le peuvent encore, de reconstruire leurs vies saccagées par la méchanceté et la haine. Il est plus que temps de libérer les prisonniers de la crise anglophone et d’engager avec les protagonistes de cette crise qui ravage depuis bientôt dix ans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, un dialogue inclusif, sincère et patriotique pour régler de façon durable ce problème que l’histoire nous a légué.

En cette période postélectorale, le régime a assassiné plusieurs dizaines de Camerounais, pour la plupart des jeunes, dans son projet démentiel de se maintenir au pouvoir éternellement, et fait de nombreux blessés par la même occasion. Une fois de plus, j’exprime aux familles des victimes décédées ainsi qu’aux blessés, ma compassion émue. Je condamne en même temps fermement la destruction des édifices publics ainsi que des biens privés - fruits de nombreuses années d’efforts collectifs et individuels - qui a été causée lors de ces événements.
J’avais tant espéré que notre pays étonnerait le monde en déjouant le pronostic d’une crise post-électorale violente, par l’organisation d’une élection présidentielle transparente, couronnée par des résultats reflétant la vérité intangible des urnes ; notre pays en est capable et notre peuple le mérite. Mais ceux qui croient que le pays et le pouvoir leur appartiennent pour l’éternité en ont décidé autrement, ouvrant au Cameroun un temps d’incertitudes qui fragilise notre pays, alors qu’il a plus que jamais besoin d’attirer des investissements massifs pour offrir des emplois aux jeunes, et essayer de combler ses retards et ses déficits dans presque tous les domaines.

Le régime a réduit les Camerounais à l’extrême pauvreté, afin de les acheter moins cher : quelques litres d’essence par-ci, le plus petit billet de banque par-là, un « pain chargé » ailleurs suffisent à acheter notre dignité, notre colère légitime, notre détresse, notre avenir et celui de nos enfants. Qui sommes-nous, Camerounais ? Que sommes-nous devenus ? Et jusqu’à quand allons-nous faire cela ?
Nous avons usé de tous les versets de la Bible et du Coran pour parler à de gens qui se fichent pas mal de la Bible et du Coran. Nous prions jusqu’à nous écorcher les genoux, et eux fêtent leurs victoires, mascarade électorale après mascarade électorale. Nos cris n’attirent que les balles de leurs fusils, notre sang tapisse les routes poussiéreuses, et on demande à nos corps sans vie : « Que faisiez-vous dans la rue ? » Jusqu’à quand ferons-nous des victimes leurs propres bourreaux ?
La nation camerounaise doit répondre à ce questionnement, sinon elle ne sortira pas de cette spirale infernale qui l’attire vers les abysses.

Mes chers Amis,
Nous devons poursuivre la lutte héroïque de libération de notre pays sur tous les plans. Avec engagement, discipline et détermination. Les sacrifices déjà consentis ne doivent pas avoir été faits pour rien. Chaque bataille politique à venir sera décisive. Désormais nous connaissons encore mieux les ressorts profonds du régime qui règne sur la Cameroun. Il célèbre sa gloire éternelle. L’avenir nous dira !

Vive le MRC !
Vive le Cameroun !