Actualités of Monday, 11 August 2025
Source: www.camerounweb.com
Le président du PCRN conteste la version du ministre de l'Administration territoriale sur les circonstances de son arrivée à la tête du parti
Le président national du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), Cabral Libii, a exercé son droit de réponse lors de l'émission "Actualités Hebdo" diffusée le 10 août 2025 sur la CRTV. Cette intervention fait suite aux déclarations controversées du ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, prononcées le 20 juillet dernier sur la même chaîne.
Lors de son passage télévisé du 20 juillet, Paul Atanga Nji avait revendiqué un rôle déterminant dans l'ascension politique de Cabral Libii. Le ministre avait affirmé être à l'origine de l'« alliance » entre la figure politique et le PCRN, expliquant qu'à l'approche des élections législatives et municipales, Cabral Libii se trouvait sans parti politique et qu'il avait personnellement facilité son intégration au sein du PCRN.
Paul Atanga Nji était allé plus loin en affirmant que, « en tant que tutelle des partis politiques », il disposait de l'« ADN » de ces formations politiques. Il avait également laissé entendre qu'il aurait pu s'opposer à la candidature de Cabral Libii auprès d'Elecam pour la présidentielle du 12 octobre, mais qu'il avait choisi de ne pas le faire.
Face à ces déclarations, le PCRN n'a pas tardé à réagir. Par l'intermédiaire de son vice-président René-Roger Bebe, le parti a officiellement saisi le directeur général de la CRTV, invoquant les dispositions de la loi n°90/052 du 19 décembre 1990 sur la communication sociale au Cameroun.
La requête, structurée en cinq points précis, apporte des clarifications substantielles aux affirmations du ministre et présente une version diamétralement opposée des faits.
Sur la question centrale de son arrivée au PCRN, Cabral Libii réfute catégoriquement la version d'une « alliance » orchestrée par le ministre. Il précise avoir intégré le parti « non pas par le biais d'une alliance, mais à travers une adhésion conforme à la loi », suivie de son élection démocratique à la présidence du parti lors du congrès de Guidiguis, tenu le 11 mai 2019.
Concernant les circonstances de sa rencontre avec Paul Atanga Nji, Cabral Libii apporte une précision importante. Contrairement aux propos du ministre qui affirmait que Cabral Libii « est venu » le voir, ce dernier soutient avoir été invité par le ministre « à l'effet de se faire notifier la lettre portant prise d'acte de son élection à la tête du PCRN ».
Une temporalité significative est soulignée : cette prise d'acte serait intervenue trois mois après la saisine du ministre et coïnciderait avec le passage au Cameroun de Michelle Bachelet, alors présidente du bureau de l'ONU pour les droits de l'homme.
Sur le plan institutionnel, le PCRN conteste fermement l'affirmation de Paul Atanga Nji selon laquelle le ministère de l'Administration territoriale exercerait une tutelle sur les partis politiques. Cabral Libii soutient qu'« aucun texte en vigueur au Cameroun ne place les partis politiques sous la tutelle du ministère de l'Administration territoriale ».
Revenant sur les modalités concrètes de son entrée au PCRN, Cabral Libii précise que celle-ci résulte non d'un « gentleman agreement » comme l'avait suggéré le ministre, mais d'une invitation du secrétaire général d'alors. Cette invitation aurait été motivée par ses performances publiques remarquées, notamment lors de la présidentielle de 2018 et dans divers débats télévisés.
Enfin, concernant les insinuations du ministre sur sa capacité à faire obstacle à la candidature présidentielle de Cabral Libii, ce dernier rappelle un élément juridique crucial : le recours introduit par Kona Robert, l'ancien président du PCRN, contre la décision de la Cour d'appel confirmant sa présidence du parti n'était pas suspensif. Il demeure donc, selon lui, « légalement le président du parti ».
Cette controverse illustre les tensions qui peuvent exister entre le pouvoir exécutif et l'opposition au Cameroun. Elle soulève également des questions importantes sur l'autonomie des partis politiques vis-à-vis de l'administration et sur les mécanismes de reconnaissance et de validation des dirigeants politiques.
Le droit de réponse exercé par Cabral Libii s'inscrit dans une démarche de transparence et de rétablissement de ce qu'il considère comme la vérité des faits, dans un contexte où l'enjeu de crédibilité politique demeure central pour toute formation aspirant à jouer un rôle significatif sur la scène nationale.