Actualités of Wednesday, 19 November 2025

Source: www.camerounweb.com

Remaniement et gouvernement de transition: ça se précise

UN GOUVERNEMENT DE TRANSITION AU CAMEROUN ? Dans une tribune récente, Djeukam Tchameni, figure de l'Union pour le changement, qui a choisi Issa Tchiroma Bakary comme "candidat consensuel de l'opposition" il y a quelques mois, alerte : le Cameroun traverse « la crise électorale la plus grave de son histoire » après le refus de Paul Biya de reconnaître la victoire d’Issa Tchiroma Bakary le 12 octobre 2025. Pour éviter une escalade pouvant toucher tout le pays, il appelle à un dialogue immédiat entre les deux hommes et à une médiation de l’Union africaine, des États-Unis et de la Russie.
Sa proposition phare : mettre en place un Gouvernement d’Union Nationale et de Transition, dirigé par un vice-président ou un Premier ministre doté de pleins pouvoirs, chargé en trois ans de libérer les détenus politiques, réformer l’État, revoir le code électoral et organiser de nouvelles élections
Selon lui, ne rien faire pourrait mener à un cycle de violences, de coups de force et de chaos institutionnel. Il appelle à privilégier le dialogue pour éviter au pays «les désolations de la guerre civile».





SORTIR DE LA CRISE POST-ÉLECTORALE
Mwalimu Djeukam TCHAMENI
Président du MDI
Membre du Présidium de l’UPC2025
Yaoundé le 15 Novembre 2025
Le 12 octobre 2025, les Camerounais dans leur immense majorité ont élu Issa Tchiroma Bakary, Candidat de l’Union pour le Changement (UPC 2025) comme Président de la République.
Le refus du Président sortant d’accepter sa défaite cuisante a plongé le pays dans la crise électorale la plus grave de son histoire. Mal gérée, cette crise pourrait entraîner le pays dans un état de guerre civile larvée qui détruirait les fondements de notre Nation.
Devant l’irresponsabilité des jusqu’au-boutistes tapis dans l’ombre, qui veulent à tout prix s’accrocher au pouvoir malgré leur déculottée électorale, l’Union pour le Changement doit être responsable pour deux.
Pour mieux permettre aux lecteurs de mieux comprendre ce qui va suivre, je souhaiterais déclarer mon identité politique. Je combats le régime néocolonial, dictatorial et hypercentralisé en place depuis 1979 quand il était encore dirigé par Mr Amadou Ahidjo. L’accession au pouvoir de M. Biya n’a nullement atténué mon combat pour un État Souverain, Démocratique au service de la Nation. Depuis 43 ans, j’analyse méthodiquement les faits et gestes de mon adversaire politique et j’étudie avec attention ses silences et ses discours.
J’ai donc appris à bien connaître le président sortant et, contrairement à beaucoup de ses opposants, j’arrive à anticiper avec une clarté de mieux en mieux maîtrisée les prochaines manœuvres.
Comme à l’accoutumée, j’ai lu et relu le discours d’investiture du 6 novembre 2025. Il a quelque chose de spécial :
À quelques détails près, il est probablement la sortie la moins arrogante de Paul BIYA en 43 ans de long règne.
Dans son allocution, il n’affuble pas ses opposants de tous les noms d’oiseaux ; on n’y retrouve nulle part du « qui êtes-vous », « apprentis-sorciers », « vendeurs d’illusions » ;
L’ex-président de la République se contente d’appeler ses adversaires des « vendeurs d’illusions », « politiciens irresponsables », ce qui en comparaison avec les autres qualificatifs, résonne presque comme un compliment.
Voici quelques morceaux choisis du discours du 6 novembre 2025 :
« Je mesure pleinement la gravité de la situation que traverse notre pays. Je mesure la profondeur des frustrations, l’ampleur des attentes... »
« Je voudrais tendre la main à tous et à chacun...j’en appelle donc à l’union sacrée. Joignez-vous à moi pour que nous puissions ensemble, dans la paix et la concorde, relever les formidables défis auxquels notre pays est confronté. Je vous invite tous à prendre part à ce combat salutaire (...) L’heure est désormais au rassemblement. »
La main tendue est toutefois assortie d’une menace à peine voilée :
« Il est de ma responsabilité de veiller à ce que l’ordre soit maintenu. Je peux vous assurer : l’ordre régnera. »
Le reste du discours est sans véritable intérêt.
M. Biya sert à son auditoire un catalogue de promesses creuses, ressassant du réchauffé rarement suivi d’effets, qui n’engagent que ceux qui y croient.
Il faut noter toutefois qu’il évoque la guerre fratricide dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, sans proposer aucune solution.
L’ex-chef de l’État décharge sa fonction de Protecteur de la Nation sur les chefs traditionnels des régions sinistrées :
« J’invite à cet égard les chefs traditionnels, les élites et les forces vives des régions affectées à s’engager plus qu’avant dans la sensibilisation des membres des groupes armés, afin qu’ils saisissent la main tendue du gouvernement et déposent les armes. »
On ne peut pas faire mieux en matière d’irresponsabilité politique.
Il n’est pas moins vrai que la résolution de la crise dans le NOSO et de la crise électorale va nécessiter de tous les protagonistes un « grand sens de responsabilité » pour éviter au Cameroun, les conséquences qui pourraient être dramatiques.
En effet, si la crise post-électorale n’est pas adressée avec intelligence et sagesse, la guerre larvée qui sévit depuis 8 ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest pourrait s’étendre dans l’Adamaoua, le Nord, l’Extrême-Nord, l’Ouest, le Littoral, l’Est et une partie du Centre, particulièrement Yaoundé.
Les politiciens, responsables des deux bords, doivent URGEMMENT entrer en négociation. Un contact direct doit être établi entre M. Issa Tchiroma Bakary, qui détient la légitimité populaire, et M. Paul Biya, qui contrôle les instruments de la violence légale.
Une équipe de l’Union pour le Changement et une équipe du RDPC doivent préparer la rencontre.
Une médiation internationale sous l’égide de l’Union Africaine, accompagnée par les États-Unis et la Russie, doit être initiée.
Des négociations bien menées pourraient déboucher sur un Gouvernement d’Union Nationale et Transition dirigé par un Vice-président ou un premier ministre AVEC LES PLEINS POUVOIRS pour mettre en œuvre en 3 ans les grandes réformes proposées par le Manifeste de la Transition et de la Refondation de l’UPC 2025 :

Libération immédiate et sans condition de tous les détenus politiques de la crise du NOSO et des crises post-électorales de 2018 et 2025.
Tenue des Assises Nationales et des États généraux socio-professionnels.
Révision de la forme de l’État vers un fédéralisme contextualisé.
Légalisation de la double nationalité et intégration de la diaspora.
Modification du code électoral pour le rendre consensuel, transparent et équitable.
Organisation des élections générales à l’issue de la période de transition de 3 ans, y compris une élection présidentielle à deux tours.

Une paix des braves aujourd’hui éviterait à notre cher et beau pays le scénario catastrophique suivant : les partisans de de Issa Tchiroma avec ou sans son accord, créent une branche armée qui lance des opérations de guérilla dans plusieurs régions du pays ; pris de panique, les partisans de Paul BIYA organisent une révolution de palais ou un coup d’État ; une personne sans légitimité populaire prend le pouvoir à Etoudi ; le peuple le rejette ; le conflit s’enlise et se généralise. Après des milliers de morts, des millions de déplacés internes et des milliards de FCFA de pertes pour l’économie, les belligérants s’assoient enfin autour d’une table pour négocier un gouvernement de transition qui aurait dû être formé 10 ans plus tôt...
Que Dieu et les Ancêtres préservent notre pays des désolations de la guerre civile.
Qu’ils inspirent tous ses fils et filles à trouver dans le Dialogue des solutions idéales aux problèmes de l’heure.
Mwalimu Djeukam TCHAMENI
Président du MDI
Membre du Présidium de l’UPC2025