Actualités of Tuesday, 25 November 2025
Source: www.camerounweb.com
Jeune Afrique révèle dans son édition de ce lundi les défis intérieurs auxquels Paul Biya doit faire face pour pacifier son neuvième mandat. Entre la composition d'un gouvernement d'union nationale et la nécessité de calmer les régions contestataires, notamment le Septentrion, le président nonagénaire navigue en eaux troubles.
Remanier pour donner l'illusion du renouveau
Selon Jeune Afrique, "comme après chaque élection présidentielle, un remaniement était en préparation" au moment de la publication de l'enquête. Le magazine révèle l'idée directrice de ce remaniement : "s'ouvrir à l'opposition". Un politologue cité par Jeune Afrique explique : "Le président a besoin d'annoncer qu'il a nommé un gouvernement d'union nationale et de montrer qu'il peut y avoir un renouvellement générationnel."
Jeune Afrique dévoile les noms des potentiels transfuges de l'opposition. "La réponse pourrait venir de Cabral Libii", révèle le magazine. "Le quadragénaire s'est vu proposer d'entrer au gouvernement. La rumeur le dit partant si le portefeuille est alléchant." Cette information exclusive montre que les négociations avec l'opposition vont au-delà des simples promesses électorales.
Le magazine révèle également que "Bello Bouba Maïgari, 78 ans, devrait quant à lui sauver sa place : une manière pour Paul Biya de donner des gages au Septentrion". Le maintien de cet ancien Premier ministre originaire du Nord, comme Issa Tchiroma Bakary, constituerait un signal d'apaisement vers cette région contestataire.
La question Ferdinand Ngoh Ngoh
Jeune Afrique aborde la question la plus sensible du remaniement : le sort de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence. "Depuis plusieurs années, Ferdinand Ngoh Ngoh est accusé par nombre de Camerounais de confisquer le pouvoir", note le magazine. La question explosive est posée : "Biya irait-il jusqu'à le sacrifier pour pacifier son mandat ?"
Le magazine souligne que "compte tenu de l'influence de l'intéressé, cela serait un coup de tonnerre". Jeune Afrique révèle que "Ngoh Ngoh ne manque pas d'ennemis, lui-même en est conscient". Cette information suggère que le tout-puissant SGPR est conscient de sa vulnérabilité dans le contexte post-électoral tendu.
Cependant, le magazine note que "le maintenir à son poste officieux de vice-président reviendrait à le conforter dans les ambitions qu'on lui prête". Cette révélation confirme que Ferdinand Ngoh Ngoh est perçu comme un successeur potentiel de Paul Biya, ce qui complique toute décision le concernant.
Séduire la société civile et les transfuges
Jeune Afrique révèle que les "équipes de Biya tentent d'attirer des membres de la société civile et d'anciens soutiens de Tchiroma Bakary". Cette information montre l'ampleur de l'offensive de séduction menée par le pouvoir pour isoler Issa Tchiroma et présenter un visage renouvelé.
Le magazine note que "le nom de Joshua Osih circule également du côté des anglophones", illustrant la volonté du président de donner des gages aux régions en crise. Une "ouverture réussie serait de nature à apaiser les tensions, au moins provisoirement", analyse Jeune Afrique.
Jeune Afrique révèle que "l'éventualité d'une révolte dans les régions du nord du pays agite par-dessus tout Paul Biya". Cette crainte n'est pas nouvelle : le magazine rappelle que le président "vit dans cette crainte depuis la tentative de putsch menée contre lui par des partisans de son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo, en 1984".
La situation actuelle est particulièrement délicate car "Issa Tchiroma Bakary incarne aujourd'hui l'espoir du Septentrion de revenir aux affaires", note Jeune Afrique. Le magazine recueille l'analyse d'un opposant : "Les blessures nées du 12 octobre, liées au sentiment que la victoire a été volée à Tchiroma, mettront du temps à cicatriser."
Jeune Afrique dévoile la stratégie de Yaoundé pour apaiser le Septentrion : "Les stratèges de Yaoundé s'attèlent à mettre sur pied un plan de développement axé sur la relance de grands travaux promis depuis des décennies, comme la ligne de chemin de fer vers le Tchad." Une source à la présidence citée par le magazine explique : "Les Nordistes veulent des infrastructures. La réponse doit être de cet ordre."
Cependant, Jeune Afrique recueille le scepticisme d'un proche de l'opposition : "Ce ne serait pas la première fois que Biya parlerait d'un plan de redressement du Grand Nord. Et puis, qu'est-ce qui empêcherait qu'une nouvelle enveloppe de plusieurs milliards [de francs CFA] soit détournée, comme l'ont été les précédentes ?"
Le magazine révèle un constat accablant fait par ce même opposant : "On sait, en particulier dans le Septentrion, ce que deviennent les promesses électorales. Biya a beaucoup promis en 2018, et il a fait campagne sur les mêmes promesses en 2025. Il y a un gros problème de confiance."
Cette citation exclusive de Jeune Afrique met en lumière le défi majeur auquel Paul Biya est confronté : comment convaincre une région qui ne croit plus à ses promesses ? Le remaniement ministériel, le maintien de Bello Bouba Maïgari et "l'attribution de postes à des 'nordistes' ne suffiront pas", prévient le magazine.
Jeune Afrique souligne la difficulté de la tâche : "Comment faire face à cette situation ?" alors que le Septentrion a massivement voté pour Tchiroma Bakary, exprimant ainsi son rejet du pouvoir central. Le magazine rappelle que même Cavayé Yéguié Djibril, 85 ans, président de l'Assemblée nationale et "pilier" de l'Extrême-Nord, "n'a pas réussi à empêcher sa région de voter massivement pour Tchiroma Bakary à la présidentielle".
Cette révélation illustre l'ampleur de la contestation dans le Septentrion, qui dépasse les clivages politiques traditionnels et même l'influence des barons locaux du RDPC. Paul Biya se trouve face à un défi inédit : reconquérir une région qui a clairement exprimé son désir de changement.
Les révélations de Jeune Afrique montrent que le président camerounais mise sur une double stratégie : un remaniement d'ouverture pour donner l'illusion du renouveau, et des promesses de développement pour calmer le Septentrion. Mais le magazine est dubitatif sur l'efficacité de ces recettes éprouvées face à un rejet aussi profond du pouvoir en place.