Actualités of Thursday, 23 October 2025
Source: www.camerounweb.com
Le professeur Jean Calvin Aba’a Oyono a été refoulé par les services de sécurité de l’aéroport de Garoua, alors qu’il venait pour une rencontre avec Issa Tchiroma Bakary.
Selon nos informations, les forces de sécurité lui ont interdit de débarquer et l’ont immédiatement pris en charge.
Quelques heures après l'incident, l'éminent constitutionaliste brise le silence et met en garde le régime Biya:
"Notre pays, le Cameroun, par l’effet du zèle des agents publics tapis dans l’ombre, est une dictature d’une échelle inclassable. La scène surréaliste à laquelle je viens d’être confrontée en est la preuve manifeste.
Mes activités politiques me conduisent ce jour, 22 Octobre 2025, à embarquer dans le vol CAMAIR-CO en partance pour Garoua. Il est clairement question d’aller à la rencontre du président ISSA TCHIROMA BAKARY en vue des séances de travail que nous menons depuis 2 mois.
À mon arrivée à l’aéroport, je suis poliment et discrètement approché par un responsable de la police nationale qui me signifie avoir reçu l’ordre verbal venant de Yaoundé pour un retour immédiat dans le même vol. L’échange téléphonique qu’il a en ma présence atteste de sa posture de simple exécutant d’un ordre manifestement illégal. Je choisis délibérément de me plier à l’injonction alors même que la possibilité de faire du bruit aurait alerté les populations de Garoua déjà en furie contre ce système gouvernant.
L’opportunité m’est ce faisant offerte d’attirer l’attention de l’opinion sur le fait que nous avons en face de nous, et pour des simples besoins de maintien à tous les prix au pouvoir, une poignée d’individus qui n’ont aucun égard à l’égard des droits fondamentaux alloués aux citoyens par la Constitution. La liberté d’aller et de venir ainsi que la sécurité juridique, pour ne citer que ces prérogatives, y sont fixées au titre des « droits inaliénables et sacrés ». La Constitution apparaît dès lors comme un chiffon de papier dans cette dynamique d’assouvir des élans purement pouvoiristes.
La leçon qu’un libre penseur peut en tirer, arc-bouté à l’impératif de tourner la page de ce pouvoir inutile, qui a la caractéristique d’avoir sacrifié des générations et des générations, est que nous n’avons pas encore pris la mesure de ce que le Cameroun est une prison à ciel ouvert. Face à la brutalité ambiante et savamment entretenue, ma liberté est fondamentalement non négociable.
La méthode de gouvernement fondée sur la peur, et notamment articulée autour de l’embastillement et des assassinats coutumiers, ne suffira jamais à ébranler mon irréversible détermination à combattre ce régime pour le bien des plus jeunes générations. Qu’il soit clairement entendu que l’on répond à la brutalité par une brutalité plus intense".