Des figures du MRC rejoignent le leader du FSNC, qui organise la contre-offensive dans les bastions de l'opposant écarté
Issa Tchiroma Bakary mène une offensive tous azimuts dans la région de l'Ouest pour capter l'électorat orphelin de Maurice Kamto. Selon des informations exclusives révélées par Jeune Afrique, le leader du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) a réussi à attirer dans son camp plusieurs soutiens de l'ancien enseignant de droit, dont la candidature a été invalidée par le Conseil constitutionnel.
Le 24 septembre dernier, Issa Tchiroma Bakary a tenu un meeting très couru dans la capitale régionale de l'Ouest, Bafoussam. Jeune Afrique révèle que lors de cet événement, le candidat a été rejoint sur scène par des visages connus de la sphère politique camerounaise : Anicet Ekane, leader du Manidem qui avait investi Maurice Kamto lors de précédentes échéances, ainsi que son conseiller, Aba'a Oyono.
Ces ralliements symboliques témoignent d'une stratégie délibérée de Tchiroma Bakary : surfer sur les plates-bandes de Maurice Kamto pour recueillir le maximum de voix dans ses anciens bastions, rapporte le magazine panafricain.
L'élimination de Maurice Kamto a créé une opportunée inespérée pour les candidats de l'opposition. Selon l'analyse de Jeune Afrique, durant les sept dernières années, la lutte politique dans la région de l'Ouest opposait principalement le RDPC au Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Avec l'absence du leader du MRC, cette dynamique s'est brutalement interrompue, ouvrant un espace politique que plusieurs candidats tentent désormais d'occuper.
Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de la Communication de Paul Biya passé dans l'opposition, s'est positionné comme le principal héritier politique de Maurice Kamto dans la région. Sa proximité idéologique avec certaines thématiques du MRC et son discours anti-système lui permettent de séduire une partie de l'électorat déçu par l'invalidation de leur champion.
Face à cette offensive, le parti au pouvoir ne cache pas son inquiétude. Jeune Afrique rapporte que lors du meeting du RDPC à Bafoussam le 6 octobre, Jean Nkuete, secrétaire général du comité central et patron de la campagne de Paul Biya, a directement attaqué ses rivaux en questionnant leur crédibilité : « Quelle crédibilité accorder à des individus qui pourfendent un bilan dont ils sont comptables ? »
Le magazine panafricain révèle également que malgré sa victoire officielle à la présidentielle de 2018 dans l'Ouest avec 48,19 % des voix contre 30,56 % pour Maurice Kamto, le RDPC se refuse à se présenter en vainqueur d'office en 2025. Le parti au pouvoir multiplie les démonstrations de force, conscient que la fragmentation de l'opposition pourrait aussi bien jouer en sa faveur qu'offrir une opportunité aux outsiders comme Tchiroma Bakary.
Jeune Afrique pointe un autre élément qui pourrait fragiliser le parti au pouvoir : les rivalités internes à l'approche des élections locales prévues en février 2026. Ces conflits se sont intensifiés au point de menacer l'engagement de certains membres sur le terrain pour la présidentielle.
Interrogé par le magazine, Nji Komidor Njimoluh, patron du RDPC dans la région, relativise l'impact de ces tensions : « Il s'agit davantage de guerres d'ego dans lesquelles chacun veut se présenter comme celui qui défend le mieux les intérêts du parti. C'est à l'avantage de notre parti, car chacun rivalise désormais d'ingéniosité pour obtenir la victoire finale. »
La question reste posée : Issa Tchiroma Bakary bénéficiera-t-il suffisamment de la personnalité d'Anicet Ekane et de certains soutiens du MRC pour créer la surprise dans l'Ouest ? Ou le RDPC sortira-t-il une nouvelle fois gagnant, profitant de la fragmentation de l'opposition ? Les réponses tomberont le 12 octobre prochain.