Actualités of Tuesday, 30 September 2025

Source: www.camerounweb.com

REVELATION: Les coulisses de la guerre entre Tchiroma et Bouba Maïgari

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Présidentielle au Cameroun : comment la rivalité personnelle entre Tchiroma Bakary et Bouba Maïgari a tué l'espoir d'une opposition unie

Jeune Afrique dévoile les dessous d'une guerre larvée entre les deux barons du Nord qui a fait capoter toutes les tentatives de coalition. Des décennies d'animosité personnelle ont eu raison de l'intérêt général.


Derrière l'échec retentissant de l'union de l'opposition camerounaise se cache une histoire personnelle que Jeune Afrique révèle aujourd'hui : Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari "ne s'apprécient guère, et ce, depuis des décennies". Cette animosité profonde et ancienne a transformé ce qui aurait dû être des négociations stratégiques en une "guerre larvée", selon les termes de Jeune Afrique.


Alors que la société civile, les intellectuels et de nombreux citoyens multipliaient les tribunes, les lettres ouvertes et les intermédiations pour rapprocher les deux ex-ministres issus du septentrion, leurs ego respectifs ont rendu tout compromis impossible. Jeune Afrique révèle que malgré la conviction partagée qu'"une coalition était la seule manière de battre Paul Biya", les deux hommes ont préféré maintenir leurs positions antagonistes.
Le résultat est édifiant : deux candidats "consensuels" se présentent face à face, chacun à la tête de sa propre coalition, annulant de facto tout espoir de peser véritablement dans le scrutin.


Les révélations de Jeune Afrique montrent comment cette rivalité s'est matérialisée. Le 13 septembre, l'Union pour le changement (UPC) a désigné Issa Tchiroma Bakary comme "candidat consensuel", provoquant immédiatement les protestations de l'UNDP de Bello Bouba Maïgari. Ce dernier, refusant de s'incliner, a riposté en arrachant le 28 septembre le ralliement d'Akere Muna, pourtant en négociation avec Tchiroma Bakary.
Ce ping-pong de ralliements illustre parfaitement comment les deux hommes ont préféré se livrer à une compétition fratricide plutôt que de s'entendre pour une cause commune.


Jeune Afrique révèle également le rôle ambigu joué par Maurice Kamto dans cette débâcle. Alors que "beaucoup le voyaient dans un rôle d'arbitre" capable de faire "définitivement pencher la balance" en faveur de l'un des deux prétendants du Nord, le leader du MRC a "choisi de s'abstenir de donner une consigne de vote".
Cette neutralité, qui peut s'interpréter comme une prudence tactique, a privé l'opposition d'un possible effet d'entraînement. Sans le poids électoral de Kamto clairement engagé derrière l'un des deux candidats, aucune dynamique suffisante n'a pu se créer.


Les coulisses révélées par Jeune Afrique montrent l'ampleur des tensions générées par ces tractations. Le ralliement d'Akere Muna à Bello Bouba Maïgari a provoqué un séisme : le controversé Abel Elimbi Lobe lui a immédiatement retiré son soutien, tandis que Prosper Nkou Mvondo, président du parti Univers, a mis sa menace à exécution en le lâchant publiquement.

Ces défections en cascade illustrent la fragilité des alliances construites sur le sable des ambitions personnelles plutôt que sur le roc d'un projet politique commun.


Au final, comme le constate Jeune Afrique, le projet de "candidature consensuelle" porté par le groupe de Douala après l'échec de celui de Foumban "n'est plus". Les deux coalitions concurrentes formées autour de Tchiroma Bakary et Bouba Maïgari, loin de représenter une force, constituent désormais la preuve de l'incapacité de l'opposition camerounaise à dépasser les querelles de personnes.

Cette guerre entre deux hommes qui refusent de se parler depuis des décennies aura peut-être coûté à l'opposition camerounaise sa meilleure chance de battre Paul Biya. Une occasion historique gâchée par des rancœurs personnelles que même l'intérêt supérieur du changement n'aura pas réussi à apaiser.

Issa Tchiroma Bakary semble désormais avoir acté l'échec des négociations. Jeune Afrique rapporte qu'il considère désormais que "l'insistance sur une alliance à tout prix pouvait être contre-productive" et concentre ses espoirs sur le Conseil constitutionnel pour "faire éclater la vérité des urnes".